temple de Chidambaram, Tamil Nadu, juillet 2008
L'atmosphère au coeur des temples hindous contraste violemment avec le chaos permanent des rues. On se glisse d'une galerie couverte encore grouillante vers une salle hypostyle délaissée comme on passe de la lumière à la pénombre, et de la pénombre à l'oubli de soi. Là, tout au fond, entre les murs suintant d'odeurs d'eau croupie, de fleurs fanées et parfois d'encens, le prêtre bénit les fidèles aux pieds nus devant une statue de Shiva enluminée. Une main sur un livre, l'autre trempée dans les ocres et la craie pour sceller les fronts à l'âme des Dieux. On aurait presque envie d'abandonner sa confession, troquer le crucifié contre une danseuse et un éléphant s'il ne fallait déjà sortir son billet de dix roupies pour les nourrir. Aimer Brahma, Ganesh et Nandi coûte cher en fleurs, en fruits, en lait de coco et autres offrandes sucrées, comme l'ont dévoilé d'impressionnantes cérémonies où le plus pauvre des fidèles cède son dernier grain de riz pour continuer à prier chaque jour.