Triomphe de Pedro Almodóvar

Publié le 21 septembre 2024 par Podcastjournal @Podcast_Journal
Samedi 7 septembre, Isabelle Huppert, présidente du jury de la 81e édition de la Mostra, lui a décerné cette prestigieuse récompense pour son premier long-métrage en anglais "The Room next door", "La Chambre d’à côté" ou "La habitación de al lado" en espagnol. Drame de 1h50 adapté du roman "What are you going through?" "Quel est donc ton tourment" de Sigrid Nunez, paru en 2020. En recevant cette récompense, Pedro Almodóvar a confié "C'est mon premier film en anglais, mais l'esprit est espagnol" et précisé que son film "parle d'une femme qui agonise dans un monde qui agonise aussi probablement".

En 2019, lors de la 76e édition de la Mostra de Venise, il avait reçu un Lion d’or pour l’ensemble de sa carrière, laquelle est impressionnante et il avait qualifié ce prix d’"acte de justice poétique". Celui que l’on considère parfois comme "le plus brillant et le plus influent depuis Luis Buñuel" s’attaque avec "La Chambre d’à côté" à la question du suicide assisté qu’il appelle  "droit fondamental".

Il y a longtemps qu’il voulait tourner aux Etats-Unis, en anglais. Ce ne fut pas possible à Hollywood, aussi a-t-il réalisé son film dans l'Etat de New York. Tourner en anglais, il l’avait déjà fait ces dernières années pour un premier moyen métrage de 30 min, "La voix humaine", d’après Jean Cocteau, déjà avec Tilda Swinton. Un peu plus tard, il recommence sous la même forme avec "Strange Way of Life", un western gay.

A propos de "La Chambre d’à côté" il déclare "Les êtres humains doivent être libres de vivre et de mourir lorsque la vie leur est insupportable".
Le film raconte l'histoire d'Ingrid (Julianne Moore) qui écrit des romans, angoissée par la mort et Martha (Tilda Swinton), une amie de jeunesse, ancienne reporter de guerre plus habituée à voir la mort. Elle vit seule dans son très confortable appartement new-yorkais. Atteinte d'un cancer, elle décide de mettre fin à ses jours et demande à Ingrid de l'accompagner dans ce moment, en s'installant avec elle dans une somptueuse maison de location à la campagne, L'amie ne sera jamais loin mais n'aura pas à lui administrer le médicament, que Martha désire prendre seule. Naturellement tout ne va pas se dérouler comme souhaité… On ne le savait pas forcément, mais Pedro Almodóvar n’est pas que cinéaste, il écrit aussi, beaucoup et depuis longtemps. Et pas seulement des scénarios, mais aussi de courts récits, des chroniques autobiographiques. Il évoque ce qu’il a filmé ou ce qu’il a vécu depuis les années 60.
C’est ce que l’on apprend avec "Le dernier rêve", paru en France le 28 août dernier chez Flammarion dans une traduction d’Anne Plantagenet. Version française de "El último sueño" paru le 13 avril 2023 en Espagne au Reservoir Books.

Ces écrits rédigés entre 1967 et 2023 n’étaient toutefois pas destinés à être publiés, ils nous révèlent quelques aspects inattendus du célèbre réalisateur en relation avec ses films.
"Le dernier rêve" se compose de 12 textes très divers, ils se déroulent entre fantastique et satire, conte de fées et journal intime. Avec pour titres par exemple Jeanne, la Belle au Bois Dément, Amer Noël, Confessions d’un sex-symbol, Vie et Mort de Miguel ou la cérémonie du miroir.
Les références littéraires ne sont pas absentes, Lorca, Pessoa ou Genet.
Le cinéaste n’est jamais très loin, le récit “La visita”, écrite en 1973-1974, a donné lieu à “La mala educación”. C’est le titre de l’exposition accueillie au Centre culturel Conde Duque à Madrid, depuis le 11 juin dernier jusqu’au 20 octobre prochain. Elle se propose de montrer la relation entre Pedro Almodóvar et Madrid, qui sert de décor dans de nombreux films et est devenu un personnage à part entière. Originaire de Castille-la-Manche, à l'ouest de la capitale vers le Portugal, où il est né le 25 septembre 1949, Almodóvar arrive à Madrid en 1967 et sa carrière commence vraiment durant la Movida, cette période d’intense création au début du règne de Juan Carlos Ier.

"Madrid, chica Almodóvar", "Madrid femme Almodóvar" présente au long des 695 m² de la salle, 200 photos extraites de 23 films ou d'archives personnelles qui retracent l’histoire passionnée du cinéaste pour la capitale espagnole.

Pedro Sánchez, commissaire de l'exposition et par ailleurs auteur de "Todo sobre mi Madrid", "Tout sur mon Madrid" déclare "L’histoire de Pedro Almodóvar et de Madrid est une histoire d'amour réciproque. Pedro Almodóvar est Pedro Almodóvar grâce à Madrid, ils sont indissociables". Et d’ajouter "Il a rendu à Madrid tout ce qu'elle lui avait donné, et plus encore, en tant que muse. Madrid apparaît dans tous les films d'Almodóvar. C'est elle, la vraie chica Almodóvar (la fille Almodóvar), beaucoup plus que Penelope Cruz, Carmen Maura ou Marisa Pérez".

Pedro Almodóvar a la réputation d'être fidèle à quelques actrices que l’on retrouve dans ses films mais sa véritable muse c’est Madrid. Pedro Sánchez n’hésite pas à dire "Beaucoup d'étrangers connaissent Madrid ou la culture espagnole à travers ses films. Comme on va à la fontaine de Trevi à Rome ou au bar d'Amélie à Paris, on a un premier contact avec Madrid avec sa cinématographie". Rédaction internationale En savoir plus sur cet auteur La Journée internationale des personnes handicapées a eu lieu hier. Cette journée est destinée à sensibiliser le public aux problèmes que rencontrent les personnes en situation de handicap et à promouvoir leur inclusion dans tous les domaines de la... LES BRÈVES