L'arrivée de Brocéliande sur TF1 nous replonge dans l'univers des sagas estivales qui ont marqué les étés des années 2000. Avec des références évidentes à des classiques comme Dolmen ou Zodiaque, cette série reprend les codes du genre tout en proposant une intrigue ancrée dans la région mythique de Brocéliande. À travers ses six épisodes, elle tente d'allier mystère, thriller et un soupçon de surnaturel, mais sans jamais réellement sortir des sentiers battus. Si la série reste agréable à regarder, elle souffre d'un manque flagrant de surprises et d'audace. Dès les premiers épisodes, Brocéliande réussit à poser un décor captivant : une forêt imprégnée de légendes, une héroïne de retour dans sa ville natale après vingt ans d'absence, et un mystère central lié à la disparition de sa meilleure amie. Les prémices sont alléchantes, surtout pour les amateurs de ce type de sagas où le passé refait surface et où les secrets de famille viennent rythmer l'intrigue.
Biologiste reconnue et admirée, Fanny Legoff vit depuis plus de quinze ans à Paris, après avoir quitté la fac de Brocéliande pendant ses études à la suite de la disparition de sa meilleure amie Laura pour laquelle elle avait été soupçonnée. Lorsque Fanny reçoit un colis contenant une serpe recouverte de sang séché et une lettre l'accusant à nouveau d'être la responsable de la disparition de Laura, elle décide de revenir sur les lieux, 20 ans après le drame. En acceptant de participer à un séminaire de la fac de biologie de Brocéliande, Fanny retrouve alors des lieux qu'elle connaît bien et qui sont chargés de souvenirs. Mais peu de temps après son arrivée, une de ses élèves disparaît de la même façon que Laura... Dans les deux cas, Fanny est la dernière personne à les avoir vues en vie. Pourquoi l'histoire se répète-t-elle ainsi ?
L'idée de situer l'histoire au cœur de la forêt de Brocéliande, un lieu chargé de mythes et de mystères, semblait être un pari prometteur. Cependant, si le cadre est bien planté, il est dommage que cette forêt légendaire ne soit pas davantage exploitée dans la série. On attendait peut-être des intrigues plus en phase avec l'imaginaire collectif qui entoure Brocéliande, un peu de surnaturel ou de magie pour rehausser l'ambiance. Au lieu de cela, l'intrigue aurait pu se dérouler dans n'importe quelle autre région de France sans que cela ne change fondamentalement l'histoire. L'une des grandes surprises de cette première saison est indéniablement Nolwenn Leroy. Pour ses débuts en tant qu'actrice, l'artiste bretonne livre une performance remarquable, apportant une véritable profondeur à son personnage. Loin de son image de chanteuse, elle parvient à convaincre dans le rôle de l'héroïne tourmentée par son passé et par les secrets qui l'entourent.
L'ensemble du casting est d'ailleurs solide. On y retrouve des visages bien connus du petit écran comme Marie-Anne Chazel, Thomas Jouannet ou encore Medi Sadoun. Chacun d'entre eux apporte sa pierre à l'édifice et contribue à faire de cette série un divertissement de qualité. Toutefois, malgré ces performances d'acteurs, l'écriture des personnages reste souvent stéréotypée, et certains semblent un peu sous-exploités. L'intrigue de Brocéliande suit les recettes classiques des sagas estivales : mystère familial, secrets enfouis, et une enquête policière qui progresse à mesure que les épisodes avancent. Sur ce point, la série fait le job. Les amateurs de thrillers et de polars seront comblés, car elle coche toutes les cases du genre. Les révélations s'enchaînent, les suspects sont nombreux, et le suspense est maintenu jusqu'à la fin. Cependant, c'est justement cette prévisibilité qui laisse un goût d'inachevé. Si le cadre et le mystère de départ laissent entrevoir un potentiel, les rebondissements restent souvent attendus.
Les spectateurs aguerris de ce type de série ne seront pas vraiment surpris par les twists, et même la révélation finale, bien que bien amenée, semble un peu trop évidente pour réellement surprendre. Le véritable problème de Brocéliande n'est pas qu'elle soit mal réalisée, mais plutôt qu'elle manque cruellement d'originalité. À aucun moment, la série ne prend le risque de sortir des sentiers battus, ce qui la rend finalement très convenue. Bien que la série aborde des sujets intéressants tels que la filiation, le handicap ou encore la maternité, elle le fait d'une manière trop superficielle. Ces thématiques, bien qu'importantes, restent en toile de fond, sans réellement être explorées en profondeur. Là où certaines sagas d'été avaient su, par le passé, creuser ces aspects pour en faire des moteurs d'intrigue, Brocéliande semble les effleurer, préférant se concentrer sur son enquête policière.
En outre, le lien avec la mythologie bretonne, pourtant au cœur du titre de la série, est quasiment absent. On aurait pu espérer que la forêt de Brocéliande soit plus qu'un simple décor, mais malheureusement, le mystique et le légendaire n'ont pas trouvé leur place dans cette fiction, qui reste résolument ancrée dans le réalisme. En fin de compte, Brocéliande est une série qui se regarde facilement, avec plaisir, mais qui manque d'audace. Les amateurs de sagas estivales y trouveront leur compte, car elle respecte tous les codes du genre : une héroïne attachante, des secrets bien gardés, et une enquête haletante. Cependant, pour ceux qui cherchent à être surpris ou à voir quelque chose de nouveau, la série pourrait paraître un peu fade. Le potentiel était là, notamment grâce à l'ambiance mystérieuse de Brocéliande et à un casting talentueux, mais la série s'enlise dans des clichés et des rebondissements trop prévisibles. Il est évident que Brocéliande ne marquera pas autant que ses prédécesseurs comme Dolmen ou Zodiaque, mais elle reste néanmoins un divertissement efficace pour ceux qui apprécient ce genre de production.
Brocéliande est une saga d'été efficace, qui plaira sans aucun doute aux amateurs de thrillers policiers, mais qui laisse une impression de déjà-vu. Malgré un cadre enchanteur et un casting solide, la série manque d'originalité et de prises de risques. Nolwenn Leroy, quant à elle, s'impose comme la révélation de cette première saison et prouve qu'elle peut se réinventer avec succès. Pour autant, on aurait aimé que la série elle-même suive cet exemple et ose sortir des schémas classiques pour proposer quelque chose de plus surprenant et audacieux. En attendant, Brocéliande reste une fiction agréable à suivre, mais qui ne révolutionne pas le genre.
Note : 6/10. En bref, Nolwenn Leroy crève l'écran. Bien que Brocéliande manque parfois d'audace, la recette reste efficace et divertissante.
Disponible sur TF1+. Diffusée sur TF1 à partir du lundi 16 septembre 2024.