Ça y est, le couperet est tombé ! Le Haut Conseil du financement de la protection sociale (HCFiPS) vient de publier son rapport sur la fraude sociale, et le moins qu'on puisse dire, c'est que ça fait l'effet d'une bombe. 13 milliards d'euros ! C'est le montant astronomique du manque à gagner pour notre système de protection sociale. Mais accrochez-vous bien, car la suite va vous faire bondir de votre chaise.
Contrairement à ce qu'on nous serine depuis des années, ce ne sont pas les petites gens qui plombent le système. Non, messieurs-dames, les premiers fraudeurs, ce sont... roulement de tambour... les entreprises et les travailleurs indépendants ! Eh oui, vous avez bien lu. Ceux-là mêmes qui nous font la morale à longueur de journée sur la nécessité de serrer la ceinture sont en réalité les champions toutes catégories de la triche.
Dominique Libault, le président du HCFiPS, l'affirme sans détour : "Les enjeux financiers sont beaucoup plus du côté du secteur économique et de la lutte contre le travail illégal". On en reste bouche bée. Pendant des années, on nous a fait croire que le problème venait des fraudeurs au RSA, des petits malins qui abusaient du système. Et paf ! Voilà qu'on découvre que c'est du pipeau.
Certes, la fraude au RSA existe, autour de 10% selon le rapport. Mais comparé au pactole que se font les entreprises en jouant avec les règles, c'est de la roupie de sansonnet. On nous a donc bien menés en bateau avec ce discours " anti-pauvres" qui ne faisait que stigmatiser les plus vulnérables.
Mais attention, ne crions pas victoire trop vite. Car si le rapport a le mérite de rétablir certaines vérités, il n'est pas exempt de critiques. En s'attaquant aux micro-entrepreneurs, ne risque-t-on pas encore une fois de taper sur les petits ? Les vrais gagnants dans l'histoire, ce sont les grosses boîtes qui utilisent ces auto-entrepreneurs pour ne pas embaucher. Pratique, non ?
Et que dire de toutes ces entreprises qui "oublient" de payer leurs charges sociales ? On en parle, de celles-là ? Le rapport semble vouloir ouvrir les yeux du public, mais il ne va pas assez loin. Il aurait fallu creuser davantage, mettre plus de moyens pour révéler l'ampleur réelle du problème.
Les chiffres sont là, implacables : 53% de la fraude vient des entreprises (URSSAF), contre seulement 30% pour les familles (CAF). La santé (CPAM) ne représente que 13%, le secteur agricole (MSA) 3%, et Pôle Emploi ferme la marche avec un maigre 1%. Alors fini le chômeur tricheur ?!
Alors, que faut-il en conclure ? Que le fameux "trou de la Sécu" n'est peut-être pas là où on voulait nous le faire croire. Que les vrais responsables se cachent peut-être dans les beaux quartiers plutôt que dans les cités. Qu'il est grand temps de changer de discours et de pointer du doigt les véritables profiteurs du système.
Ce rapport est un pavé dans la mare, une gifle à tous ceux qui pensaient pouvoir continuer à accuser les plus faibles. Il est temps de rétablir la vérité, de cesser cette chasse aux sorcières contre les plus démunis. La fraude sociale est un problème sérieux, certes, mais commençons par balayer devant la porte des entreprises avant de pointer du doigt le voisin du dessous.
Voir le résumé en infographie : https://contrib.securite-sociale.fr/files/live/sites/SSFR/files/HCFIPS/Rapport/HCFIPS%20-%20Fraude%20sociale%202024%20-%20Infographie.pdf
Voir la synthèse du rapport : https://contrib.securite-sociale.fr/files/live/sites/SSFR/files/HCFIPS/Rapport/HCFIPS%20-%20Fraude%20sociale%202024%20-%20Synth%C3%A8se.pdf
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