La deuxième saison de Funny Woman nous ramène dans le Londres des années 60 aux côtés de Sophie Straw, jouée par la talentueuse Gemma Arterton. Adaptée du roman Funny Girl de Nick Hornby, la série dépeint les aventures d'une ancienne reine de beauté de Blackpool qui aspire à devenir une star du petit écran. Après une première saison globalement bien accueillie, qui explorait avec humour le choc des cultures et la découverte du monde télévisuel, cette nouvelle saison se concentre davantage sur la célébrité de Sophie. Pourtant, malgré un cadre toujours aussi chaleureux et une actrice principale captivante, la série peine à convaincre en raison d'une intrigue sans véritable enjeu et d'un personnage principal devenu trop parfait pour être crédible. La première saison de Funny Woman s'était démarquée par le charme naïf de Sophie, une jeune femme de classe ouvrière qui tente de trouver sa place dans les studios élitistes de la BBC.
Ce choc des classes alimentait la dynamique comique et ajoutait de la profondeur au récit. Cependant, dans cette nouvelle saison, Sophie est désormais une star nationale grâce à sa sitcom Barbara (and Jim). L'innocente provinciale a laissé place à une célébrité affirmée, adulée par les foules. L'intrigue tourne principalement autour de sa montée en puissance dans l'industrie du divertissement, que ce soit en animant des événements tels que les illuminations de Blackpool ou en explorant d'autres formes artistiques comme la chanson avec Sophie Sings. Cependant, cette transition vers la célébrité retire une part essentielle de ce qui rendait Sophie intéressante. Elle n'est plus en lutte contre les obstacles sociaux ou professionnels, mais évolue dans un monde où tout semble lui sourire. Ses relations, notamment celle avec Dennis, son producteur et amour non consommé, manquent également de tensions véritables.
La série s'efforce de créer des conflits - la mère absente de Sophie réapparaît, sa relation avec Dennis est ralentie par un divorce en attente - mais ces intrigues secondaires ne parviennent pas à susciter un véritable intérêt. Le manque d'enjeux solides affaiblit le dynamisme de la série, qui glisse doucement vers une sorte de feuilleton, manquant de la complexité et de l'acidité qui auraient pu l'élever au-dessus du simple divertissement. Le défaut majeur de cette saison réside sans aucun doute dans l'évolution du personnage de Sophie. Là où le livre original de Hornby dépeignait une héroïne ambitieuse, parfois froide et calculatrice, la série nous présente une Sophie trop lisse. Elle est non seulement d'une beauté éclatante, mais également d'une bonté et d'une perfection morale presque agaçantes. Sophie reste fidèle à ses amis, aide d'autres femmes à percer dans l'industrie, et ne semble jamais déborder d'irritation ou de frustration, même dans des situations où l'exaspération serait justifiée.
Cette perfection constante rend le personnage monotone et détache le spectateur, car, en tant que public, nous avons besoin de voir des imperfections humaines pour réellement nous identifier à un protagoniste. L'un des moments révélateurs de cette approche est lorsqu'elle refuse une opportunité de vivre dans un appartement plus luxueux, préférant rester dans son modeste logement partagé avec sa colocataire Marj. Cette décision, bien que noble, illustre à quel point Sophie est devenue une figure idéalisée, sans les défauts ou les dilemmes qui rendent un personnage captivant. L'absence de nuances émotionnelles et de conflits internes rend la série plus prévisible, et Sophie elle-même devient une figure presque ennuyeuse. Si la première saison parvenait à intégrer des moments de comédie avec finesse, cette deuxième saison souffre d'une baisse notable dans l'efficacité des gags. Le ton se veut plus léger, mais l'humour manque souvent sa cible.
Plusieurs blagues semblent forcées, tandis que d'autres paraissent démodées ou clichées. La série semble consciente de ses limites comiques, avec un moment meta où Tony, l'un des scénaristes de Sophie, déconseille d'inclure le mot "drôle" dans le titre d'une série, car cela invite à une critique. Ironiquement, Funny Woman elle-même ne se montre pas à la hauteur de cette promesse humoristique. En revanche, la série brille toujours dans sa reconstitution de l'époque et dans sa capacité à créer une atmosphère chaleureuse et nostalgique. Les décors, les costumes et l'ambiance générale de Londres dans les années 60 sont recréés avec soin, et cela contribue à maintenir l'intérêt du spectateur, même lorsque l'intrigue faiblit. Mais cette attention aux détails visuels et cette nostalgie ne suffisent pas à compenser le manque d'originalité et de tranchant dans l'humour. L'un des aspects intrigants de Funny Woman est la manière dont la série aborde les questions de société de l'époque, notamment le sexisme, le racisme et les inégalités de classe. Pourtant, cette saison les traite souvent de manière trop superficielle.
Par exemple, lorsque Diane, l'amie de Sophie, se fait renvoyer pour avoir refusé les avances de son patron, l'incident est rapidement relégué au second plan, sans véritable exploration de ses implications émotionnelles ou sociales. Ce traitement expéditif des enjeux, qui sont pourtant cruciaux, laisse une impression d'inachevé. La série préfère rester dans une zone de confort, où les tensions sociales sont évoquées mais jamais pleinement explorées. Ce choix peut sembler compréhensible, car Funny Woman cherche avant tout à divertir. Toutefois, en édulcorant ces enjeux, elle rate l'opportunité d'offrir un récit plus profond et pertinent. En fin de compte, la deuxième saison de Funny Woman laisse un goût doux-amer. Si la série conserve son charme visuel et l'attrait de son actrice principale, elle souffre d'une intrigue sans relief et d'un personnage principal trop parfait pour être intéressant. L'humour est moins incisif, et les enjeux sociaux, bien que présents, manquent de profondeur. En cherchant à plaire à un large public avec une approche nostalgique et légère, Funny Woman perd de son mordant et de sa capacité à surprendre.
Peut-être que la troisième saison, déjà en préparation, parviendra à injecter un peu plus d'audace et de complexité dans le récit. Mais pour l'instant, la série reste un divertissement agréable mais sans grande ambition.
Note : 5/10. En bref, charmant et bourré de nostalgie mais une saison 2 qui manque d'audace. Gemma Arterton reste le diamant brut de cette série.
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