"L'Homme de Londres" : quai des brumes

Par Vierasouto
Un homme humble et solitaire, témoin d'un crime, est tenté de changer de vie et d'échapper à son destin médiocre en s'appropriant de l'argent volé pour mener une existence matériellement plus confortable mais sa vie sera-t-elle meilleure pour autant? Quel sera le prix à payer?
Dans la nuit, un paquebot accoste sur le port, du pont du bateau, un homme lance une mallette sur le quai, un autre homme s'en empare. Depuis les grilles de sa prison en verre, Maloin, le gardien d'une sorte de phare, les montants de ses fenêtres lui découpant l'horizon en tranches comme autant de barres noires verticales (superbe mise en scène, la scène est montrée comme la voit un personnage qu'on a pas encore découvert), observe le débarquement des passagers qui s'engouffrent ensuite dans la rame d'un train fantômatique. Plus tard, Maloin voit deux hommes se disputer sur le quai et l'un deux pousser l'autre à la mer. N'y tenant pas, Maloin (Miroslav Krobot) va plonger et récupérer la mallette dans l'eau noire du port. A partir de cet instant, cet homme taciturne, résigné à la solitude immense de ce travail ingrat, devient nerveux, irritable, de retour chez lui, il provoque des tensions, se dispute avec sa femme et sa fille. Soudain, Maloin prend conscience que sa fille unique Henriette est exploitée par une patronne qui lui fait faire le ménage en petite tenue. Soudain, Maloin se rebiffe devant la précarité de son existence, qu'il n'avais jamais pensé à remettre en question, résigné au déclin naturel d'une existence humble de labeur sans gratification, sans ambition, sans tendresse, pavée de mornes rituels monotones qui remplacent la vie, le travail de nuit, le bar, la partie d'échecs, les repas presque muets en famille.
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