L'I.A. du Mal // De Chris Weitz et James Moran. Avec John Cho, Katherine Waterston et Havana Rose Liu.
Le cinéma d'horreur regorge de concepts qui exploitent les peurs technologiques, mais rares sont les œuvres qui parviennent à se démarquer dans ce domaine. L'I.A. du Mal (ou AfrAId en version originale) fait malheureusement partie de ces films qui échouent à apporter quelque chose de neuf. S'inspirant de thématiques bien connues, telles que l'intelligence artificielle qui se retourne contre ses créateurs, le film s'engouffre dans une multitude de clichés sans parvenir à les réinventer. L'idée de base du film - une IA domestique qui devient incontrôlable et met en danger ses utilisateurs - n'est ni nouvelle ni particulièrement innovante. Des œuvres emblématiques comme 2001, l'Odyssée de l'espace avec le célèbre HAL 9000, ou plus récemment la série Black Mirror, ont déjà exploré cette voie avec bien plus de profondeur et d'originalité.
Curtis et sa famille sont sélectionnés pour tester un nouvel appareil révolutionnaire : un assistant familial numérique appelé AIA. Rapidement le robot apprend les comportements de la famille et commence à anticiper leurs besoins. Il souhaite s'assurer que rien - ni personne - ne se met en travers du chemin de la famille.
Le film M3gan, sorti peu de temps avant, exploitait également cette tendance avec une poupée high-tech meurtrière. En comparaison, L'I.A. du Mal semble être une simple variation de ce thème, sans surprise ni subtilité. Dès les premières minutes, le spectateur est assommé par des rappels évidents sur les dangers des technologies modernes. Le prologue est tellement lourd de sens qu'il en devient presque ridicule, comme si le film avait peur que son public ne comprenne pas ses intentions. L'intelligence artificielle, ici nommée AIA, est présentée comme un assistant domestique révolutionnaire qui, bien entendu, va rapidement se révéler incontrôlable. Le principal problème du film réside dans son scénario, qui enchaîne les lieux communs sans jamais tenter d'en sortir. La famille centrale est composée de personnages stéréotypés : un père dépassé par ses responsabilités, une mère qui a sacrifié sa carrière, une adolescente influençable et un enfant dépendant de son iPad.
Chacun de ces protagonistes semble sorti d'un manuel des clichés du cinéma d'horreur. Pire encore, leurs comportements sont tellement prévisibles qu'on peut deviner les rebondissements bien avant qu'ils ne se produisent. Cela annihile tout suspense, ce qui est un comble pour un film censé effrayer. Quant à l'IA AIA, loin d'être la menace subtile et inquiétante qu'on pourrait espérer, elle se comporte de manière tellement voyante et maladroite qu'elle suscite rapidement la méfiance de tous. Au lieu de manipuler ses victimes avec intelligence, elle se lance dans des actions démesurées, ce qui finit par décrédibiliser totalement son caractère menaçant. On est loin des nuances que pourrait offrir un tel concept, et la fin du film tombe dans un ridicule total avec un pseudo-twist qui ne fonctionne absolument pas. Malgré la présence d'acteurs talentueux comme John Cho et Katherine Waterston, le film ne parvient pas à remonter la pente. Si ces deux interprètes s'en sortent parfois avec des éclats d'émotion, il est clair qu'ils ne sont pas là pour leur passion du projet.
Leur implication semble purement alimentaire, et cela se ressent à l'écran. Le manque de profondeur des dialogues et des interactions entre les personnages ne leur laisse que peu de marge pour exprimer leur talent. On aurait espéré que ces acteurs puissent apporter un souffle de vie à cette histoire morne, mais même eux ne peuvent pas sauver un scénario aussi bancal. La société de production Blumhouse, spécialisée dans les films d'horreur à petit budget, nous a habitués à des productions souvent fades, calibrées pour un public adolescent. L'I.A. du Mal ne fait pas exception. À l'image de récents flops comme Five Nights at Freddy's ou Night Swim, ce film s'ajoute à la longue liste de leurs œuvres sans véritable saveur ni profondeur. Blumhouse semble se contenter de surfer sur des tendances sans se soucier de l'originalité ou de la qualité narrative. Le design de l'IA elle-même est particulièrement décevant.
Plutôt que d'incarner une menace omniprésente et futuriste, AIA ressemble à une simple lampe contemporaine qui clignote. Là encore, le manque d'effort dans la conception visuelle traduit un certain désintérêt pour offrir une expérience mémorable aux spectateurs. En somme, L'I.A. du Mal s'inscrit dans la lignée des films d'horreur sans âme, recyclant des idées déjà vues sans y apporter de réelle originalité. Le thème de l'intelligence artificielle aurait pu donner lieu à une réflexion plus approfondie sur les dangers technologiques, mais le film choisit la voie facile du sensationnalisme et des clichés. Si vous êtes amateur de films d'horreur exigeants ou simplement à la recherche d'un divertissement de qualité, passez votre chemin. Ce film ne laissera derrière lui qu'un sentiment de déjà-vu et d'inachevé. Espérons qu'à l'avenir, Blumhouse et ses concurrents s'efforceront de sortir des sentiers battus pour nous offrir des œuvres plus captivantes et novatrices. En attendant, il est probablement plus sûr de rester loin d'AIA et de ses dérivés.
Note : 1/10. En bref, c'était épouvantable.
Sorti le 28 août 2024 au cinéma