Meurtre en province : chronique d’une violence banalisée à Saran
Un drame nocturne dans une France périphérique
Il est 22h10 ce mercredi 18 septembre, une heure où la plupart des habitants de Saran, petite ville terne à quelques kilomètres d’Orléans, somnolent devant des séries télévisées insipides.
C'est à ce moment-là qu’un véhicule s'arrête brusquement rue du Bois Salé.
Un homme de 28 ans, sans doute aussi morne et désillusionné que le reste de cette société en décomposition, se retrouve la cible d’une violence brutale, mécanique.
Deux balles, froidement tirées, viennent fracasser son crâne.
En un instant, il n'est plus qu'un corps sans vie, échoué sur le bitume.
Les tentatives de réanimation n’y feront rien.
Peut-être même que ceux qui se sont efforcés de le ramener à la vie savaient, au fond, que cela n'avait plus aucun sens. Saran est ce genre de ville où la mort devient une simple formalité administrative.
Un meurtrier banal, une enquête sans surprise
L’affaire aurait pu se noyer dans l’anonymat, comme tant d'autres tragédies dans cette France des marges, mais l’arrestation d’un homme de 25 ans, déjà fiché par la justice, a relancé le triste spectacle de la procédure judiciaire.
Ce dernier avait sur lui le permis de conduire et le téléphone de la victime, comme si ces objets, insignifiants en eux-mêmes, suffisaient à marquer sa culpabilité.
L'enquête pour assassinat a été ouverte, mais qu’y a-t-il encore à découvrir dans un monde où la mort violente s’insère désormais dans la banalité du quotidien ?
Les douilles retrouvées sur les lieux, anonymes, silencieuses, ne racontent rien de plus que la routine criminelle qui s'étale dans ces petites villes oubliées par la République.
La justice se met en marche
Dans la nuit, un magistrat s’est déplacé sur les lieux.Que pouvait-il ressentir face à cette scène froide et déjà trop familière ?
Le parquet a formalisé l’ouverture d’une enquête en flagrance, comme pour donner un semblant d’ordre et de rationalité à cette violence désespérée. Mais tout cela n'est qu'une mascarade. Nous savons tous que cette affaire sera vite oubliée, qu’elle se diluera dans le flot infini des meurtres, des braquages, des violences quotidiennes qui rongent lentement la société.
La tragédie ordinaire d'une France sans avenir
Cette affaire de Saran n’a rien d’exceptionnel. Elle est le reflet d’une époque où la vie humaine se dévalue, où les actes de violence sont le symptôme d'une société en pleine dérive.
Les quartiers, les villes de seconde zone, deviennent des zones grises, sans perspective, où le meurtre finit par ne plus étonner personne.
C’est cette désillusion, cette lente agonie collective qui se joue ici. Et personne ne semble vouloir la stopper.