Abraham Stone marque un certain retour de Joe Kubert dans la création, au début des années 90, après une bonne décennie où il avait surtout consacré ses efforts à son école de dessin, la Kubert School Cartoon and Graphic Art. Cette œuvre témoigne d'une volonté de s'éloigner des récits de genre où l'auteur avait brillé (guerre et super-héros). Visiblement armé de nouvelles préoccupations Kubert s'oriente vers des terres plus sociales et réalistes. Abraham Stone est un jeune américain du début du siècle dernier. Un petit gars de la campagne de Pennsylvanie venu à New York sur les traces des assassins de sa famille. Ses investigations l'amènent à intégrer la pègre de l'East Side. Il ne tarde pas à découvrir les liens qu'elle entretient avec un certain capitaliste ferroviaire... Une aventure très "Will Eisner" en somme, le comique et la distance en moins (un lecteur a-t-il déjà trouvé une trace d'humour dans un bouquin de Kubert ???). Cette inclinaison thématique s'accompagne d'un changement de format. Kubert a conçu les aventures d'Abraham Stone pour le marché européen, et plus précisément pour son ami Erwin Rustemagic des
Tel quel, le tome 1 se suffit à lui-même. Une histoire de vengeance, simple, efficace, avec de belles scènes de pluie et des méchants vraiment méchants. Kubert ne fait pas dans la dentelle, mais son manichéisme allié à la fluidité de la narration assure un grand confort de lecture. Sa joie de dessiner est indéniable et entraînante. Une ardeur qu'il aura un peu perdue sur le travail de commande Tex, dont nous reparlerons dans ces colonnes.
Abraham Stone, T.1 Rat des villes de Joe Kubert, 1992, Glénat. Un album qui comme la plupart des tomes 1 demeurés sans successeurs se trouve assez facilement en occasion.
Dans nos archives : Joe Kubert (1) : Face au Viêt Công.