Stellantis au capital de Leapmotor : priorité aux quotas

Publié le 28 septembre 2024 par H16

Un article de Henry Bonner

L’action du constructeur de voitures Stellantis grimpe de près de 3 % cette semaine. La raison ? L’annonce de la recherche d’un successeur – après 2026 – pour le PDG, Carlos Tavares…

Chez une partie des actionnaires, ce rebond montre un manque de confiance dans le gérant du groupe. La baisse en bourse de l’action depuis le début de l’année a lieu en raison du ralentissement de ventes, et d’une perte de parts de marché aux États-Unis.

Comme on l’évoquait dans un précédent billet, les prix des voitures de Stellantis dépassent en général ceux de la concurrence. Ainsi, les voitures attendent un acheteur en moyenne 100 jours chez les concessionnaires de cette marque, contre 50 jours pour la concurrence. Or, en raison du ralentissement et au lieu de baisser les prix, le groupe réduit sa production.

Les analystes en bourse et les concessionnaires du groupe aux États-Unis mettent en cause la stratégie du PDG, Carlos Tavarès, comme en témoigne cet article de Bloomberg :

“[Le président du comité de direction] M. Elkann n’a pas annoncé de changement immédiat, et M. Tavares va être inclus dans les recherches [pour un successeur], selon des gens au courant des discussions. Par contre, le président serait de plus en plus insatisfait de la situation en Amérique du Nord, où les ventes ont baissé, et plusieurs personnes de l’équipe de direction ont quitté l’entreprise …”

Le PDG répond aux faiblesses du marché par des baisses de coûts – et subit des critiques :

“M. Tavares veut encore plus de baisses de coûts, afin de protéger la rentabilité, ce qui crée de l’inquiétude que cette force poussée pour faire des économies puisse créer des dangers à terme, en réduisant l’innovation en interne, et la capacité à faire des ventes… Il met aussi en vente des actifs, et envisage même de revendre l’une ou plusieurs des 14 marques du portefeuille, afin de protéger les bénéfices.”

Les concessionnaires de Stellantis aux États-Unis mettent en cause un manque d’attention à la réalité du marché et des goûts des consommateurs… avec un déclin des ventes en conséquence.

Dans les voitures à batteries, M. Tavares fait aussi preuve d’un manque d’intérêt pour le choix des consommateurs… En effet, il apporte un soutien au durcissement des normes en 2025 – dans la quête d’un avantage sur la concurrence.

Partenariat avec Leapmotor : quête de profit via les quotas pour l’électrique et taxes aux frontières

Stellantis veut ainsi le maintien de quotas dans la production de véhicules électriques – une dégradation, de force, de l’offre de voitures à moteurs. Les règles poussent en effet les constructeurs à des baisses de production de voitures, en l’absence d’un essor de ventes dans l’électrique. M. Tavares met ainsi les intérêts du constructeur – en avance sur le secteur dans l’adhésion aux quotas – avant les vœux des consommateurs.

En particulier, Stellantis tire profit à la fois des quotas sur l’électrique et des taxes contre les importations de voitures à batteries. Il détient en effet la majorité des parts dans une alliance avec un constructeur de voitures à batteries, Leapmotor.

Le Monde explique ainsi :

“Commercialisés par Leapmotor International, société destinée à diffuser les voitures du constructeur chinois hors de Chine, dont les actionnaires sont Stellantis (51 %) et Leapmotor (49 %), ces deux modèles [de voitures à batteries] nourrissent la première salve d’une offensive qui doit permettre de diffuser 500 000 véhicules par an en 2030 (dont 400 000 en Europe) en lançant « au moins une nouveauté par an d’ici 2027 ».”

Ils créent des usines d’assemblage pour les voitures à l’intérieur de la zone… puis font usage du réseau de distribution de Stellantis pour l’écoulement des voitures.

