Magazine
Les époux Kirchner, étendards frétillants du Péroniste déliquescent, sont très mal vus en ce moment en Argentine. La crise politique les opposant au lobbying agricole a montré ces derniers mois leur inaptitude à négocier et s’est terminé par un revers cuisant.
Le 11 mars, le ministre de l’économie Martin Lousteau présentait une loi pour augmenter la taxe de 35% à 45% sur les exportations des céréales, qui est le secteur le plus dynamique de l’économie argentine. Cette taxe devait s’ajuster en fonction de la hausse des cours mondiaux des céréales pour ainsi rapporter plus de 2 400 millions de dollars par an à l’Etat. Il s’agit en réalité d’une loi préparée par Nestor Kirchner, qui avait déjà eu recours à l’augmentation de cette taxe avant de quitter le pouvoir, sans que personne ne s’en émeuve. Le couple présidentiel est donc attaché à cette loi.
La loi est importante pour les Kirchner car le gouvernement a besoin de plus de liquidité pour rembourser la dette et contenir la pauvreté grâce à ses plans d’aides sociaux qui maintiennent la popularité du couple K. Le gouvernement se tourne donc vers le secteur le plus rentable du pays : l’exportation de céréales (L’Argentine est le 2ème exportateur de maïs, le 3ème de soja et le 5ème de blé) d’autant plus que les bénéfices que dégage l’exportation agricole ne sont pas réinvestit dans le pays, mais placés à l’étranger. La poule aux œufs d’or ne peut pas échapper plus longtemps à un gouvernement qui en a terriblement besoin.
Du côté du lobby agricole formé de syndicats d’agriculteurs ( F.A.A., La Sociedad rural Argentina, la CONINAGRO), on dénonce une mesure antiéconomique, une extorsion et une baisse de rentabilité pour les producteurs. Bien entendu, le lobby agricole, ce n’est pas le paysan del Noreste, mais des grandes structures concentrées qui se sont enrichie avec la culture du soja transgénique. L’opposition est simple : Gros riches contre grands pauvres, c’est le beurre du discours populiste du couple K. Le discours officiel va s’articuler sur une idée très simple, « Prendre de l’argent là où il y en a pour aider le pays » ; Et il ne va pas changer tout au long de l’affrontement qui opposera le gouvernement au lobby agricole. Contester cette taxe reviend à refuser d’aider le pays et Cristina radicalise très vite son discours en dénonçant ceux qui sont contre les progrès du pays, contre les citoyens qui l’on élus, contre les pauvres nécessiteux et contre la démocratie. Cette fois ci, ses harangues n’emballent personne ; L’opinion publique est favorable à son « campo » et les gens défileront aux côtés des producteurs.
Comme de coutume, chacun des deux partis appellent à de grandes manifestations de soutien et les « piqueteros » réinvestissent les rues… Les agriculteurs se mettent en grève, les routiers suivent le mouvement, un semblant de pénurie alimentaire commence dans les supermarchés tandis qu’on exporte les stocks jusqu’aux derniers grains.
Finalement, la loi sera rejetée par le sénat, les partisans péroniste de la présidente ayant senti que le vent tourné et qu’il valait mieux enrailler l’engrenage. La taxe reste à 35% et la présidente a perdu ses alliés radicaux et le soutien de l’opinion publique. Certains diront qu’on a assisté à un approfondissement du processus démocratique en Argentine car la loi a été débattue et modifiée par les députés, pour être enfin refusée par les sénateurs. On peut croire que les institutions ont montré les limites du pouvoir de la présidente. A mon humble avis, on a pas assisté à des débats politiques mais à des tribunes dans la rue, on a pas vu de gouvernement faisant de la politique, en expliquant et négociant son projet, mais un gouvernement avide de pouvoir et de courte vue, voulant soumettre l’opposition.
Ce qu’on peut reconnaître en revanche, c’est que l’engrenage a été stoppé avec le rejet du Sénat et ce qu’il pouvait advenir de mieux à la présidente qui a encore la chance de remonter en selle.
A suivre…