Album - Sans escale - Page 13

Publié le 27 septembre 2024 par Concerts-Review

Album - Sans escale - Page 13

NoPo

PAGE13 - Sans Escale LP 2024

On découvre le groupe par un clic sur un simple mail sympathique de quelques mots.
Déjà les yeux fermés, on plonge alors dans leur musique qui nous incite aussitôt à mener l'enquête.
Il s'agit d'un quatuor suisse du Valais et chez nous, le valais est une plage (de Saint-Brieuc) très fréquentée dans les années 50/60.
Quel rapport me direz-vous ? Aucun, si ce n'est un charme désuet, invitation à la baignade...
Page 13 fait référence au syndrome de la page blanche, la leucosélophobie (A vos souhaits! Par bonheur, ils ont préféré la page du nombre premier réputé!).

Le groupe a déjà sorti son 'Journal intime', intitulé de son premier essai en 2021, pas plus idiot, mais moins écolo que 'canard' ou 'feuille de chou'.
Pour ce second chapitre, le feuillet persiste avec les nombres premiers puisqu'il s'arrête à 7 titres 'Sans escale' (donc qui ne s'arrêtent pas de tourner!?).
Et la pochette? Elle diffuse des rayons lumineux épais rouges et oranges sur lesquels l'ombre des 4 musiciens en action avec leurs instruments laisse une forte empreinte multi-colorée.
Autographe 'Page13 en vert' sur le côté et 'Sans escale' en jaune fluo. Le message semble clair et assumé : de bonnes ondes colorées devraient vibrer!
Ouvrons les écoutilles!

D'entrée, la guitare signe un riff passionnant en 3 notes détachées. La basse arrive au loin en roulement orageux.
La batterie marque un tempo précis avec discrétion sur le cercle et un son volontairement proche d'une frappe sur du bois sans flotter.
Pour qui n'a jamais parcouru Page13, la première rencontre avec la voix de Cécile surprend. Je l'ai entendue dire 'On aime, On n'aime pas!'.
Puissante et basse (plus encore que celle de Catherine Ringer ou Mama Béa Tékielski... 'Véronique Rivière' - non pas ta mère!- me souffle Noëlle), légèrement maniérée, elle s'impose dans les arrangements.
Une fois passé l'étonnement, le charme opère d'autant que la poésie des paroles orne magnifiquement l'élocution musicale.
Que dire d'un ' Bois flotté'? Ecoutez, c'est l'adopter!
La guitare de Didier épaissit son trait par une trame métal et les chœurs interviennent avec fougue.
L'instrument ramifie ses arpèges de toute beauté, louvoyant dans un ruisseau tempétueux à effet de patine.

' Donne-toi du soleil' darde de ses rayons lumineux notre semaine, la vérité si je mens!
2 coups claquants tirent le rideau sur une mélodie accrocheuse, dominée par une crème de voix aussi onctueuse qu'un p'tit suisse (ahaa!).
Une nouvelle fois, le riff principal déchire (le rideau?) et cette fois, la surprise vient de la gratte acoustique, légère et hispanisante, sur les couplets.
Electrique, elle se retrouve tendue et enveloppée par une basse particulièrement musicale sur le refrain imparable, à reprendre en chœurs.
Elle a toute d'une grande, cette chanson-tube ambiance années 80 mais avec un son moderne et vigoureux.
A presser, tous les jours pour un jus vivifiant!

' Virgile' prénomme le fils de Cécile qu'elle qualifie, aujourd'hui, d''Homme de demain'.
Le morceau joue à nouveau sur une opposition couplet délicat et refrain athlétique, traversé d'arcs électriques.
L'orchestration s'y emploie passant de la tranquillité, avec des instruments joués élégamment et invitant même une trompette rafraichissante soufflée par la chanteuse, au coup de vent fouettant les voiles.
Fabien aime claquer sa caisse claire, omniprésente sur la chanson ' La serveuse', conduite par un riff hard-rock.
L'histoire d'une femme qui connait mieux la vie de ses clients qu'eux-mêmes, qui ignorent tout d'elle.
Par moment, Didier étouffe un peu plus les cordes mais c'est pour mieux les faire cracher leurs poumons.
Le chant suit des contours rythmés, gonflés par la basse de Fabian. Jamais bavards, les solos tranchent avec justesse et efficacité.

Un riff classique et bien costaud ouvre ' Terrien' rapidement propulsé par une gratte épaisse, une basse tonique et une batterie impulsive.
Cécile joue sur les mots parfois parlés et impacte lourdement 'Terrien, t'es rien ici' d'une puissance rappelant le Trust des grandes heures.
Une plage qui reflète intelligemment son aspect métal.

' J'ai pris rendez-vous' donne juste envie d'être l'heureux élu. Les arrangements, aussi distingués que conquérants, charment l'oreille.
Sur un arpège filandreux, le rythme sautillant entraine les paroles dans des soubresauts malins qu'il faut absolument écouter.
Et toujours un refrain electricatchy...

Les musiciens ont le bon goût de nous quitter avec ' Tes adieux', une façon de nous impliquer.
Différentes couches de guitares s'imbriquent (et ce n'est pas la première fois). La batterie cogne dans un grondement de basse.
Le chant s'exprime avec exaltation (et ce n'est pas la première fois). Ce n'est qu'un au-revoir mes frères, revenez vite!

Voilà une réussite artistique totale, un disque envoûtant à forte personnalité (sorte de Rita Mitsouko qui aurait flirté avec Trust).
Les écoutes répétées le rendent réellement addictif musicalement alors qu'on découvre progressivement la finesse des paroles (parroles et parolés...).
L'interprétation, d'une précision d'horloge (des spécialistes forcément!), ne néglige, pour autant, pas l'émotion naturelle.
La note unique de l'école des fans serait bien appropriée ici!
1-Bois flotté
2-Donne-toi du soleil
3-Virgile
4-La serveuse
5-Terrien
6-J'ai pris rendez-vous
7-Tes adieux

Cécile Genetti chant, trompette, textes
Didier Dubuis Guitare, compositions
Fabian Chevalet basse
Fabien Berard notre batterie