Trois traductions d’un poème de Constantin Cavafy :
Autant que possible
Si tu ne peux façonner ta vie comme tu le voudrais, tâche du moins de ne la point avilir par de trop nombreux contacts avec le monde, par trop de gesticulations et de paroles.
Ne la galvaude pas en la traînant de droite et de gauche, en l’exposant à la sottise journalière des relations humaines et de la foule, de peur qu’elle ne se transforme ainsi en une étrangère importune.
Marguerite Yourcenar, Présentation critique de Constantin Cavafy, 1863-1933, suivi d’une traduction intégrale de ses poèmes par M. Y. et Constantin Dimaras, Gallimard, 1958, p. 113.
Autant qu’il te sera possible
Et si tu ne peux mener ta vie comme tu le désires,
essaye au moins ceci, autant
qu’il te sera possible : ne l’avilis pas
dans un trop grand commerce avec le monde,
dans tout ce mouvement, tous ces discours.
Ne l’avilis pas, en l’exposant –
en la traînant ainsi et la compromettant –
à la sottise quotidienne
des relations et des fréquentations,
jusqu’à en faire une étrangère fastidieuse.
Constantin Cavafy, Poèmes, traduits par Georges Papoutsakis, Les Belles Lettres, 1977, p. 73.
Fais de ton mieux
Même si tu ne peux faire de ta vie ce que tu veux,
Essaie au moins,
Fais de ton mieux : ne la dégrade pas
Dans trop de liens avec le monde,
Dans trop d’agitations et de discours.
Ne la dégrade pas en la traînant
Là où d’habitude tu rodes, en l’exposant
À l’ineptie quotidienne
Des liaisons et fréquentations
Jusqu’à en faire une étrangère pesante.
Constantin Cavafy, Œuvres poétiques, [édition bilingue], traduction Socrate C. Zervos et Patricia Portier, Imprimerie Nationale, 1991,[non paginé] n°39.
Contribution Tristan Hordé
Constantin Cavafy dans Poezibao :
bio-bibliographie, extraits 1,