Ah, la retraite ! Ce doux rêve que l'on caresse après des décennies à trimer. Sauf qu'en France, ce rêve devient de plus en plus une illusion. Et qui nous le prouve encore ? Notre Premier ministre, bien sûr, avec sa dernière idée pour pallier la pénurie d'enseignants : faire appel aux profs retraités. Oui, vous avez bien entendu ! Après avoir repoussé l'âge de départ à la retraite, voilà qu'on nous demande carrément de revenir bosser une fois qu'on y est enfin parvenu. Ironique, non ?
L'appel désespéré aux retraités : un plan en béton... ou pas
Dans son discours de politique générale, le Premier ministre a balancé sa solution miracle comme une évidence.
" Solliciter plus et mieux les profs retraités ",
qu'il dit.
Mais soyons sérieux deux minutes : qui aurait envie de retourner en classe après cinq, dix ou même vingt ans de retraite ? Ces profs qui ont passé des décennies à gérer des classes surchargées, des réformes absurdes et un salaire qui ne fait même pas rêver un stagiaire... Non, il faut vraiment être hors du système depuis longtemps pour oser penser que c'est une bonne idée.
Et voilà que notre cher Premier ministre, qui a lui-même fait un come-back après 20 ans de retraite (et sans doute quelques parties de golf tranquilles), veut que les enseignants suivent son exemple. Parce que, apparemment, bosser jusqu'à la mort, c'est devenu le projet.
Pourquoi recruter quand on peut recycler ?
Bien sûr, au lieu de se poser les vraies questions - pourquoi n'arrive-t-on plus à recruter ? pourquoi personne ne veut devenir prof aujourd'hui ? - on préfère ressortir les vieux manuels de gestion des ressources humaines des années 70 et dire : "Allez, faites revenir les retraités !"
Mais franchement, ce n'est pas un hasard si personne ne veut devenir prof aujourd'hui. Entre les salaires misérables, le manque de respect total des élèves et des parents, et les conditions de travail déplorables, c'est un peu comme demander à quelqu'un de se jeter dans une fosse pleine de lions affamés. Et que fait-on face à ce problème systémique ? On appelle les anciens pour combler les trous. Brillant.
Les retraités, nouvelle force de travail ?
Ce qui est encore plus cynique dans cette histoire, c'est la vision sous-jacente qu'a le gouvernement de la retraite. Parce qu'à force de nous sortir ce genre d'idées, on commence à se demander si la retraite est encore considérée comme un droit légitime, ou juste un moment temporaire de répit avant de repartir au front. Pas étonnant que le mot retraite devienne un tabou dans la bouche de nos politiques.
Alors, que ce soit pour les profs ou les médecins, même rengaine : on n'a pas assez de nouveaux talents ? Pas de souci, on ressort les anciens, comme des objets de collection. Mais désolé de vous dire ça, Monsieur le Premier ministre, tout le monde n'a pas votre motivation post-retraite. Certains veulent juste profiter de leur repos bien mérité.
Et les jeunes qui voudraient travailler, on en fait quoi ?
Il y a des jeunes, prêts à travailler, qui ne demandent qu'une chose : qu'on leur donne une chance. Le problème, c'est que tant qu'on fait appel aux retraités, on bloque des places qui pourraient être occupées par la nouvelle génération. Les jeunes ne manquent pas de motivation ni d'envie, mais ils se heurtent à un marché du travail figé, où les anciens sont rappelés à la rescousse. Les jeunes arrivent diplômés, bardés de diplômes et d'expériences mais la seule perspective est d'attendre qu'un vieux parte ou meurt pour avoir un job intéressant... Les vieux doivent partir, laisser leur place pour que les jeunes puissent enfin prendre le relais. Sinon, comment espérer une relève dynamique et compétente dans les prochaines années ?
Ce qui nous attend
Et puis, soyons honnêtes, combien de profs retraités vont réellement se porter volontaires pour replonger dans l'enfer du quotidien scolaire ? Entre les classes qui explosent, les programmes sans queue ni tête et les réformes qui changent plus vite que la météo, ils seraient bien courageux de vouloir retourner dans cette galère. Il n'y a qu'à demander aux syndicats ce qu'ils en pensent : ils ne sont pas dupes. Cette solution, c'est comme coller un bout de scotch sur une fuite d'eau. Ça ne tiendra pas longtemps.
Alors, à quand une véritable réflexion sur le métier d'enseignant, avec des salaires décents, des conditions de travail respectueuses et une vraie valorisation ? Peut-être qu'à ce moment-là, les jeunes générations auront envie de prendre le relais. Mais en attendant, les retraités, eux, rêvent probablement d'autre chose que de se retrouver à nouveau devant un tableau noir.
La retraite, c'est pour les autres
Si l'on suit la logique du gouvernement, la retraite n'est plus un droit mais une étape à durée déterminée. On en profite un peu, puis on reprend du service. Et qui sait ? Peut-être que dans quelques années, on vous proposera de revenir dans votre ancienne boîte pour "aider" lors des pics d'activité. Après tout, la retraite, c'est pour les faibles, non ?
Alors, si vous êtes un prof retraité et que vous recevez un petit coup de fil du ministère pour "revenir donner un coup de main", n'oubliez pas : vous avez encore le droit de dire non.
Angry Mum, maman active, maman geek et toujours à l'écoute d'Internet... Elle adore les vacances mais pas toujours les vacances scolaires ! Blogueuse depuis 2013. S'abonner à Angry Mum sur Google News