Lire c'est accepter d'apprendre l'univers des autres, entrer dedans. C'est écouter un autre, tenter de comprendre, confronter ses idées, ses peurs, découvrir, se renseigner, en apprendre parfois sur soi-même, plonger dans un monde qui n'est pas le nôtre. C'est vibrer sur un ton qui n'était pas le sien. Nager en eaux nouvelles. Respirer sur le rythme d'un(e) autre.
Et respirer, c'est vivre.
LIVE FROM NEW YORK: THE COMPLETE UNCENSORED HISTORY OF SATURDAY NIGHT LIVE AS TOLD BY IT'S STARS, WRITERS & GUESTS de James Andrew Miller & Tom Shales.
1972 à 1980. Je nais, j'ai autour de 8 ans quand mes parents décident que chacune de mes soeurs (7 et 5 ans, respectivement) auront chacune la leur au lieu de coucher dans des lits superposés dans la même. Elles ne dorment pas assez de toute manière, elles en profitent pour jaser dans la nuit. Je n'ai pas demandé le sous-sol, mais je l'obtiens. Ça devient mon royaume. Un trois pièces composé d'une salle de télé, une salle de jeu et de ma chambre comprenant une porte sur laquelle un miroir en signe des Nordiques, qui font leur entrée dans la LNH, est posé. Tout le monde envie mon miroir. Le mal parental n'est que déplacé de 2 enfants à un autre, plus grand.
La nuit je fais semblant de dormir dans ma chambre, mais après une heure ou deux. Le temps que les parents se couchent aussi, je sors de ma chambre et vais deux pièce plus loin. Écouter le match de hockey, regarder un film. Quand les stations de vidéos musicaux en continu arrivent , pour les écouter en reprise la nuit. Le samedi soir, pour écouter Saturday Night Live. En direct de New York. Même ado, à mes retours de sorties entre ami(e)s, j'avais enregistrés les émissions et les écoutaient pour dégriser ou sortir de mon buzz. Peut-être riais-je parfois pour rien.C'est maintenant moi qui ne dort plus. Et NY me parait la ville la plus cool sur terre. Encore de nos jours. Avec Londres, Reikjavik, Berlin, Montréal ou Dublin.
Saturday Night Live est composante de mon adolescence. C'est une émission toujours diffusée chaque samedi, en direct de NY. Avec un groupe de comédiens de l'émission et toujours un(e) invité(e), une personnalité connue, et un(e) artiste musical en vogue qui jouera deux morceaux de musique. Tu y passes, tu as réussi. Tu y meurs aussi. Je vois en direct Sinead O'Connor que j'adore alors parce qu'Irlandaise comme moi, mais aussi parce que j'aime sa musique, déchirer la photo du pape disant "fight the real enemy". La religion. Elle avait 400% raison. Mais avec ce geste, elle est huée publiquement, soustraite d'albums, "cancellée". En plus d'être bannie de l'émission qui aime être en vogue, jamais en vagues. Elvis Costello, Martin Lawrence, Steven Seagal, Adrien Brody, The Replacements ont aussi été bannis (Costello,pardonné et réinvité) pour différentes raisons. Andy Kaufman est le seul membre de l'équipe même de Saturday Night Live a avoir été banni de l'émission, parce que voté trop inconfortable, banni/expulsé par vote du public.
On revit dans ce livre les débuts de l'émission et dans les versions les plus récentes, une centaine de pages sont ajoutées pour les années suivantes. Le livre est paru en 2002. On raconte la première mouture de Saturday Night Live. Une édition où tout le monde couchait avec tout le monde, où tout le monde consommait de la drogue, Jim Belushi en mourra, où personne ne comprend le producteur d'origine canadienne Lorne Micheals, tout le monde aime Gilda, qui mourra aussi, Chevy Chase est le trou de cul connu, Jane est une femme mariée avec un chat. Plus tard ils adopteront Bill Murray.
Eddie Murphy s'y fait découvrir, Joe Piscopo devient possessif de son personnage de Frank Sinatra. Personne ne comprend toujours ce qu'il/elle fait. Toujours en direct. Ce chaos est largement aimé. Billy Crystal y passe, Martin Short. Personne ne comprend Lorne, et on réalise que c'est probablement ce qu'il souhaite. On ne sait pas prononcer le nom de Dan Aykroyd à ses débuts. Chris Farley meurt aussi. Will Ferrell y commence. On ne comprendra jamais Lorne. Ce n'est pas une narration mais plutôt des entrevues avec les gens qui ont participé à l'émission. L'auteur Micheal O'Donoghue y meurt aussi. À 54 ans. Ses maux de tête devenant un jour, une hémorragie mortelle. Le père de Pete Davidson, pompier, meurt dans les tours jumelles du 11 septembre 2001. Après une tentative de suicide, Davidson adulte, revient à l'émission, pour faire rire. Tragi-comique. Mémorable. Je vous l'ai dit qu'on y mourrait. Mais surtout, comme en écoutant cette émission qui sévit en direct depuis 1975 tous les samedis de New York, à 23h30. Jusqu'au dimanche matin, on rit.Drôle, humain, inhumain aussi, tragique également, surtout chaotique, ce livre se lit très rapidement puisqu'on suit l'équivalent de dialogues de gens qui nous parlent. Ce sont des entrevues. Ce livre est documentaire. On y trouvera une demie tonne de personnalités aujourd'hui populaires.
Ce livre a beaucoup plus plaire pour ceux et celles qui s'amusent encore de cette émission tardive du samedi swère.Ou encore pour ceux et celles qui s'intéressent aux artistes d'hier.
Livre dont on vient tout juste de faire une adaptation en film. Réalisée par Jason Reitman. Né à Montréal en 1977. Presqu'en même temps que l'émission. Réalisateur du parfait Up in The Air.
Sortie limitée prévue le 11 octobre prochain.