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Critique Ciné : Kaizen : 1 an pour gravir l’Everest ! (2024)

Publié le 19 septembre 2024 par Delromainzika @cabreakingnews
Critique Ciné Kaizen pour gravir l’Everest (2024)

Kaizen : 1 an pour gravir l'Everest ! // De Basile Monnot. Avec Inoxtag.

Récemment, j'ai eu l'occasion de découvrir sur YouTube le documentaire Kaizen : 1 an pour gravir l'Everest d'Inoxtag, un célèbre youtubeur connu pour ses vidéos divertissantes. Bien que je ne fasse pas partie de sa fanbase, j'ai décidé de donner une chance à ce film, curieux de voir comment un influenceur pouvait raconter son ascension de l'Everest, une des montagnes les plus emblématiques et dangereuses du monde. Le titre du film, Kaizen, un mot japonais signifiant amélioration continue, donne déjà un indice sur le ton et le message que souhaite véhiculer Inoxtag. Ce projet colossal n'est pas simplement une aventure spectaculaire, mais un véritable défi personnel, une quête de dépassement de soi et de persévérance. Cependant, malgré un certain nombre d'éléments positifs, je suis sorti du visionnage partagé entre admiration et scepticisme.

Devenir alpiniste et gravir l'Everest en 1 an jour pour jour ? C'est le rêve de Inoxtag, un jeune Youtuber de 21 ans ne pratiquant pas de sport. En le suivant pendant 1 an, nous découvrirons dans ce documentaire tout son changement de vie pour atteindre ce rêve.

Dès les premières minutes, le documentaire nous plonge dans l'univers d'Inoxtag, où la motivation et l'acharnement sont les maîtres mots. Le jeune vidéaste s'est donné un an pour se préparer à gravir le plus haut sommet du monde, et tout au long du film, il partage les moments forts de cette préparation, avec l'aide de coachs et d'experts de l'alpinisme. Le film excelle dans sa capacité à montrer comment le dépassement de soi peut transformer une personne. On y découvre un Inoxtag déterminé, qui ne recule devant aucun obstacle, malgré les doutes et les difficultés. C'est un parcours qui résonnera probablement avec ceux qui sont en quête de motivation ou qui ont un rêve ambitieux à réaliser. Le documentaire est truffé de scènes émouvantes où l'on peut ressentir à quel point cette ascension représente pour lui un accomplissement personnel et une métaphore de la persévérance.

La philosophie du Kaizen, qui consiste à s'améliorer chaque jour, est omniprésente. Ce n'est pas juste un slogan pour Inoxtag ; c'est une façon de vivre qu'il semble avoir embrassée pleinement durant cette aventure. Le documentaire nous rappelle à quel point il est important de rester concentré sur ses objectifs et de ne jamais abandonner, un message puissant pour les jeunes générations. L'aspect visuel du film est incontestablement l'un de ses points forts. Les images de l'ascension sont à couper le souffle. On voyage avec Inoxtag à travers des paysages somptueux, des vallées verdoyantes du Népal jusqu'aux cimes enneigées de l'Himalaya. Les panoramas offerts par le film sont magnifiques et apportent une dimension contemplative à cette aventure. Ces paysages, associés aux moments de camaraderie entre Inoxtag et son équipe, ajoutent une dimension humaine et authentique au documentaire.

Malgré les difficultés, les plaisanteries et les moments de détente viennent alléger l'atmosphère, offrant ainsi un équilibre entre les moments de tension et ceux plus légers. Cependant, malgré ces aspects positifs, Kaizen n'échappe pas à certaines critiques. Le film, bien qu'inspirant, souffre parfois d'une dissonance entre le message qu'il cherche à transmettre et la réalité derrière l'ascension de l'Everest. Inoxtag met beaucoup l'accent sur le fait de réaliser ses rêves, mais il omet de reconnaître pleinement les privilèges financiers et matériels qui ont rendu cette aventure possible. Gravir l'Everest n'est pas une simple question de motivation et de persévérance ; c'est aussi une question d'argent. Avec un coût estimé entre 50 000 et 80 000 euros par personne, ce genre de projet est inaccessible à la majorité des gens. Cette dimension économique, pourtant cruciale, est à peine effleurée dans le documentaire, ce qui peut laisser un goût amer aux spectateurs plus conscients des réalités sociales et financières.

De plus, le film fait un rappel rapide sur les conditions de vie difficiles des sherpas, ces guides locaux sans lesquels une ascension comme celle-ci serait impossible. Mais cette partie est rapidement balayée au profit du récit centré sur Inoxtag et son exploit personnel. Le contraste entre la glorification de l'exploit et l'ignorance des réalités locales peut rendre le message du film difficile à accepter pour certains. Sur le plan technique, le film souffre également de certains défauts propres à une production YouTube. Les transitions rapides et les placements de produits omniprésents donnent parfois l'impression que l'on est devant une vidéo promotionnelle plutôt qu'un documentaire abouti. Ces éléments viennent casser le rythme et affaiblir l'impact émotionnel du film. Loin d'être une réalisation classique et immersive, Kaizen adopte les codes du contenu digital, avec des montages dynamiques et un style épileptique qui peuvent déplaire à ceux qui s'attendaient à un format plus conventionnel.

Cela dit, cela reflète bien l'univers dans lequel évolue Inoxtag et montre à quel point il est attaché à ses racines en tant que créateur de contenu sur YouTube. Malgré ces critiques, il serait injuste de ne retenir que les aspects négatifs. Inoxtag propose une véritable réflexion sur le dépassement de soi et l'importance de se détacher du numérique pour vivre pleinement ses rêves. Son message final, bien que teinté de paradoxes, reste pertinent : il encourage ses jeunes abonnés à sortir, à s'aventurer dans le monde réel, à se confronter à leurs limites plutôt que de vivre passivement derrière des écrans. Cela dit, cette leçon de vie est difficilement applicable pour tout le monde. Le fait que le youtubeur puisse se permettre de prendre une année sabbatique pour se préparer à une telle ascension, tout en ayant les moyens financiers et le soutien de sponsors, peut en déconnecter plus d'un.

En définitive, Kaizen : 1 an pour gravir l'Everest est un documentaire qui ne laisse pas indifférent. Il propose une histoire d'accomplissement personnel, soutenue par des visuels époustouflants et un message inspirant sur la persévérance. Cependant, le film manque parfois de profondeur, notamment en ce qui concerne les réalités financières et logistiques de l'ascension de l'Everest. Il se perd également dans des maladresses propres au format YouTube. Si l'on cherche une motivation temporaire pour se surpasser, ce film peut certainement faire vibrer. Mais pour ceux qui s'attendent à une réflexion plus poussée sur la quête de soi et les véritables défis de l'alpinisme, Kaizen pourrait décevoir. Néanmoins, on ne peut nier qu'Inoxtag a su, à sa manière, inspirer une génération à poursuivre ses rêves, même si ceux-ci restent parfois hors de portée pour beaucoup.

Note : 6/10. En bref, un documentaire inspirant qui n'est pas exempt de défauts. Le film manque de profondeur sur la réalité (notamment financière) car tout le monde n'a pas les moyens de prendre une année sabbatique pour se préparer à un tel projet.

Sorti le 13 septembre 2024 au cinéma en visa temporaire - Disponible sur Youtube par ici


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