L'histoire: Lee relate l'histoire de Lee Miller (Kate Winslet), mannequin puis photographe américaine décédée en 1977, à l'âge de 70 ans. Déterminée à documenter la vérité sur le régime nazi, et malgré les obstacles dressés contre les femmes correspondantes, elle et son collègue David Sherman, photographe pour Life (Andy Samberg) ont capté certaines des images les plus importantes de la Seconde Guerre mondiale. Un courage qui l'a rendue célèbre, mais pour lequel elle a payé un prix personnel énorme.
En salle au Québec le 27 septembre 2024 (Entract Films)
Basé sur " The Lives of Lee Miller" , la seule biographie autorisée de Lee Miller, écrite par son propre fils, Antony Penrose, et publiée en 1985, Lee est un biopic partiel. D'abord parce qu'une volte-face finale change toute la lecture du film et ensuite parce que le récit concentre exclusivement sur la décennie 1935-1945, la plus déterminante dans la vie du sujet. C'est durant cette période, qu'elle fit le choix de changer de vie, refusant que l'on se souvienne d'elle comme d'un modèle et d'une muse d'artistes masculins. Ce qui fait que l'on ne sait rien de ses années de mannequinat.
Peu importe que l'histoire soit fragmentaire. Lee est, en l'état, suffisamment captivant pour garder l'intérêt et ménager quelques zones d'ombres dans la vie de celle qui a très souvent défié les attentes et les règles de l'époque. Constatant les crimes horribles qui se commettaient de l'autre côté du Channel, elle a quitté son confort anglais pour aller mettre sa vie en danger, en France, et ailleurs en Europe, afin de documenter ce qui se passait sur la ligne de front. Armée de son Rolleiflex en bandoulière, elle a réussi à rendre palpables les horreurs vécues par les populations.
Plusieurs scènes marquantes filmées en plein coeur de la bataille ou dans le camp de concentration de Dachau regorgent d'images fortes, assez choquantes, mais pudiquement présentées et soulignées délicatement par les notes d'Alexandre Desplat.
Ellen Kuras, la réalisatrice (connue pour avoir été directrice photo de Eternal Sunshine of the Spotless Mind), réussit bien à rendre hommage à cette femme en avance sur son temps, qui restera dans l'histoire pour avoir osé se faire photographier dans la baignoire d'Hitler. Ses images, évidemment celle-ci, mais aussi toutes celles qu'elle a prise des victimes de guerre, souvent des femmes, resteront à tout jamais gravées dans les mémoires.
Plusieurs critiques américains ont dit que les qualités esthétiques impeccables de Lee en faisaient une parfaite bête à festival, prête pour les honneurs. D'autres l'ont qualifié de " mou " ou d' "ordinaire ". Ils n'ont pas tort. Lee est très soigné, et bénéficie de la prestation habitée et mémorable de Kate Winslet, qui est également productrice.
Toutefois, le film manque d'un petit grain de folie. Des seconds rôles incarnés par des acteurs prestigieux (Andrea Riseborough, Marion Cotillard et Noémie Merlant) manquent de véritable personnalité. La mise en scène choisit la voie de la sagesse. Malgré tout, le film est toutefois intéressant de bout en bout et honore - enfin - une personne unique qui aura marqué son époque et son métier.