Le journal continue :

“En France, la marque peut déjà compter sur près de soixante-dix points de vente et devrait en totaliser cent vingt en 2025. L’objectif est de réaliser huit mille immatriculations dans l’Hexagone en 2025, le double en 2026, puis trente mille.”

Ainsi, le constructeur tire profit des avancées de la Chine dans l’électrique… puis obtient une exemption aux taxes à l’importation et réduit les risques d’amendes en raison des quotas de voitures à batteries ! Stellantis a un avantage sur la concurrence grâce au durcissement des taxes à l’importation, et aux quotas sur les ventes de voitures à batteries.

En somme, Stellantis donne la priorité aux objectifs des dirigeants – dans les émissions de carbone – sur la réponse à la demande effective des consommateurs. De plus, les médias mettent en avant l’exemple de Stellantis… et les investissements du groupe dans les voitures à batteries, comme justification pour le maintien des mesures et des amendes !

Le Monde continue :

“Bruxelles a d’autant plus raison de ne pas dévier de la trajectoire qu’elle s’est fixée que les constructeurs qui ont fait l’effort de se mettre en conformité avec les nouvelles normes n’ont pas à être lésés.”

Contrôle des particuliers – et de l’opinion

Le progrès dans les niveaux de vie a lieu via l’ajustement de la production à la demande. Les dirigeants, et la majorité des médias, veulent le contrôle sur la production… Au lieu de l’évolution par la recherche de bénéfices par des entreprises ou particuliers, ils veulent des quotas ou incitations. Au final, les producteurs suivent des directives au lieu des goûts des consommateurs ; en somme, ces mesures au nom du progrès créent une perte de richesse !

Le soutien de l’opinion pour ces mesures provient en partie de la distribution d’argent – à des entreprises, des Think Tanks, ou des boîtes de conseil. Il provient aussi de la mise en avant des points de vue des dirigeants – et l’élimination de l’opposition, au moyen de la censure de médias ou de plateformes. Typiquement, l’interdiction de X (ancien Twitter) au Brésil a lieu par exemple au nom de la protection des particuliers… contre la désinformation. De même, la Chine bloque la plupart des plateformes au prétexte du bien-être des gens.

Autre exemple en début du mois avec Le Raptor, un Youtubeur avec 700.000 abonnés qui publie une vidéo au sujet de la théorie du réchauffement climatique. Pour un invité du site Reporterre, la remise en cause du réchauffement revient à du fachisme… L’expert explique sans rire, au sujet de la vidéo par Le Raptor :

“La fachosphère ne se contente plus de petites blagues politiquement incorrectes et racistes. Elle façonne un discours qui irrigue le monde réel. … On voit aussi avec les derniers sondages que le climatoscepticisme a tendance à embarquer une part non négligeable de la population française.”

À présent, la ville de La Haye aux Pays-Bas met en place une loi contre la publicité – une forme de communication – par des entreprises, au nom du climat. La loi bloque la promotion de secteurs du transport, de tourisme, ou de la voiture à moteurs, au nom de la protection de la planète.

Comme les mesures de l’Union européenne, du Brésil, ou de la Chine contre la désinformation, le blocage de la communication d’entreprises a pour objectif un contrôle des choix des particuliers. Comme l’explique Automobile-propre :

“En réalité, l’interdiction ne concerne pas seulement les publicités en lien direct avec l’industrie pétrolière, mais aussi l’ensemble des services considérés comme « très polluants ». Les entreprises concernées seront donc les suivantes : compagnies aériennes ou croisiéristes, fournisseurs de gaz fossile ou encore les constructeurs automobiles. Enfin, ceux qui communiquent encore sur des véhicules thermiques.”

Les quotas et incitations poussent les entreprises vers des activités sans rentabilité et sans intérêt pour les consommateurs. Une partie des médias et des entreprises en situation d’avantage grâce aux quotas ou tarifs – comme Stellantis dans l’électrique – apportent du soutien aux restrictions et sources de coûts… aux dépens des consommateurs.

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