En réalité, diverses obligations sont censées garantir la survie des transactions en cash, qu'une proportion non négligeable des commerces persistent à accepter. Mais les services logistiques font de plus en plus défaut : les banques se contentent du minimum syndical – avec des plafonds de dépôt insuffisants sur leurs automates ou l'abandon de distribution de petite monnaie, par exemple – et le dernier opérateur assurant l'ensemble de ces fonctions est le transporteur de fonds Loomis.
En réaction, la banque centrale appelle donc à renforcer la réglementation afin de garantir que les professionnels – qui pourraient eux-mêmes être contraints, au moins dans les métiers essentiels, à accepter les pièces et billets – disposent des moyens nécessaires pour exercer leur activité comme ils l'entendent. En arrière-plan, le premier enjeu est évidemment d'éviter de laisser sur le bord de la route les personnes, aussi peu nombreuses soient-elles, qui n'ont pas accès aux instruments dématérialisés.
Elle évoque aussi un deuxième argument, que beaucoup trop de responsables ont tendance à négliger : en cas de crise majeure sur les infrastructures (énergétiques ou financières, entre autres), les espèces représentent une solution de secours qui pourrait s'avérer critique pour le pays et son économie. Un tel scénario catastrophe pouvait paraître largement théorique il y a encore quelques mois… jusqu'à la panne géante déclenchée par une erreur de Crowdstrike (et Microsoft) au mois de juillet.
Dans un environnement globalisé où toutes les entreprises sont interconnectées et où les cyberattaques paralysantes à grande échelle sont désormais quotidiennes, c'est un appel à la raison que lancent les autorités suédoises : évitons, surtout dans des domaines ultra-sensibles, de nous précipiter tête baissée vers des alternatives technologiques à des outils archaïques sans avoir au préalable considéré toutes les capacités de ces derniers et acquis la certitude de savoir les reproduire à l'identique.