Pour la 7e année consécutive, à travers les visuels de la scène culturelle Le Grand Pré à Langueux (22), il y a l'histoire d'une vraie démarche graphique et d'un voyage au cœur de l'illustration.
En 2007, l'Espace culturel du Grand Pré ouvrait ses portes, mais avant d'être une scène culturelle, le Grand Pré était d'abord un parc de 12 ha s'ouvrant sur la baie de Saint-Brieuc et ses vallons boisés, comme une véritable coulée verte menant jusqu'aux grèves et le sentier des douaniers. Ce travail d'architectes et de paysagistes a rendu l'endroit bucolique et apaisant en nous invitant à déambuler dans son écrin de biodiversité. Les sportifs y courent, les familles s'y promènent tandis que le soir venu, la salle de spectacle ouvre ses portes pour découvrir une programmation culturelle inédite.
Lieu de vie unique et ouvert à tous, la double dimension culturelle et naturelle constitue le point de départ du concept graphique. C'est aussi mettre en scène l'espace, la quiétude que tout visiteur ressent en entrant dans le monde du Grand Pré. Tel un tableau de Magritte, il faut inviter le public à entrer de l'extérieur vers l'intérieur, à s'approprier le site, à le vivre pour s'y sentir bien. Et s'il y avait de la poésie et de la magie dans le Grand Pré ?
Depuis 2018, le partenariat entre Le Grand Pré et le studio Dezzig est l'exemple d'une collaboration étroite et pérenne où l'art graphique joue un rôle crucial dans l'image de marque du lieu. De l'affiche à la mise en page du programme, cette synergie contribue à créer une empreinte visuelle forte, immédiatement identifiable. Chaque saison culturelle est marquée par une illustration qui représente la diversité des spectacles et des événements proposés tout en restant fidèle à l'esprit du lieu : mettre en scène la nature et le spectacle vivant (et réciproquement !).
D'abord conçue en deux séries de tryptiques, j'ai travaillé dans une démarche de symbolisme visuel où chaque illustration renvoie à une thématique ou une ambiance particulière, tout en laissant place à l'interprétation du spectateur. Pour la première série (2018-2020), j'avais choisi tout "bêtement" d'évoquer la nature dans un imaginaire à double lecture. Inspiré par les masques Nô de théâtre japonais et leur aspect expressif, j'ai alors jeté mon dévolu sur le scarabée dont la forme rappelle immédiatement celle d'un visage ou le masque d'un catcheur. On est donc dans le jeu visuel : l'insecte, la nature et le théâtre, réunis dans une seule image. On m'avait demandé d'interpeller le jeune public et les ados dans une démarche plus ludique, j'ai donc caché dans cette série des références aux comics, aux personnages : Tortue Ninja, Dark Maul (dans Star Wars), Captain America.
À partir de 2021, c'est le début d'une nouvelle série où l'aspect humain est au premier plan avec ses masques en ailes de papillon de nuit ! La série des visages explore une autre dimension, plus humaine et introspective. Tout devient végétal : les cheveux se transforment en herbe et le "labyrinthe" des ailes du papillon rappellent les sentiers du parc. J'ai d'abord travaillé sur un portrait féminin (avec un clin d'œil à Audrey Hepburn), ensuite un personnage masculin à moustache évoquant le monde du cirque avec son monsieur Loyal (on pourrait même y voir un hommage à Freddie Mercury !) puis une femme métisse avec ses motifs ethniques inspirés par la reine de Saba : un voyage entre les cultures tzigane et l'Afrique qui correspond parfaitement au fil rouge de la programmation 2023-2024 (Modou Fata Touré, figure artistique emblématique du Sénégal et la Cie Humpty Dumpty). L'idée était aussi de constituer un "bestiaire" imaginaire : le petit peuple de l'herbe ! Amusants et décalés, ces petits personnages montrent tout l'esprit du Grand Pré pour étonner, amuser et rendre accessible le spectacle vivant. J'avais même " innové " en proposant un visuel "de jour" et un visuel "de nuit".
Pendant 6 années, avec leurs scarabées, visages et papillons, mes illustrations on incarné à merveille l'esprit du Grand Pré. Elles constituaient autant de symboles visuels qui ont invité le public à plonger dans un univers culturel et naturel. Pour la nouvelle saison 2024-2025, l'objectif était de rompre avec les concepts graphiques précédents et de proposer une nouvelle direction visuelle. Guidé par la programmation 24-25 très féminine et la présence de Rana Gorgani (rare interprète des danses des derviches tourneurs), je me suis inspiré de sa robe et des motifs orientaux pour créer un petit monde évoquant la nature et l'imaginaire enchanté d'Alice au pays des merveilles. Une promenade onirique dans le parc de verdure du Grand Pré avec sa robe de champignons, ses petits lapins et ses chenilles !
Le Grand Pré m'a toujours inspiré ce voyage entre l'intime et la nature, un jeu visuel permanent entre le rêve et la réalité comme un petit monde dans un grand. L'univers graphique des illustrations permet cela en devenant un vecteur d'émotion et de réflexion en osmose avec la vocation du Grand Pré de proposer des expériences culturelles qui touchent un large public.
Plus d'infos sur le Grand Pré : www.legrandpre.info
Consulter le programme du Grand Pré
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