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Rebel Ridge de Jeremy Saulnier

Par Mespetitesvues
Rebel Ridge Jeremy Saulnier

L'histoire: Lorsque l'ancien Marine Terry Richmond (Aaron Pierre) débarque dans une petite ville de Shelby Springs, en pleine campagne, il n'a aucune idée de ce qui l'attend. Avant même d'atteindre le palais de justice pour payer la caution qui permettra de faire sortir de prison son cousin accusé de trafic de drogue, il se retrouve pris dans les mailles de la police. Délit de faciès, forte somme d'argent sur lui dont l'origine est assez suspecte, cousin au passé accablant... Terry ne peut pas grand chose. On lui confisque son argent, on le harcèle et on va même jusqu'à enquêter sur sa vie privée. Alors qu'il tente de faire valoir ses droits, il met au jour une vaste conspiration impliquant toutes les autorités municipales. Ce que la bande de flics obtus et racistes qui lui barrent la route ne saisit pas encore, c'est que l'ancien militaire pacifiste a tiré de ses années passées à enseigner les techniques d'autodéfense une force de caractère et un mental indestructibles.

Sur Netflix à compter du 6 septembre 2024

Il y a dix ans, le scénariste et réalisateur Jeremy Saulnier avait séduit tout son monde avec le suspense psychologique Blue Ruin. En 2016, il confirmait les attentes avec le drame d'horreur Green Room. Deux ans plus tard, il s'est un peu cassé les dents avec Hold the Dark, drôle de mélange de suspense et d'horreur produit par Netflix. Rebel Ridge, une nouvelle fois produit par la populaire plateforme de visionnement, revient à un niveau plus appréciable.

Il y a plusieurs choses intéressantes dans Rebel Ridge. En premier lieu, j'ai beaucoup aimé l'interprétation tout en retenue d'Aaron Pierre, découvert dans le puissant Brother. Il est froid, calme, résolu, n'en fait jamais trop, de sorte que son personnage de vengeur solitaire n'a aucun mal à convaincre, même si ce qu'il réussit dans les dernier droit est assez spectaculaire. J'ai apprécié aussi les dialogues assez recherchés, et la mise en scène minutieuse et précise qui joue à fond la carte 'vintage', dans un style très 'aldrichien' proche des néo-noirs des années 1970.

Mais ce qui me semble être le plus séduisant dans Blue Ridge c'est son scénario à combustion lente. Patiemment construite, l'action ne se dénoue que dans un dernier tiers assez jouissif, mais dont il serait assez dommageable de parler plus avant. Reste que la volonté de mettre de l'avant une désescalade de violence est un atout majeur. Ici, peu de balles, mais beaucoup de tasers, pas de morts (littéralement aucun), mais pas mal de blessures secondaires, pas de bagarres sanglantes, mais des chorégraphies de jiu-jitsu brésilien. Et pas d'explosions de bagnoles, mais une course poursuite à travers champs plutôt bien orchestrée.

Tout n'est cependant pas réussi hélas. Je me suis un peu perdu dans les dédales des combines financières imaginées par flics ripoux et je les ai trouvées plutôt tirées par les cheveux. Aussi, il est assez peu probable que dans le contexte américain d'aujourd'hui, Terry ait pu se rendre jusque dans le dernier droit sans être d'avantage inquiété par la police. Malgré tout, avec sa volonté de troquer les torrents de violence que l'on ne cesse de mettre de l'avant pour des scènes d'action plus réfléchies, plus intérieures... et tout aussi efficaces, Rebel Ridge est une belle réussite. À tout le moins, au-dessus de la moyenne des oeuvres produites par Netflix.


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