American Sports Story: Aaron Hernandez // Saison 1. Episode 3. Pray the Gay Away.
La série American Sports Story consacrée à Aaron Hernandez tente de dévoiler les multiples facettes de la vie tourmentée de ce joueur de football américain, notamment dans l'épisode 3 de la première saison. Cet épisode s'intéresse aux combats internes d'Hernandez et à ses vices, avec un focus particulier sur sa consommation de drogue et sa sexualité. Toutefois, en tant que spectateur, cet épisode m'a laissé avec des sentiments mitigés. Bien qu'il aborde des thèmes lourds et importants, je pense que la manière dont ils sont présentés reste simpliste et peu nuancée. Voici mon point de vue. L'épisode 3 présente deux "addictions" qui auraient menacé la carrière d'Hernandez : la marijuana et ses relations homosexuelles. Cette dichotomie met immédiatement le spectateur mal à l'aise, car elle semble poser ces deux aspects de sa vie sur un pied d'égalité en termes de dangerosité, ce qui soulève des questions sur l'approche de la série.
D'un côté, la consommation régulière de marijuana avant les entraînements menace directement ses performances sportives et son avenir professionnel. De l'autre, sa sexualité est dépeinte comme un secret pesant et destructeur, l'enfermant dans une lutte intérieure. Bien sûr, il est indéniable que Hernandez était en proie à des conflits personnels majeurs. Mais la série semble parfois tomber dans une lecture réductrice de ces luttes, en suggérant que sa sexualité est en quelque sorte un obstacle à sa réussite, au même titre que la drogue. Le fait que la série associe son homosexualité à une sorte de déviance à combattre peut déranger certains spectateurs, moi y compris. Cela crée une ambiguïté sur le message que souhaite transmettre American Sports Story. Cependant, là où la série brille, c'est dans son portrait du football universitaire américain. L'épisode nous montre la culture du succès à tout prix au sein de l'équipe des Florida Gators.
Les entraîneurs, notamment Urban Meyer, sont sous une pression constante pour maintenir des performances élevées, tout en gérant des jeunes joueurs souvent immatures ou troublés. La série illustre bien l'équilibre délicat entre le besoin de gagner et la responsabilité morale des entraîneurs envers leurs joueurs. Meyer, interprété par Tony Yazbeck, est présenté comme un homme aux intentions bonnes mais défaillantes. Malgré son désir d'aider Hernandez, il semble avant tout soucieux de protéger sa propre carrière et de maintenir une façade de contrôle. En laissant passer les comportements problématiques d'Hernandez - que ce soit sa consommation de drogue ou ses excès de violence - il contribue indirectement à l'autodestruction de son joueur vedette. Cette complicité tacite est une critique directe du système du football universitaire, où le succès sportif prime souvent sur le bien-être des jeunes hommes impliqués.
L'épisode touche également à la dynamique familiale complexe d'Hernandez. Lorsqu'il rentre chez lui pendant les vacances de Thanksgiving, sa colère est attisée par la présence de Jeff, l'ex-mari de sa cousine, qui tente de s'immiscer dans sa vie familiale. Cet épisode fait écho à la relation tendue qu'il avait avec son père, décédé quelques années plus tôt, un sujet récurrent dans la série. L'absence de figures paternelles stables dans sa vie est clairement montrée comme une source de mal-être pour Hernandez, amplifiant son besoin de validation à travers le football et ses relations. De retour sur le campus, Aaron essaie de trouver du réconfort auprès de Tim Tebow, son coéquipier, mais leurs échanges révèlent l'impuissance de Tebow à vraiment comprendre ou aider Hernandez. Malgré ses efforts pour convertir Hernandez à une vie plus pieuse et centrée sur la foi, Tebow reste en décalage avec les problèmes plus profonds d'Aaron, notamment sa sexualité refoulée et ses tendances autodestructrices.
L'une des scènes les plus significatives de l'épisode montre Aaron essayant de suivre les conseils de Tebow en se débarrassant de la "tentation". Un montage rapide montre Hernandez supprimant des vidéos pornographiques de son ordinateur et jetant son herbe. Cette tentative de rédemption, bien que temporaire, démontre à quel point Hernandez est prisonnier de ses propres contradictions. Il souhaite se conformer à l'image du "bon garçon", mais ses démons intérieurs, qu'il n'arrive pas à affronter de front, finissent par le rattraper. La série souligne également l'impact de l'environnement social sur les choix d'Hernandez. Dans une scène clé, Dennis SanSoucie, un ancien amant d'Hernandez, rejette ses avances en révélant qu'il s'est fiancé à une femme pour se conformer aux attentes sociales. Ce passage poignant montre à quel point les deux hommes sont pris dans des rôles qu'ils n'ont pas choisis, ce qui alimente encore la frustration et la colère d'Hernandez.
L'épisode se termine sur une note sombre, alors qu'Hernandez, après une série d'erreurs et de rechutes, voit son avenir dans l'équipe universitaire se ternir. La défaite des Gators lors du championnat de la SEC semble symboliser la descente inexorable d'Hernandez vers son destin tragique. Meyer, victime d'une crise de panique, décide de tourner la page, poussant Aaron à entrer dans la NFL, sans toutefois résoudre les problèmes sous-jacents. Cette décision reflète une réalité trop fréquente dans le football universitaire et professionnel : la priorité donnée aux performances plutôt qu'au bien-être des individus. Hernandez, comme beaucoup d'autres, est poussé à aller de l'avant sans que personne ne prenne réellement le temps de l'aider à affronter ses problèmes. La série met en lumière la responsabilité partagée de l'entourage d'Aaron dans sa chute, soulignant un système qui valorise avant tout le talent brut et le succès immédiat.
En conclusion, cet épisode de American Sports Story met en lumière les dilemmes personnels et professionnels d'Aaron Hernandez, tout en soulignant les failles du système du football universitaire américain. Cependant, la série semble parfois simplifier à l'extrême les luttes intérieures d'Hernandez, notamment en mettant sur le même plan sa sexualité et sa consommation de drogues. Si l'intention de la série est de nous montrer un Aaron Hernandez pris dans un cycle autodestructeur, le résultat final donne parfois l'impression de passer à côté de nuances importantes. Pour un véritable coup de projecteur sur les problèmes complexes d'Aaron Hernandez, il aurait peut-être été pertinent de ne pas réduire sa sexualité à une "tentation" ou une "erreur", mais plutôt de l'aborder avec davantage d'empathie et de profondeur.
Note : 6.5/10. En bref, American Sports Story parle de la difficulté de ce jeune footballeur américain de concilier sa vie publique avec sa vie privée (et notamment son homosexualité).
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