Voici une petite nouvelle que j'ai envie de vous présenter depuis un petit bout de temps. Mais la petite était timide... Il lui a fallu quelques semaines pour prendre un peu confiance en elle et faire apparaître sur mes photos ses jolies rondeurs d'oeuf de dragon et sa belle toge rouge. Et le terme est bien choisi, elle a été faite à partir d'une veine de hong ni que l'on a nommé Da Hong Pao, en l'honneur d'un grand thé.
La petite coquette à décidé de se parer de ses plus beaux atours pour sa première présentation au public: un Dong Ding "classique" de Feng Huang, le nouveau de Stéphane, du 30 avril.
Bon, les débuts ont été difficiles, j'avais mes habitudes avec une théière plutôt grande (18 cl), la perte de 7 cl change totalement la donne. Je suis passé à côté de mes premiers thés, soit parce qu'ils étaient dosés trop forts (comme ce Dong Ding par exemple), soit parce qu'ils étaient dosés trop faiblement. Le plus étonnant, c'est la facilité avec laquelle les feuilles de oolong en boule se déploient dans la théière pour former un enchevêtrement assez dense de feuilles de thé. La théière explose littéralement, la preuve en images...
Pour l'instant, on en est encore à la phase des premiers essais... Il lui faut laisser le temps de se culotter. Elle a quand même fait montre d'une très grande qualité: elle n'a pas d'égal pour faire ressortir le côté crémeux de nos chers oolongs. En revanche, elle ne fait pas ressortir autant la rondeur et la longueur des thés que ma théière précédente, mais ça commence à venir. Ah! Il faut que jeunesse se passe...
Revenons à notre Dong Ding. Cette fois-ci, j'ai essayé un dosage plus léger. J'avais l'impression de passer à côté lors des essais précédents, mais j'en reparlerai plus tard. J'ai aussi réalisé des infusions relativement courtes: 25 secondes, puis un incrément de 5 secondes à chaque infusion.
Les boules de thé sont très compactes et se déploient énormément lors de l'infusion. C'est en fait un bourgeon plus deux feuilles, comme pour le Guei Fei (tiens, en voilà un autre dont il faudra que je parle), contrairement au Shan Lin Shi de cet hivers où il n'y avait qu'une feuille très grande avec le bourgeon. Le bourgeon et la première feuille sont relativement petit en comparaison de la seconde feuille. En se déployant, les feuilles prennent une couleur, vert foncé jauni assez uniforme, signe de la torréfaction.
La liqueur est jaune doré, même dans mes tasses en céladon vert-d'eau. Dans la cruche en verre, la couleur tends vers l'orangé. Elle a une odeur très oolongesque de caramel, de cacahuète avec un soupçon de noix de coco. De plus une odeur verte/fleurie s'amplifie au cours des infusions.
Le thé est très doux, extrêmement crémeux et sucré, laiteux même je dirais: ça me fait penser à un lait chaud avec du caramel et du sucre roux, avec une belle présence en bouche, avec un petit goût fruité de mirabelle se pointant au loin. Lors des infusions suivantes, une note fleurie apparaît, un peu comme dans un lassi à l'eau de fleur (je n'ai pas encore réussi à la déterminer, j'ai encore quelques lacunes pour distinguer les goûts fleuris, en tout cas, ce n'est pas de la rose).
Une première phase qui a duré 6 bonnes infusions.
Une seconde phase apparaît: le laiteux s'estompe un peu, sans totalement disparaître. Il en va de même du sucre et du caramel: serait-ce la fin de l'influence de la torréfaction? Le fruité reste au fond, le fleuri est bien présent. Un légère pointe d'amertume très agréable fait son entrée. De la fraîcheur en bouche l'accompagne, la même sensation de frais que dans le Baozhong fleur de lys, même si les deux thés n'ont rien du tout à voir l'un avec l'autre... Juste une impression. Là dessus, une sensation de sécheresse pointe le bout de son nez, et grandit sur les quatre infusions suivantes. L'annonce d'une nouvelle phase au bout d'une douzaine d'infusions.
Changement radical! On est arrivé à la fin du thé, mais je décide de le pousser un peu encore, pour voir un peu au delà. La fraîcheur et la sécheresse sont là. Elles s'accompagne d'un petit côté crayeux moins agréable (mais je pense que c'est l'antonymie avec la douceur du début qui me fait penser cela. La pointe de mirabelle reste présente, mais une autre note grandit, très forte, c'est de l'anis ou du fenouil, très frais donc. Et un petit côté poivré.
Au bout d'autant d'infusions, les feuilles sont moins jaunâtres, elles ont repris un peu de vert et un peu de brun rouge.
Je remarque que j'étais passé à côté de ce thé avec des dosages plus forts. J'avais perdu la phase laiteuse. il y avait de l'amertume, une pointe d'astringence, de la sécheresse et surtout une sensation crayeuse bien présente. On retrouvais dès le début les notes vertes fraîches et anisées. Le caramel était là, mais pas la douceur. Rien de bien folichon.
Voici un thé qu'il faut découvrir. Très crémeux, très fin, très équilibré, plein de sensations... Je pense qu'il restera longtemps ma référence en matière de Dong Ding. A moins que dans un futur proche, Stéphane nous offre une nouvelle avancée vers la perfection, et que je doive me dédire...
Et concernant la question que je me posais sur mon Dong Ding précédent, et bien , ce n'étais pas du tout un Dong Ding; on ne ressentait pas le même terroir, la même philosophie du thé. C'était quand même un bon thé sans prétention.