Il est le chouchou des sondages comme il fût celui de Dalida.Selon un sondage CSA, à simple valeur indicative, publié dimanche dans Le Parisien-Aujourd’hui en France, 27% des Français en font leur candidat préféré à la succession de François Hollande. Bertrand Delanoë malgré les années qui s’écoulent reste un homme politique atypique. L’intriguant mélange du strass et des paillettes et de la rigidité Jospinienne dont il se réclame.
Fantaisie en vitrine mais autoritarisme en arrière cour. A sa façon, le Maire de Paris propose de faire le ménage au kärcher dans un PS plus kafkaïen que jamais. Contre l’idée reçue que le PS se prend par la gauche, Bertrand Delanoë affiche son ambition de s’en emparer par la droite. Il rompt de ce fait avec l’indécision mortifère jusqu’alors prédominante sur la stratégie à adopter, entre rapprochement avec les centristes ou ligne plus à gauche.
Bertrand Delanoë souhaite que le congrès de Reims « soit celui de la clarification, pour un parti dynamisé, créatif et ouvert ». Le rassemblement qu’il propose concerne les courants classiques Aubry, Hollande, Moscovici, Ayrault mais aussi le pôle écologique. Mais sans Fabius, sans l’aile gauche et radicale du PS, et sans Royal. « Un certain nombre d’entre nous devraient avoir le courage de se rassembler sur les idées qu’ils partagent » a lancé sans détours le Maire de Paris.
Dans cette grande braderie, le tout nouveau pôle écologique réussit son entrée. Faible numériquement mais puissant dogmatiquement les socialistes écolos trouvent dans l’invitation du Maire de Paris une fulgurante reconnaissance même si l’opération de séduction menée a son égard est facilitée par la présence de Christophe Caresche, élu parisien, parmi les piliers du Pôle.
Le pari de Bertrand Delanoë est logique mais osé. Il est la suite logique de sa propre qualification de «socialiste et libéral» qui lui a valu notamment les critiques de l’aile gauche du parti. Il est nécessaire pour mettre fin au caractère inaudible du parti et pour jeter les bases de la construction d’une alternative crédible à la droite.
Cette mise à l’écart de la gauche radicale du PS est toutefois porteuse d’un réel risque de schisme pour nombre de militants mal à l’aise dans la vieille maison socialiste notamment depuis le référendum sur le TCE. Ces derniers pourraient être tentés par la nouveauté, le jeunisme et le discours très offensif d’Olivier Besancenot. Au-delà, par la position intellectuellement confortable du Nouveau Parti Anticapitaliste, contre tout mais ne proposant rien et, pas vraiment disposé à exercer des responsabilités.
Le risque c’est que pour l’emporter aux prochaines présidentielles, les seules forces socialistes ne seront pas suffisantes. La victoire passera par une capacité à rassembler au-delà de son propre camp vers le centre certes, mais aussi, sur la gauche. En cas de sacre à Reims, Bertrand Delanoë ne devra pas apparaître comme un judas de droite au sein de la gauche et cristalliser toutes les rancoeurs.
Dans l’entretien publié dans Le Monde du 26 août à la question « Olivier Besancenot constitue-t-il un danger pour le PS ? » le Maire de Paris apporte une réponse prudente et bienveillante : « La situation sociale désespérante justifie une contestation forte. Simplement, il n’y a de solution réelle à cette désespérance que par la réforme assumée et l’acceptation de la prise de responsabilité. C’est la raison d’être des socialistes : produire du progrès social ».
Incontestablement doté de la main de fer nécessaire à une remise en ordre du PS, Bertrand Delanoë doit dans l’immédiat démontrer qu’il dispose également du gant de velours qui va avec, gage de la réussite du rassemblement autour de sa personne. Or à ce jour Pierre Moscovici et Martine Aubry semblent toujours déterminés à tenter leur chance. Attendons lundi. Le charme de La Rochelle allié aux effets de l’iode marine feront peut être sentir leurs effets ce week-end.