Témoin la bigarrée pochette qu'on dirait échappée de Klimt sur laquelle et c'est unique pour être signalé, figurent les visages des quatre Banshees. Très en voix, Siouxsie aligne ici moult classiques qui seront avantageusement repris dans Nocturne le live de 83. Qu'il s'agisse de "Cascade", "Melt!", du trépidant "Painted bird" ou de "Slowdive" les quatre au summum de leur forme déploient des trésors d'instrumentation et d'idées de production.La batterie de Budgie élégamment mixée martèle ses toms sur "Cascade et il faut voir les incroyables contre-temps sans cesse décalés lors de chaque refrain qui sont infligés à "Green fingers'' rappelant et sublimant ceux de "Happy house" dans l'excellent Kaleidoscope (80). Tout est onirique dans cette chanson introduite à la flûte et l'on perçoit les influences psychédéliques du rock anglais qui obsédaient alors le groupe.Toujours à la recherche de sons nouveaux, les Banshees font pour la première fois appel à une violoniste et à une violoncelliste sur le spasmodique "Obsession" ainsi que sur "Slowdive. Jamais avares d'expérimentations, Siouxsie et ses hommes rivalisent d'inventivité offrant au classique"She's a carnival" un curieux outro d'orgue hanté interprété par un Steven Severin très inspiré.Et McGeoch de parer "Circle" sur lequel Budgie convie un nouvel esprit tribal, de sons synthétiques de chasse à courre. L'album sans doute le varié et foisonnant de l'histoire du groupe est ainsi à l'avenant. Le magnifique "Melt!" et ses roucoulades de mandoline reproduit en début de face B la même émotivité et le même lyrisme que "Cascade" ; Siouxsie n'avait jamais aussi bien chanté jusqu'ici. Et s'octroie même une parenthèse jazz dans la ouate sur "Cocoon".
Assez curieusement, A Kiss In The Dreamhouse bien qu'ayant connu un grand succès critique et auprès des fans n'est pas l'album le plus cité de la célèbre trilogie des Banshees. Les aficionados du groupe lui préférant généralement Juju pourtant très monochrome en comparaison. En effet, qu'il s'agisse du chant ou des compositions et particulièrement du genre goth-punk largement transgressé ici n'étaient les effets de chorus et de flanger propres aux guitares, ce dernier album enregistré avec le magicien McGeoch qui hélas sombrera dans la dépression et lui fera quitter le groupe peu après, est de loin ce que Siouxsie And The Banshees ont produit de plus achevé.
Par la suite, Robert Smith reprendra un temps et avec brio le legs de McGeoch et le groupe enregistrera deux bons disques avec John Carruthers Valentine (futur Mabuses) mais rien qui atteigne la perfection de cet espèce d'âge d'or connu entre 1980 et 1982.
En bref : l'inventivité à tout crin d'anciens punks reconvertis goths qui ici transcendent et rivalisent largement avec leurs influences pop psychédéliques les plus enfouies.