Critique Ciné : Speak No Evil (2024)

Publié le 02 octobre 2024 par Delromainzika @cabreakingnews

Speak No Evil // De James Watkins. Avec James McAvoy, Mackenzie Davis et Aisling Franciosi.

James Watkins est un réalisateur qui a su marquer le paysage du cinéma horrifique dès ses débuts, notamment avec le percutant Eden Lake en 2008. Après avoir confirmé son talent avec La Dame en Noir en 2012, il s'était quelque peu éloigné des projecteurs, jusqu'à ce que son dernier projet, Speak No Evil, capte de nouveau l'attention. Ce thriller psychologique, remake d'un film danois sorti en 2022, a particulièrement attiré mon intérêt. Pourquoi ? D'abord, pour la signature de Watkins, mais aussi pour la présence de James McAvoy, acteur dont la filmographie ne cesse de me séduire. Après avoir visionné ce film, je peux dire que l'attente en valait la peine. L'intrigue de Speak No Evil repose sur une rencontre entre deux familles durant des vacances, qui évolue en une invitation à passer un séjour dans une ferme isolée en Écosse. Très vite, ce qui s'annonce comme un week-end convivial se transforme en un cauchemar progressif. Le film prend son temps pour installer une atmosphère oppressante, et cette lente montée en tension est parfaitement maîtrisée par Watkins.

Une famille américaine passe le week-end dans la propriété de rêve d'une charmante famille britannique rencontrée en vacances. Mais ce séjour qui s'annonçait idyllique se transforme rapidement en atroce cauchemar.

L'ambiance devient de plus en plus malaisante à mesure que les événements se déroulent, culminant dans un final tendu et nerveux. Le film ne s'appuie pas sur des ressorts d'horreur traditionnels comme des jump scares répétitifs ou une violence gratuite. Au lieu de cela, l'horreur réside dans la manipulation psychologique et la détérioration des relations humaines. Cette approche rend le film d'autant plus réaliste et immersif, nous entraînant dans une descente aux enfers subtile mais terriblement efficace. James McAvoy incarne à la perfection le rôle de Paddy, le père de famille écossais dont le comportement évolue de façon inquiétante au fil du film. Dès le début, il affiche une façade amicale et chaleureuse, mais petit à petit, des fissures apparaissent dans ce masque, révélant une personnalité de plus en plus dérangeante. La performance de McAvoy est impressionnante : il parvient à passer d'un père aimable à un homme profondément perturbé, presque effrayant. Ce basculement progressif dans son jeu d'acteur contribue grandement à l'atmosphère anxiogène du film.

Outre McAvoy, le reste du casting mérite également des éloges. Dan Hough, dans le rôle de Ant, livre une performance poignante, jouant avec beaucoup de justesse un personnage vulnérable pris dans ce cauchemar grandissant. La tension est palpable lors de ses scènes clés, notamment lors de son ultime apparition, véritablement glaçante. Watkins sait parfaitement comment gérer le suspense et la tension. Le film repose sur un rythme lent mais calculé, permettant aux spectateurs de s'imprégner de l'atmosphère pesante. Le silence joue un rôle central dans l'installation de cette tension : très peu de musique vient accompagner les scènes, ce qui rend les moments clés encore plus percutants. Ce choix de mise en scène amplifie le sentiment d'inconfort et d'angoisse, un peu comme un murmure qui finit par se transformer en cri strident. Cette sobriété sonore, associée à une photographie soignée, confère au film une esthétique oppressante rappelant des œuvres comme Get Out ou Shining.

D'ailleurs, le film glisse quelques références à ce dernier, notamment lors d'une scène où le personnage de Paddy passe sa tête à travers une porte brisée, clin d'œil évident à l'œuvre de Kubrick. Ce qui m'a le plus marqué dans Speak No Evil, c'est la façon dont la tension monte progressivement. Le film prend le temps de poser les bases, de présenter les personnages et leur dynamique avant que l'horreur ne s'installe véritablement. Cette montée en puissance est un pari risqué, mais ici, elle fonctionne à merveille. L'angoisse devient de plus en plus palpable, et le spectateur se retrouve piégé dans cette atmosphère suffocante. Le dernier acte est particulièrement intense et constitue une véritable explosion de tension. Watkins fait preuve d'une grande maîtrise en nous conduisant vers un climax éprouvant, à la fois sur le plan émotionnel et visuel. Cependant, bien que ce final soit saisissant, je n'ai pu m'empêcher de regretter la conclusion du film, que j'ai trouvée un peu simpliste en comparaison de l'original danois.

Dans ce dernier, la fin est beaucoup plus sombre et choquante, ce qui aurait, à mon sens, mieux correspondu à l'ensemble de l'œuvre. Speak No Evil est indéniablement un thriller psychologique réussi. Si certaines failles subsistent, notamment dans la conclusion qui aurait pu être plus audacieuse, le film reste une œuvre immersive, angoissante et remarquablement interprétée. James McAvoy, en particulier, livre une prestation terrifiante et nuancée, contribuant à la montée en tension progressive du film. Watkins prouve une nouvelle fois son talent pour installer une atmosphère pesante et inoubliable, et Speak No Evil s'impose comme un film de genre incontournable. Si vous êtes amateurs de thrillers psychologiques qui misent davantage sur la manipulation mentale que sur des effets d'horreur classiques, Speak No Evil est un film que je vous recommande sans hésitation. Il vous prendra aux tripes et ne vous lâchera pas avant la toute dernière minute.

Note : 6.5/10. En bref, Blumhouse sort enfin un bon film cette année.

Sorti le 18 septembre 2024 au cinéma