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Critique Ciné : La Veuve Clicquot (2024)

Publié le 12 septembre 2024 par Delromainzika @cabreakingnews
Critique Ciné Veuve Clicquot (2024)

La Veuve Clicquot // De Thomas Napper. Avec Haley Bennett, Ben Miles et Leo Suter.

La Veuve Clicquot, le dernier film de Thomas Napper, se veut une fresque historique ambitieuse, nous plongeant dans le monde effervescent de la maison de champagne Veuve Clicquot, l'un des piliers de la tradition champenoise. Situé au cœur des guerres napoléoniennes du début du XIXe siècle, ce film, inspiré d'une histoire vraie, explore non seulement la genèse d'une marque iconique, mais aussi le parcours d'une des premières femmes d'affaires modernes, Barbe-Nicole Ponsardin Clicquot. Cependant, malgré ses nobles intentions et son cadre historique séduisant, le film peine à trouver un juste équilibre entre romance, drame et biopic d'entreprise. Barbe-Nicole Ponsardin Clicquot, incarnée avec intelligence et sobriété par Haley Bennett, se retrouve veuve à seulement 26 ans lorsque son mari François, héritier d'une maison de champagne en difficulté, décède subitement.

Les débuts du vignoble Veuve Clicquot dans la France du XIXe siècle via le parcours de la fascinante jeune femme qui se cache derrière l'emblématique étiquette orange, Barbe-Nicole Ponsardin Clicquot.

Cette perte, loin de la briser, la propulse dans un monde dominé par les hommes où elle doit faire face à des scepticismes tenaces. Elle est confrontée à des obstacles de taille, allant des embargos de guerre aux cargaisons gâchées, mais elle persévère et finit par révolutionner l'industrie du champagne. Son invention de la table de remuage, un dispositif qui accélère le processus de production, témoigne de son ingéniosité et de sa détermination. Le film adopte une narration à deux volets, alternant entre le parcours professionnel de Barbe-Nicole et sa relation tumultueuse avec François, interprété par Tom Sturridge. Ce dernier, progressivement accablé par la folie et l'addiction à l'opium, devient le centre émotionnel du récit, une décision narrative qui, bien que compréhensible, dilue quelque peu l'impact du parcours de Barbe-Nicole.

Si la relation amoureuse est capturée dans des couleurs chaudes et lumineuses, en contraste avec les tonalités sombres des scènes de guerre, cette alternance finit par nuire au rythme du film, laissant le spectateur parfois désorienté. La Veuve Clicquot se distingue néanmoins par son traitement visuel et son cadre historique. Les vignobles ondoyants de Reims, filmés dans des tons terreux, ajoutent une dimension romantique à ce récit d'entreprise. L'atmosphère du XIXe siècle est rendue avec une authenticité visuelle qui capte l'essence du terroir champenois. Cependant, malgré ce cadre idyllique, le film ne parvient pas à insuffler l'énergie nécessaire pour transformer cette belle toile de fond en une histoire captivante. Là où La Veuve Clicquot excelle, c'est dans son exploration des défis que Barbe-Nicole doit relever en tant que femme d'affaires dans un monde patriarcal.

Confrontée à des hommes d'affaires plus âgés et conservateurs, représentés notamment par son beau-père Philippe, elle s'entoure de jeunes alliés progressistes, tels que le contremaître Georges et l'auditeur Edouard. Le personnage de Louis Bohne, un marchand de vin charismatique et dévoué, apporte une touche d'audace à l'intrigue, en particulier lorsqu'il aide Barbe-Nicole à contourner les embargos commerciaux imposés par Napoléon. Toutefois, le film effleure à peine les aspects plus personnels et potentiellement controversés de la relation entre Bohne et François, ce qui aurait pu ajouter une profondeur supplémentaire à l'intrigue. L'angle féministe du film est indéniable, mais il est parfois traité de manière un peu trop simpliste. Les métaphores agricoles, telles que la comparaison entre la lutte des vignes pour survivre et celle de Barbe-Nicole pour s'imposer, sont certes évocatrices, mais elles peuvent sembler un peu trop appuyées. On aurait aimé voir une exploration plus nuancée des défis intérieurs de Barbe-Nicole, au-delà des simples obstacles extérieurs.

En fin de compte, La Veuve Clicquot est un film qui, malgré ses qualités indéniables, reste en deçà de ce qu'il aurait pu être. Il présente une figure historique fascinante et une histoire riche de potentiel, mais échoue à les rendre aussi vivantes et dynamiques qu'elles le méritent. Le film se concentre sur la construction d'une légende d'entreprise au détriment de la complexité humaine qui en est à l'origine. Barbe-Nicole, malgré son rôle pionnier, reste souvent une figure réactive plutôt qu'une protagoniste pleinement active dans son propre récit. Pour ceux qui s'intéressent à l'histoire de Veuve Clicquot ou aux biographies de femmes d'affaires emblématiques, La Veuve Clicquot offre un aperçu respectueux et bien réalisé, mais pour ceux qui recherchent une plongée profonde dans la psyché de son héroïne ou une intrigue riche en rebondissements, le film pourrait sembler un peu plat. Ce qui demeure après le visionnage, ce n'est pas tant l'effervescence du champagne que la mélancolie d'une vie marquée par la lutte et la perte.

Note : 5.5/10. En bref, une épopée féministe aux accents mélancoliques.

Prochainement en France


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