Le retard digital de la gestion de patrimoine

Publié le 28 septembre 2024 par Patriceb @cestpasmonidee
Une double enquête commanditée par l'éditeur de plates-formes spécialisées Avaloq auprès d'un échantillon d'investisseurs (aisés), d'une part, et de professionnels de la gestion de patrimoine, d'autre part, montre que l'écart, déjà ancien, entre les attentes technologiques des premiers et les offres des seconds continue à se creuser.
Les divergences commencent même sur des exigences apparemment élémentaires. Ainsi, quand deux tiers des consommateurs interrogés affirment que le fait de disposer d'une visualisation graphique de leur portefeuille et de son analyse constitue un facteur essentiel de leur confiance envers leur conseiller, ce dernier s'avère réticent à leur procurer ces éléments et, au Royaume-Uni, par exemple, seulement un sur deux a mis en place une solution susceptible de répondre à ce besoin de ses clients.
Le principal argument avancé afin de justifier une telle circonspection incrimine l'outillage. Les gestionnaires estiment en effet que les solutions qu'ils exploitent ne sont pas adaptées à une exposition aux investisseurs, entre des assemblages hétéroclites et étanches, incapables de présenter une vision globale, et des restitutions complexes, à peu près incompréhensibles à qui n'est pas expert de la finance, en passant par des obstacles techniques tels que l'impossibilité de masquer des données sensibles.

Comme toujours, il est facile de reporter la faute sur les logiciels mis en œuvre… mais ceux qui ont choisi de ne pas les moderniser et ont ainsi sciemment décidé d'ignorer la demande, croissante depuis une décennie, pour une visibilité directe des clients sur leurs actifs portent également une lourde responsabilité. Celle-ci est d'autant plus manifeste et accablante quand l'immobilisme est le résultat d'une volonté de rester l'interlocuteur incontournable et obligatoire pour toute question, qui profite de l'opacité existante. Cette stratégie est évidemment obsolète aujourd'hui.
En revanche, il faut aussi reconnaître un problème de fond : personne – ni les fournisseurs de technologies, ni les nouveaux entrants de la FinTech, qui se contentent trop souvent de partager des données brutes – ne sait vraiment comment délivrer aux investisseurs l'information qu'ils réclament sous une forme pertinente. Sans même aborder les complexités de la personnalisation, chacun ayant des priorités différentes, voilà un sujet qui mériterait une sérieuse introspection… qui reste à entamer.