Je l'ai surconsommé, le surconsomme encore, l'ai étudié, en fût diplômé, y ai travaillé, en fût récompensé et en suis sorti. Mais le cinéma n'est jamais sorti de moi. Ne le sera jamais.
Je vous parles d'un film qui m'a charmé par son histoire, son thème, son inventivité, son audace, sa réalisation, sa cinématographie, sa mise en scène, ses interprètes, bref je vous parles d'un film dont j'ai aimé pas mal tous les choix. Presque 100% tiré de ma collection personnelle de DVD.
AMERICAN PSYCHO de Mary Harron.
Le roman de Brett Easton Ellis est un livre de type "flux de pensées" où on navigue dans la tête de Patrick Bateman, homme d'affaires horriblement superficiel de 1987. Ellis avait été déçu de l'adaptation précédente de son livre Less Than Zero et considérait American Psycho, infilmable. Il a quand même tendu l'oreille quand Johnny Depp s'est montré intéressé à incarner Bateman adapté en film. Après que les droits de son livre eurent été achetés par un producteur, Ellis a signé une adaptation pour le réalisateur Stuart Gordon. Ce dernier a dit que l'adaptation était inconvenable, s'est retiré.
David Cronenberg s'est alors intéressé avec Brad Pitt qui montrait aussi de l'intérêt. Ellis a donc remodelé un script, mais, relativement contre les envies de Cronenberg, lui a offert une version grotesque qui était complètement autre chose que le livre avec un scène finale musicale montrant Barry Manilow chantant Daybreak au sommet du World Trade Center. Cronenberg a trouvé immature, a demandé à Norman Snider de faire mieux, mais la version de Snider allait être plus désagréable à ses yeux, Cronenberg (et Pitt) se sont retirés. Mais on allait garder Toronto déguisé en NY. Qui était beaucoup moins coûteux dans les frais de productions.
Le film est très drôle. Parce que grotesque. Notre rapport au grotesque a beaucoup changé depuis tout ce qu'on a accepté de Donald Trump. Le film gagne à ce niveau car c'est parfois si gros qu'on s'esclaffe à voix haute. TOUTES les cartes d'affaires affichent des gens qui sont vice-présidents. Président des vices, oui. Simplement voir Justin Theroux danser comme dans les années 80 est tordant. Bale, alors très mince, passera deux mois au gym revenant extraordinairement bien découpé pour le tournage. Lui dire qu'accepter ce rôle était un suicide professionnel, le motivait davantage.
Impossible de ne pas exploser de rire dans une scène de scie électrique parfaitement ciblée, même lancée dans la distance. Avec la montée des jeux vidéos, depuis les années 80, on peut avoir l'impression de naviguer quelques fois dans un jeu vidéo avec Bateman.
Peu ont embarqué dans la grotesque qui pourtant allait prendre le monde entier en otage vers 2015-2016. Nous n'étions que 15-16 ans avant, en 2000.
Film violent relevant du fantasme, mais particulièrement amusant. Coen et Tarantino nous font rire avec les mêmes codes.