L'amateursime média

Publié le 05 août 2008 par Jérémy Dumont

L'arrivée d'internet dans la grande conversation mediatique a modifié durablement la diffusion de l'information et donc nos attentes parce que le bouche a oreille passe maintenant  aussi sur internet et chacun de nous journalistes amateurs ou simples relais d'opinions et laisse des traces.

Le site ne paie pas de mine, il ressemble à tous ses collègues du Web 2.0, une pincée de Myspace, un soupçon de YouTube, et le nombre de participants affiché en exergue pour épater la galerie. Comme il faut s’y attendre, l’histoire a pratiquement commencé au fond d’un garage, il y a à peine deux ans. NowPublic a, comme ses petits copains du Net dans le vent, trouvé une formule gagnante puisqu’il a réussi à lever, en juin, 10,6 millions de dollars (un peu plus de 7,4 millions d’euros).

Son fonds de commerce est le journalisme citoyen, mais pas à la petite ­semaine. Plus de 120 000 cyberreporters participent à NowPublic et le nourrissent quotidiennement en textes, images ou vidéos. La start-up, basée à Vancouver au Canada, revendique un taux de croissance mensuel de 35 % et quelques faits d’arme comme des contributions depuis l’intérieur de l’aéroport londonien d’Heathrow, lors d’une alerte à la bombe durant l’été 2006.

En 2007, le magazine Time a distingué NowPublic dans sa liste des 50 sites Internet les plus marquants de l’année. La puissance de frappe est considérable, dixit son cofondateur Leonard Brody : « Nous avons plus de gens dans le monde que les médias traditionnels ne peuvent en avoir. Nous voulons fournir la possibilité de trouver des gens susceptibles d’apporter des informations venant de localités qu’il était impossible de couvrir dans le passé. » Quelques journalistes vérifient, mais c’est principalement la communauté qui valide les informations.

La manne financière va permettre de commencer à payer les contributeurs. « Selon moi, la forme la plus gagnante du journalisme citoyen est le ­reportage, le regard du témoin. » Leonard Brody déteste l’expression journalisme citoyen. « C’est comme dire aux gens qu’ils vont devenir des dentistes-citoyens. Tout le monde n’a pas les compétences ou le talent pour faire de l’investigation, ou du travail d’analyse comme le fait un journaliste. Les cyberreporters peuvent rapporter ce qu’ils voient et ­faciliter le travail des journalistes et jouer comme une alerte pour les infos de dernières heures. »

A lire également dans le dossier Une info citoyenne ? :
- Les sentinelles de CentPapiers (20/08/2007)
- Le journalisme citoyen à l’assaut de l’info (20/08/2007)
- « Je suis contre cette culture de l’amateurisme », entretien avec Andrew Keen (22/08/2007)
- « On laisse le public produire, mais on garde le dernier mot », entretien avec Olivier Trédan (20/08/2007)

ARTICLE : Frédérique Roussel

Lu sur le site écrans

VOIR EGALEMENT LE RAPPORT D'INNOVATION DU COURTS CIRCUITS DU MOIS D'AVRIL :

La grande discussion médiatique