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"Retour après la nuit" de Bill James (Roses, Roses)

Par Cassiopea

Retour après la nuit (Roses, Roses)
Auteur : Bill James
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Danièle et Pierre Bondil
Éditions : Rivages (15 Mars 2024)
ISBN : 978-2-7436-6258-5
380 pages

Quatrième de couverture

Lorsqu’elle fut assassinée de trois coups de couteau dans la poitrine sur un parking, Megan Harpur rentrait chez elle dire à son mari qu’elle le quittait pour un autre homme. C’était Harpur lui-même qui avait trouvé le corps de Megan aux premières lueurs de l’aube. A ce moment précis, il avait suivi la routine, il avait agi en policier, maître de ses réactions. Quand il dû annoncer la nouvelle chez lui, ses filles se préparaient pour l’école et, soudain, il redevint père et mari.

Mon avis

Bill James est un des noms de plume d’Allan James Tucker (1929-2023) qui a également écrit sous les patronymes de David Craig et de Judith Jones.

Sous le pseudo de Bill James, il a mis en scène deux personnages récurrents, le super intendant Colin Harpur et son patron Desmond Iles. Il y a trente-trois livres dans cette série, et seulement quatorze sont traduits en France. « Retour après la nuit » est le dixième mais le premier à avoir été publié par les éditions Rivages une première fois en 1998 puis en 2024.

Ce récit a été rédigé en 1995, c’est important de le savoir, pas de téléphone portable pour envoyer des textos ou passer des appels en cachette. Pourtant, Megan s’arrange pour aller à Londres assez régulièrement afin d’y retrouver son amant, Tambo. Elle rentre ensuite en soirée, assez tard, à la maison vers son mari, Colin, et ses filles. Personne n’est dupe mais la politique de l’autruche a parfois du bon. Mais cette fois-ci, c’est décidé, elle dira à son époux que c’est terminé, et qu’elle va vivre avec un autre. Après tout, les « petites » sont grandes, treize et quinze ans et elles comprendront que leur mère a besoin d’autre chose. De toute façon, elles s’en doutent et attendent probablement que les choses s’éclaircissent au plus vite. Elles en ont vraiment plus qu’assez, les secrets, les faux semblants, elles n’en veulent plus ! D’ailleurs, pour leur père, c’est la même chose. Qu’est-ce qu’il imagine ? Qu’elles ne voient rien ?

Ce jour-là, proche de Noël, Megan rentre de Londres en train comme toujours, elle a fait des achats de cadeaux et réfléchit à ce qu’elle va dire pour mettre un terme à son mariage. Mais elle n’arrivera jamais. Colin se rend en pleine nuit à la gare et découvre son cadavre à côté de son véhicule. Elle a été assassinée. Était-elle directement visée ou voulait-on le faire souffrir lui ? Ses enquêtes et ses méthodes dérangent quelques fois… Il ne peut pas, bien entendu, mener des investigations. Mais peut-il se contenter d’attendre ? Voir exposée sa vie, celle de Megan et celui qu’elle voyait en cachette ? L’ambiance est tendue avec ses collègues, ils n’arrivent pas à communiquer, à s’écouter, voire à se faire confiance et ça ne simplifie rien.

Ce roman nous offre deux « entrées ». D’une part le présent avec Colin, ses filles, les co-équipiers, les « indics », les connaissances, qui cherchent, chacun à leur manière, à résoudre le mystère de ce meurtre. D’autre part, en parallèle, on revit la journée de Megan, on suit ses pensées, ses réflexions, notamment quelques petites choses qui la tracassaient chez son amoureux.

Un gigantesque puzzle se met en place. Colin est un spécialiste des zones d’ombre, il creuse pour cerner celle des autres, il s’applique à cacher les siennes. Il investigue sans en parler au boulot, ni chez lui. Mais les deux adolescentes de la famille, très terre à terre refusent de s’en laisser conter. Inutile de leur raconter des mensonges !

« - Un de tes rabatteurs, papa.
- Qui ?
- Ils ont des noms ? Mais en tout cas, il avait une voix d’indic. »

Colin n’hésite pas à franchir la ligne rouge, à « s’arranger » avec la loi et la morale : dettes de reconnaissances secrètes, services rendus ou à rendre avec échanges d’informations sous le manteau. Ne pas tout écrire dans les rapports, ne pas tout dire… C’est ainsi, les policiers vivent sous pression permanente et il n’échappe pas à la règle…

Je ne connaissais pas cet auteur et cette lecture a été plus qu’agréable. J’ai apprécié l’écriture (merci pour la traduction) qui fouille les âmes, décortique les personnalités, et montre la fragilité d’un couple lorsque la profession de l’un est trop « prenante » et difficile à partager, à expliquer. J’ai aimé les raisonnements de Megan et Colin, chacun de leur côté, pour cerner les événements, finalement, c’est peut-être le moment où ils se sont le mieux compris, même si c’était trop tard !

Je vais lire d’autres aventures avec Colin Harpur !



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