Le matin. J'aime être le premier à me lever. Déjà, ça épargne aux autres ma tronches du matin. Et ça m'épargne la tronche des autres. ;-) C'est un moment tout doux, rempli de premières fois qui touchent les sens et remplissent le réservoir. Sans mots dire. Je fais le plein. D'odeurs, avec en particulier celle du café, mais aussi celles du dehors. L'herbe, les arbres, le vent, la pluie, le soleil. Le plein de goûts, avec le cafè-crème inaugural, pur délice que j'accompagne rapidement de la première cigarette, petite également. Le plein de peinard, enfin. La maison est silencieuse. Les autres dorment. J'avance à tâtons puis à pas de loup dans la masure. C'est bon avant la fournaise des jours.
Le midi. Mon bonheur est juste après le repas, en fait. Période de vacances ou de boulot, c'est égal : il y a sieste. Moment que je déguste avec un extrême bonheur, quelles que soient les conditions. Respirer, s'allonger, fermer les yeux, se laisser bercer par des pensées douces. Sortir du monde, ou plutôt, y entrer, s'en donner quelques parcelles. Reprendre souffle et forces avant de plonger à nouveau. Excellent !
Au goûter. Ce moment de la journée est symbolisé, pour moi, par les enfants. A ce bonheur, cette chance d'avoir des enfants, cette merveilleuse possibilité, en plus, de les voir grandir, de les connaître un peu. J'aime leur appétit et le goûter est incontestablement le moment de l'appétit sucré, de la gourmandise autorisée, il symbolise la vie qui pétille, la confidence joueuse. C'est bon comme une tartine, les lèvres qui collent, la marque du bol ou du verre et de son contenant qui flirt avec la commissure. L'énergie qui revient, s'entretient.
A l'apéro. C'est pour moi le moment du temps de vivre, du temps partagé, avec les petits comme avec les grands. Et j'ai du mérite : je ne bois pas d'alcool. C'est parfois un handicap ;-) L'apéro, c'est le temps de l'échange, de la papote, avec de jolies musiques en toile de fond, musiques au préalables écoutées et découvertes en solo, amenées au grand jour, avec ou sans commentaires. L'apéro, ce sont des rires et des sourires, des silences habités, de la grignotte et en particulier, pour ce qui me concerne, trois médaillés olympiques : le saucisson avec son pain frais ; le petit morceau de fromage qui va bien ; la tomate coupée en tranches et salée aux gros sel de Guérande, parfois agrémentée de basilic frais. On peut y ajouter un feu de bois, c'est alors l'extase. Ou pas loin. On peut poursuivre par un barbecue...
Le soir. C'est le temps du bilan de la journée, accompagné parfois d'une bonne douche, et si j'ai mis quelques années à m'en apercevoir, ce bilan est souvent bien plus positif qu'il n'y paraît. J'aime mesurer cette journée, sans tableur, sans hautes études, simplement à l'aune de mes ressentis y compris et surtout ceux qui se sont enfouis quelque part sous la calotte glaciaire de l'écume des jours et de leur cortège mortifère. C'est comme une étiquette qu'on décolle doucement, tout doucement, pour en revenir à l'essentiel. Idéal avant de plonger dans un bouquin, puis sous la couette, aux côtés de l'être aimé. Sentir alors cette douceur qui envahit l'être. La classe !