Roman - 450 pages
Editions Robert Laffont - août 2017
Editions poche 10/18 - août 2018
Charmaine et Stan galèrent dans une précarité qui les contraint à se geler dans leur vieille voiture. A la télé, une publicité qui convainc Charmaine, attirée par la promesse de sécurité et de confort : des candidats vont être sélectionnés pour participer au projet Positron d’un nouveau genre. En effet, chaque personne ou chaque couple vivra dans une maison offerte avec un travail assuré à Concilience. Mais ce sera une semaine sur deux. L’autre semaine, chacun la passera en prison, et la maison libérée sera habitée par quelqu’un d’autre, un autre couple en l’occurrence. Les deux binômes ne sont jamais censés se croiser. Mais Stan ne pense plus qu’à ça le jour où il trouve un petit mot chez « eux » : « Je suis affamée de toi ».
C’est le premier roman de Margaret Atwood que je lis. C’est le cœur qui lâche en dernier nous embarque dans une dystopie où règne l’intrusion des technologies au service du contrôle des populations. Un projet pilote pour tirer une meilleure rentabilité des populations, et les satisfaire. La prison n’est plus le lieu des marginaux violents et délinquants. Ceux qui ont fauté connaissent un autre sort peu avouable mais plus rentable. Charmaine va connaître une liberté quand elle peut s’éloigner de son mari Stan. Elle va franchir l’interdit, vivre un adultère passionnel. Le roman fait la part belle aux quiproquos, aux manipulations, au contrôle de l'Homme par l'Homme. Jouant sur les pulsions sexuelles, les fantasmes, l'autrice échafaude tout un système pernicieux d'utilisation et de contrôle du désir de l'autre. A Concilience, il y a les manipulés, mais aussi les espions désireux de renverser le système. Charmaine travaillant à un poste clé, la Procédure, a l'ingrate tâche d'injecter la mort aux condamnés secrets. Elle sera utilisée pour agir contre son bien aimé, à l'insu de son plein gré, pour son bien....
Extrait :
"Il sait ce qui se fabrique à Possibilibots. Des fac-similés de femmes ; des machines à coups, selon certains. Les gars de l’atelier de réparation des scooters avaient des discussions animées là-dessus : les souffrances qu’elles pouvaient éviter aux uns et aux autres dans la vrai vie, l’argent qu’elles pouvaient rapporter. Peut-être que toutes les femmes devraient être des robots, songe-t-il avec une pointe d’acidité : les créatures en chair et en os sont incontrôlables."
J'ai aimé plonger dans un univers si proche et si lointain, ce futur inquiétant, cupide et féroce. Ca en est parfois drôle, d'un humour grinçant. Le rythme est soutenu et l'autrice ne nous épargne pas de nombreux rebondissements. Cependant, j'ai quelques fois regretté quelques longueurs et des explications qui venaient perturber la fluidité. Un roman assez jouissif et burlesque pour un futur peu enviable.