Bastia : SOS Méditerranée face à la tempête, la Corse refuse de devenir Lampedusa
La polémique enfle autour de l'accueil de l'ONG en Corse, illustrant les tensions sur l'immigration.
Un réseau de bénévoles sous tension
Au cœur de la tempête méditerranéenne, l'ONG SOS Méditerranée a jeté l’ancre à Bastia pour y développer un premier réseau de bénévoles.Les dates, les 22 et 23 septembre, marquent une escale qui aurait dû être une fête de l'humanité, mais qui s’est rapidement transformée en champ de bataille verbal, nourri par des réactions politiques virulentes et des échanges enflammés sur les réseaux sociaux.
Réactions d'un mouvement identitaire
Nicolas Battini, président du mouvement identitaire Mossa Palatina, n’a pas mâché ses mots.
Sur X, il a clamé son opposition, fustigeant l'ONG pour son prétendu rôle dans un trafic d’êtres humains. La Corse, a-t-il insisté, ne sera jamais une petite Lampedusa : « Nous ferons tout pour marginaliser son action, dans le cadre de la démocratie », a-t-il ajouté, énonçant une devise inquiétante qui évoque le repli et la peur.
Une ONG internationale connue pour son rôle actif dans le trafic d’êtres humains en Méditerranée se structure en #Corse.
— Nicolas Battini (@BattiniNiculaiu) September 18, 2024
Nous allons tout faire, dans le cadre de la démocratie et du débat pacifique, pour marginaliser son action chez nous. La Corse ne sera jamais #Lampedusa.
Lampedusa ?
Lampedusa, ce nom résonne comme un écho lugubre dans le paysage des migrations modernes. Cette île italienne, noyau de désespoir, est devenue le principal point d'entrée pour une humanité en quête d'asile, fuyant des réalités désenchantées.
Sa réputation, façonnée par des naufrages tragiques et des histoires de souffrance, est devenue le symbole d'une crise dont l'ampleur dépasse l'entendement.
Dans le contexte qui nous préoccupe, l'invocation de Lampedusa révèle les angoisses d'une Corse qui redoute de se muer en un nouveau carrefour de l'immigration clandestine.
Les habitants, ainsi que les décideurs, craignent un afflux de migrants qui pourrait déstabiliser l'équilibre fragile de leur société, engendrant des tensions inévitables et des problématiques sociales déjà épuisantes. Lampedusa n'est pas seulement un lieu ; c'est un avertissement, une mise en garde contre le risque de voir la mer, ce vaste espace indifférent, devenir le théâtre de nouvelles tragédies.
La riposte des Corses
Marie-Pierre Cesari, du mouvement Reconquête, a rebondi sur cette provocation avec des affirmations tout aussi tranchantes : « Les Corses n’ont aucune leçon à recevoir », proclamant que la solidarité devait d’abord s’adresser à ses propres.Les échos de ce discours résonnent à travers les voix nationalistes, comme celle de L’Unione di a Ghjuventù in lotta, qui voit dans l’accueil de SOS Méditerranée une menace à la paix civile de l’île.
Une voix pour la solidarité
Pourtant, Gilles Simeoni, président du Conseil exécutif de Corse, a pris position pour l’ONG, rappelant la dimension humaine de son action.L’aide aux personnes en détresse, a-t-il affirmé, devrait être un réflexe d’humanité, à l’opposé des discours de haine et de division.
Porter secours à un être humain en détresse est un geste élémentaire d’humanité. Notre solidarité avec celles et ceux qui l’accomplissent, en Méditerranée ou ailleurs, est naturelle. Il n’est pas inutile de le rappeler à ceux qui cherchent à semer la haine en attisant les peurs. https://t.co/srldW3pIDq
— Gilles Simeoni (@Gilles_Simeoni) September 20, 2024
Une conférence annulée, mais la résistance persiste
La controverse a atteint son paroxysme avec l’annulation d’une conférence prévue au Parc Galea, illustrant l’ambiance pesante qui règne. La directrice générale de SOS Méditerranée, Sophie Beau, devait y parler de la Méditerranée comme cimetière de migrants.
Le parc, invoquant la nécessité d’un climat serein, a tranché dans le vif de l'événement.
Malgré cette annulation, l'association maintiendra néanmoins la projection de « Mothership », un documentaire poignant, le 23 septembre.
Ce film, reflet des luttes et des vies à bord de l’Ocean Viking, se veut un témoignage à la fois nécessaire et dérangeant.
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