Album - LUCIDE - L'adversaire

Publié le 15 septembre 2024 par Concerts-Review

Album - LUCIDE - L'adversaire

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LUCIDE - L'adversaire LP 2024

Pierre V.(erhaeverbeke) et Fran V.(anthournout), 2 amis de plus de vingt ans, mûris au temps du bon vin, sont LUCIDE, duo qu'ils forment en 2018.
Après une maquette de 3 titres, les hommes de Picardie publient 'L'homme de paille' en 2021, tel un épouvantail qui, parfois, effraie les oiseaux légers.

Sur leur nouvel LP, concis dans les titres claquant en un mot, Fran, l'auteur des paroles, se livre, réaliste avec une forme de violence retenue, au bord de l'éclatement.
Oui, LUCIDE se veut grave dans le texte.

Pour la musique, plutôt Soen que Tool, LUCIDE dispose de bons outils pour fabriquer un post rock metal.

A l'unisson, la pochette, majoritairement sombre, présente un beau visage féminin, encapuchonné et maculé de noir en camouflage militaire.
Des lèvres, surlignées de rouge, adoucissent une expression déterminée. Une mise en condition pour combattre un adversaire invisible?

Une guitare sous-accordée pose les bas(s)es de l' Antipode' puis un crash de cymbales accueille un riff sec, saccadé et tournoyant.
Le chant semble déplorer les mauvaises raisons des migrations et leurs conséquences humanitaires.
Une rayure insistante à la gratte, enveloppée d'une basse grondante et de coups à la batterie, creusent un couloir angoissant.
Les punchlines, alliées à l'épaisseur instrumentale, évoquent parfois Mass Hysteria.

Intro par une griffure de cordes s'enfonçant dans une rythmique pesante.
A l'opposé, le débit du chant s'empresse. Le refrain joue du tranchant.
La mort envahit la plupart des morceaux, ' Vortex' porte des cicatrices.

Triturée, la basse geint à l'entrée de ' Coercitif' avant qu'un riff vrillé ne te perfore le tympan.
Un passage saccadé sur fond de voix 'radio', suivi du riff original, retourne le couteau dans la plaie et ça fait mal.
La caisse claire, comme coup bas, vient porter l'estocade. Dérives du mal être jusqu'au mal dans la peau!

Un arpège d'harmoniques tisse la toile arachnéenne de l ' Arche'.
Un chant, proche d'un électrocardiogramme plat, traine son abattement.
Par instants, il relève la tête sous les coups de boutoir de la rythmique.
Un morceau désolant sur l'aberration de la guerre devenue ordinaire.

De nouveau, un riff saccadé sur une cadence chaotique ouvre ' Torve'.
La voix se porte encore mieux lorsqu'elle sature ou prend du gras.
Une cassure dépouille l'instrumentation, laissant juste quelques notes au piano aussi triste qu'un suicide.
Puis s'électrisant progressivement, le morceau s'achève dans un élan de colère sauvage.

Démarrage a capella par un timbre de voix fébrile, passée au haut-parleur.
Lorsque les arrangements associent un riff tranchant à la rythmique basse-batterie orageuse, le chant monte en pleine puissance.
La basse résonne sous les doigts, seule dans un étroit goulet, juste avant l'explosion.
' Lei si vendica' signifie 'Elle se venge' et c'est de notre terre maltraitée qu'il s'agit.

Une corde basse frottée 4 fois, interrompue par un staccato aigü en 2 touches, forme le riff en leitmotiv.
L'effet tranchant accompagne une voix avec un brin de Bernie (le bonvoisin pas le taré logé chez Dupontel).
Lorsque le refrain intervient la phrase musicale joue avec entrain. Le morceau alterne placage accablant et refrain terriblement accrocheur.
La 'Rédemption' aura-t-elle lieu?
' Fléau' installe un mid-tempo marqué, aux accords de guitares bien travaillés, entremêlant joliment basse et lead.
Le titre déroule telle une complainte au chant... plaintif, variant sa tonalité.

Un riff en boucle, au son plaqué, invite la trame vocale à se caler sur un rythme syncopé, en accélération implacable dans les dernières secondes.
Un équilibre précaire qui favorise le mal-être de ' Halo' semblant traiter de maladie mortelle.

Le riff introductif tourne en 4 phases que la batterie vient cadencer.
Dans la grisaille, la trame musicale s'étend, telle une bactérie maligne, jusqu'à un break, à gorge hurleuse, tiraillé dans tous les sens.
Puissante et hargneuse, la composition s'éteint brutalement où l'on devine que ' L'adversaire' invisible qualifie la maladie.

Tout au long des 10 plages, les 2 compères en V., parfois véhéments, et pareils à un aimant, attirent la tension.
Plus que l'océan, c'est l'amertume qui vient lécher les plages, souvent dans une colère écumante.
Très bien construit, le disque ne vous tirera pas un sourire mais apportera le plaisir d'un travail bien fait de bout en bout.

Pierre V. : music and instruments
Fran V. : lyrics and vocals

All songs written and recorded by Lucide
Produced by Konstantin Cajkin (Connasound)
Mastered by Carl Saff