Montagnes russes

Publié le 27 août 2008 par Jlhuss

L’âne et l’éléphant par French Fry

« The August Curse » ou la malédiction du mois d’août : c’est la fameuse scoumoune dont ont toujours été atteints les candidats démocrates donnés favoris pour l’élection présidentielle. Un mois fatal sur la dernière ligne droite de la campagne. Une queue de poisson. Les derniers candidats démocrates y ont perdu leur élection : Mickael Dukakis, John Kerry, Al Gore… Même JFK le bien-aimé avait fait les frais de ce mauvais sort : il avait vu fondre ses voix et n’avait gagné qu’avec un écart de 120 000 électeurs ! Obama la baraka n’échappe pas à cette mouise malgré sa bonne étoile. A son tour le voici sous les vents contraires, un peu ballotté, moins à l’aise depuis que la bise est venue. Sa belle gueule lasse, son sourire ennuie, sa jeunesse fait peur, sa couleur se voit, sa chemise blanche, ses manches retroussées, tout agace… Bref, au dernier moment, devant la dernière haie, devant le grand large, into the wild, l’Amérique hésite.

Les statistiques le prouvent, les candidats sont au coude à coude, à 47- 47. Il est utile toutefois, de nuancer les chiffres que l’on nous rapporte. Les statistiques montrent qu’Obama gagne du terrain dans les états à dominante ouvrière où il avait éprouvé des difficultés lors des primaires. Obama vient d’abattre une de ses grosses cartes : son co-listier Joe Biden. Nous y voilà, le nom du potentiel vice-président est lâché et ce n’est pas Lady H. Ce cher Mister Obama - et le parti- ont choisi l’exact contraire, le complément parfait, le yang, histoire de rassurer les campagnes : un homme de près de 70 ans, « expérimenté » au sens ou l’entendent les foules, blanc, grand-paternel. Un noir et une femme c’était trop pour un seul parti : le choix de la prudence a été fait. Est-ce le bon ? Il révèle en tout cas une véritable peur de déplaire.

La ville de Denver est en ce moment même le théâtre de la convention démocrate tant attendue, sous une unité de surface qui s’écaille dès que l’on parle de Lady H… Michelle Obama a fait un éloge vibrant et contenu à la fois de son époux. Hillary s’est exprimée cette nuit (trop tard pour la préparation de cette chronique, nous y reviendrons), son bon Bill fera de même ce soir (quelle gaffe préparée nous concocte-t-il ?) et O les rejoindra tous jeudi pour une belle et « terrifique » apothéose démocrate. Attendons de savoir ce que secrète ces nouvelles amitiés si spontanées et cette rentrée toute conventionnelle.

En face, Ol’ John a patiemment refait son retard. Comme toujours. Et zut. Il réserve le nom de son co-listier afin de reprendre la main médiatique à l’issue de l’adoubement Obamesque. Dans les interstices et la torpeur aoûtienne, la presse est bien sûr prête à tout pour susciter l’intérêt : rappel de la « August Curse », digression sur les désarrois américains moyens (subprimes, récession, dollar faible… ). Comme un « bleu », notre Mister Smile s’est laissé prendre au collet tendu par Mc Cain fin juillet : le vieux singe l’a habilement incité à jouer l’international en claironnant qu’O restait trop inexpérimenté dans ce domaine. Une fois notre ami parti faire le tour des popotes (Irak, Israël, Allemagne, France et Royaume-Uni), le vieux capitaine le traite de touriste et assure être le seul sincèrement concerné par les vrais problèmes des « fellow citizens ». Finement joué. Mc Cain en a d’ailleurs profité pour lancer un nouveau message de campagne sur l’air du : « Country first » (« l’Amérique d’abord ») ! Le slogan fait mouche ! Surtout sur fond de vieille polémique un peu glauque : les détracteurs n’hésitent pas à dire que le prénom d’O n’est pas assez américain, qu’il a un nom trop bizarre, qu’il etc… Bon, on s’en doutait, la critique n’est pas de haute voltige. Depuis l’actualité travaille pour Mc Cain : tension avec les meilleurs ennemis russes, record de médailles des nouveaux ennemis chinois… Pétrolement et sportivement, l’Amérique est a nouveau cernée ! Du beurre pour les vieux soldats.

La convention démocrate se tient jusqu’au vendredi 28, celle des républicains se déroulera la semaine prochaine. Un show, une démonstration de force, un adoubement devant 50 000 personnes, un par terre de stars, des pancartes, des confettis…  Spoutch ! Le candidat sort du gâteau dans la ferveur inconditionnelle de son camp enfin uni ! C’est simple. C’est beau. Même Ted Kennedy a été sorti de son lit d’hôpital pour dire un mot d’introduction. Tous les fantômes sont convoqués pour ce sabbat… Pour couronner le tout : attentat contre B.O. déjoué ce matin. Une histoire sans fin.

Les élections auront lieu le 4 novembre. C’est à dire dans deux mois. C’est à dire demain. Après le marathon des primaires, voici la sonnerie du Sprint. Les Américains n’ont pas brillé dans cette discipline lors des JO de Pékin… Gageons que si O manque sa sortie de convention, il risque d’avoir beaucoup de mal à se refaire sur 100m à peine. Il faut faire court, vif, tenir le tout bien serré : On attend du « concret » (au sens électoral du terme, comme l’a bien compris Sarkozy en France), des images fortes, des mots justes, de l’assurance, pas d’arrogance, faut qu’ça sonne, qu’ça glisse, qu’ça tape, que le pli tombe au bon endroit… Un démocrate recommande même à Mister O de ne répondre aux questions qu’en 10 mots max pour pouvoir se faire comprendre par l’américain moyen…

Ça promet…

God bless America, et nous avec si possible…

Les temps s’annoncent difficiles.

Stay tuned,

FF