Génération Skyblog

Publié le 04 octobre 2024 par Polinacide @polinacide

Qui se souvient encore de Skyblog ? Voilà une question qui mérite d’être posée plus d’un an après la fermeture de la plateforme lancée en 2002 par Skyrock, à l’heure même où la nostalgie pour les années 2000 bat son plein. Les ados d’aujourd’hui se demandent sûrement quel intérêt nous pouvions bien lui trouver, tant en termes de design que de contenu. Il faut se l’avouer : les Skyblogs étaient tout de même particulièrement moches, à commencer par leurs couleurs criardes qui piquaient déjà les yeux à l’époque. C’est dire…

La teneur des textes ne cassait pas non plus trois pattes à un canard : rien de plus banal qu’un journal intime en ligne, où les bloggers partageaient leurs photos, leurs souvenirs et s’exprimaient sur les sujets de leurs choix. Pas de ligne rédactionnelle en tant que telle, encore moins d’auto-promotion savamment construite : juste un espace de liberté servant de cour de récréation à ceux qui souhaitaient y vider leur sac, ou faire preuve de créativité. Et ils furent nombreux, au point que Skyblog est devenu le 17ème site mondial en 2007. A l’avant-garde des réseaux sociaux tels qu’on les connait aujourd’hui. « Vous étiez les pionniers d’un mode de communication et d’échange collectif qui allait changer nos sociétés. Vous avez inventé l’intimité partagée » écrit Pierre Bellanger, le président de Skyrock, sur la page de garde de l’ancienne plateforme en guise d’adieux.

En effet, Skyblog est apparu en plein âge d’or du Web, proposant un format que l’on rencontre désormais de moins en moins au profit de comptes Instagram ou d’autres services qui font aussi très bien le job. En plus court et plus agressif, sans doute. Skyblog, c’était aussi le temps des premiers « lol », des « MDR », et autres anglicismes accompagnés du florilège linguistique bien propre aux chat rooms et forums de discussion. « Lâche tes commmzzz ! », « Ici T libre ! » : leur simple souvenir suffit aujourd’hui à esquisser un sourire, idéalisant notre propre passé au présent. Par pure nostalgie de ces « premières fois » imparfaites et un peu brouillonnes, qui seront quoi qu’on en dise à jamais « so 2000 ».

Les blogs sont aujourd’hui sauvegardés par l’Institut National de l’Audiovisuel (INA) et la Bibliothèque Nationale de France (BNF).

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