« Poésie d'un jour
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NEL SONNO
Il canto delle strigi, quando un’iride
con intermessi palpiti si stinge,
i gemiti e i sospiri
di gioventù, l’errore che recinge
le tempie e il vago orror dei cedri smossi
dall’urto della notte – tutto questo
può ritornarmi, traboccar dai fossi,
rompere dai condotti, farmi desto
alla tua voce. Punge il sonno d’una
giga crudele, l’avversario chiude
la celata sul viso. Entra la luna
d’amaranto nei chiusi occhi, è una nube
che gonfia ; e quando il sonno la trasporta
più in fondo, è ancora sangue oltre la morte.
SOMMEIL
Le cri des effraies, lorsqu’un arc-en-ciel
avec des clignements pâlit,
les gémissements, les soupirs
de jeunesse, l’erreur qui enserre
les tempes et la confuse horreur des cèdres ébranlés
par le choc de la nuit – tout cela
me peut revenir, déborder des fossés,
jaillir des conduites, m’éveiller
à ta voix. Poignant, le son d’une
gigue cruelle, l’adversaire boucle
la visière sur sa face. Pénètre la lune
d’amarante dans mes yeux clos, c’est un nuage,
il enfle ; et quand le sommeil l’emporte
en moi toujours plus loin, il est encore sang au-delà de la mort.
Eugenio Montale, Poésies III, La bufera e altro (1940-1957), La tourmente et autres poèmes, Gallimard, Collection Poésie du monde entier, 1966, pp. 14-15. Edition bilingue. Traduit de l’italien par Patrice Angelini avec le concours de Louise Herlin, Gennie Luccioni et Armand Robin.