D'où viennent toutes les guerres et pourquoi se comportent-ils comme " des atomes intelligents, ayant si peu de matière et paraissant tout esprit " " un assemblage de fous, de méchants et de malheureux " ? La question, hélas de sinistre actualité, est posée une fois de plus par Voltaire qui s'interroge souvent sur la guerre comme dans un chapitre fameux de son " Candide " ou un article de son " Dictionnaire philosophique ".
Dans le petit conte " Micromégas ", il imagine le passage sur la Terre de deux géants qui voyagent dans l'espace et qui s'émerveillent d'abord de ce petit globe perdu dans l'immensité. L'occasion leur est donnée bien évidemment de rencontrer des hommes et d'assister au spectacle de la guerre qu'ils ne comprennent pas. Ils demandent alors " naïvement " des explications à un philosophe qui leur répond de la façon suivante : " Nous avons plus de matière qu'il ne nous en faut pour faire beaucoup de mal, si le mal vient de la matière, et trop d'esprit si le mal vient de l'esprit. Savez-vous bien par exemple qu'à l'heure que je vous parle, il y a cent mille fous de notre espèce, couverts de chapeaux qui tuent cent mille autres animaux couverts d'un turban, ou qui sont massacrés par eux ? "
La guerre serait-elle un mal nécessaire lié l'imparfaite nature humaine ? Par le truchement de son philosophe, Voltaire invoque une autre raison qui, elle aussi fait écho aux guerres d'aujourd'hui : " Il s'agit de quelques tas de boue grands comme votre talon. " La revendication des terres déchaîne en effet chez les dirigeants une folie picrocholienne pour reprendre un terme cher à Rabelais. Pas moins que l'enragé Picrochole dans " Gargantua ", les " barbares sédentaires qui du fond de leur cabinet ordonnent le massacre d'un million d'hommes " ne méritent le respect des voyageurs stellaires qui pourraient bien aussi se demander pourquoi tous ces dirigeants ne conjuguent pas leurs efforts à sauver une planète que l'homme a mis en piteux état, au lieu de la détruire tous les jours un peu davantage...