Cuckoo // De Tilman Singer. Avec Hunter Schafer, Jan Bluthardt et Marton Csokas.
Le film Cuckoo, réalisé par Tilman Singer, est un long-métrage allemand qui oscille entre l'horreur et le thriller psychologique. Il promet beaucoup avec une atmosphère unique, des choix stylistiques audacieux, et des performances d'acteurs convaincantes. Cependant, malgré ces points forts, le film échoue à livrer une expérience pleinement satisfaisante, tombant dans des écueils qui l'empêchent de briller dans le genre. Voici mon avis détaillé sur ce film qui, bien qu'il ait un certain charme, peine à atteindre son véritable potentiel. Dès les premières minutes, Cuckoo capte l'attention avec son atmosphère singulière. Le cadre isolé et inquiétant est bien établi, et le travail de caméra, dirigé par Tilman Singer lui-même, est l'un des points forts du film. Les plans sont souvent beaux, jouant habilement avec la lumière et l'espace pour créer une ambiance de malaise grandissant.
Gretchen, 17 ans, quitte à contrecœur sa maison américaine pour aller vivre avec son père, qui vient d'emménager dans une station des Alpes allemandes avec sa nouvelle famille. En arrivant dans leur future résidence, ils sont accueillis par M. König, le patron de son père, qui s'intéresse de façon inexplicable à Alma, la demi-sœur muette de Gretchen. Très vite, Gretchen est tourmentée par des bruits et des visions étranges...
On sent que le réalisateur sait comment installer une tension visuelle. Néanmoins, au-delà de l'esthétique, le récit peine rapidement à trouver sa cohérence. Le film démarre bien, avec une lenteur calculée qui permet de poser les bases de l'intrigue et d'introduire des personnages intrigants. Pourtant, à mesure que l'intrigue progresse, Cuckoo perd de son élan. Il passe d'un ton à l'autre sans réelle fluidité, laissant l'impression que le film ne sait pas exactement ce qu'il veut être. Ce qui semblait être une réflexion sur l'horreur psychologique vire parfois à une espèce de film d'action étrange, et ces sauts de ton déstabilisent. L'un des aspects les plus séduisants de Cuckoo est sans conteste la prestation de ses acteurs principaux. Hunter Schafer apporte une énergie subtile et intrigante à son rôle, tandis que Dan Stevens incarne un personnage chaotique avec un charme diabolique. Leur alchimie et leur présence à l'écran sont palpables, et certaines de leurs scènes sont indéniablement captivantes.
Cependant, ces performances ne suffisent pas à compenser un manque d'écriture autour de leurs personnages. On aurait aimé que leur développement soit plus profond, car malgré leur potentiel, ils restent sous-exploités. Leurs dialogues, parfois percutants, sont trop souvent noyés dans une intrigue qui se perd dans sa propre complexité. Le spectateur finit par se désintéresser de leur sort, faute de connexions émotionnelles solides avec eux. Le principal problème de Cuckoo réside dans son scénario. L'idée de base est prometteuse, et les concepts mis en avant sont intrigants, mais l'exécution laisse à désirer. Le film semble vouloir jongler entre différents genres : de l'horreur psychologique à des moments plus proches du thriller, en passant par des éléments de drame familial. Cependant, ces différents aspects ne s'emboîtent jamais vraiment de manière cohérente, et le résultat est un film qui souffre d'une véritable crise d'identité.
À plusieurs reprises, Cuckoo flirte avec un style de film d'horreur giallo, mais cette approche est contrebalancée par des moments où le film se prend trop au sérieux. Cette absence de cohérence tonale devient frustrante, car elle empêche le spectateur de réellement s'immerger dans l'intrigue. De plus, certaines scènes qui devraient susciter de l'effroi tombent à plat à cause d'une narration trop explicative. Une des grandes règles de l'horreur est de maintenir le mystère autour de la menace. Ce qui fait peur, c'est souvent l'inconnu, l'incertitude qui hante l'esprit du spectateur. Cuckoo semble d'abord respecter cette règle avec une créature effrayante et une ambiance mystérieuse. Mais malheureusement, le film finit par trop expliquer ce qui se passe, dissipant ainsi toute tension accumulée. Le spectateur n'a pas besoin de tout savoir pour ressentir la peur. Laisser certaines questions sans réponse, laisser l'esprit combler les vides, aurait été bien plus efficace.
Mais en choisissant de trop expliciter ses éléments surnaturels, Cuckoo brise l'illusion d'horreur et tombe dans une routine prévisible. Un peu à l'image du film Smile, qui avait également un fort potentiel mais qui s'est effondré en cours de route en essayant d'en dire trop. Après un début prometteur, le film finit par s'essouffler. La dernière partie de Cuckoo manque d'impact et semble traîner en longueur, laissant le spectateur attendre impatiemment la fin. Plutôt que de maintenir une ambiance oppressante et mystérieuse, le film se dilue dans une série d'événements sans grand intérêt, et le suspense s'évapore peu à peu. Il est clair que Tilman Singer avait une vision artistique ambitieuse pour ce film, mais le résultat final est un mélange confus de bonnes idées mal exploitées. Cuckoo avait tout pour se démarquer : une ambiance oppressante, des personnages intrigants, et une esthétique soignée. Malheureusement, il échoue à maintenir la tension et à offrir une histoire cohérente et captivante du début à la fin.
Cuckoo est un film qui suscite d'abord l'intérêt avec son atmosphère et ses performances d'acteurs, mais qui finit par décevoir en raison de son incohérence narrative et de ses choix stylistiques hasardeux. Bien qu'il ne soit pas dénué de moments forts, il manque de direction et ne parvient pas à se hisser au rang des grands films d'horreur. Dommage, car le potentiel était bien là.
Note : 3.5/10. En bref, un potentiel gâché par l'incohérence.
Prochainement en France en SVOD