S’asseoir sur les rails est un long poème de Brigitte Baumié. Il se lit comme une nouvelle en cinq temps.
En introduction, une symphonie de voix écrites se font échos pour nous parler des trains.
Puis vient le premier temps : « Ce train ne partira pas. »
Les « femmes-plombs » se sont assises sur les rails. Elles empêchent le départ de leurs compagnons à la guerre. D’emblée, le rythme est détonnant, buté, sonore. La décision s’affirme. « Ce train ne partira pas ». Le lecteur peut sentir la fermeté des corps qui ne se laisseront pas déplacer. La tension. La peur.
A chaque temps, un nouveau regard est porté sur ce train, l’émotion varie et s’ajuste. Le lecteur fusionne avec le poème, avec ces femmes, ces hommes, ces passants. Il lutte avec eux contre l’immonde machine de métal et de fumée, symbole assassin de toute les guerres.
C’est rythmé, propice à la lecture à haute voix, ancré dans les corps. Et pour cause, le récit a la particularité d’être traduit en langue des signes. Les vidéos sont accessibles en ligne et poursuivent cette lecture, déjà hautement corporelle, dans une langue méconnue et que l’on découvre musicale. S’asseoir sur les rails aurait pu être un livre silencieux, il s’avère étonnamment percutant, militant, ardent, vibrant.
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S’asseoir sur les rails – Brigitte Baumié
Traduction vers la langue des signes françaises par l’autrice, avec François Brajou et Aurore Corminas
Collection « Soleil noir »
Editions Bruno Doucey, 2024, 128 p.
Sur le site de l’éditeur