Je viens de découvrir le nouvel album de Kaori et c’est vraiment une belle surprise dès les premières notes.
Les instruments de musique n’y font pas de figuration. Guitares électrique et acoustique, dobro, bouzouki, ukulélé, basse, batterie, percussions, claviers, saxophone, flûte, trompette, bugle, harmonica, violoncelle et même piano accompagnent élégamment des mélodies écrites en suivant de multiples influences, sud-américaines, en toute logique polynésiennes, et même rock (notamment sur la piste 6 - Tu donneras ton chèque) et dont j'ai apprécié la variété et la dimension à la fois poétique et humaniste.
Je ne connaissais pas ce duo composé par deux guitaristes, Alexis Diawari et Thierry Folcher. Ce dernier est le compositeur de toutes les chansons et la voix de Kaori.
C'est un grand plaisir de l'écouter et l'usage du français permet de saisir toute les subtilités des paroles. Il se dégage de cet album à la fois quelque chose de familier et d'étrange. Le duo revendique à juste titre un chant varié parfois inattendu, tout simplement comme peut l’être la vie vécue. Les chemins de la vie est l'expression d’une aspiration à la liberté et à l’originalité dans un monde hyper-formaté, sur fond de réflexion sur le sens de la vie.Ils ajoutent dans les remerciements notés à la fin du livret que leur histoire s’écrit au fil des eaux porteuses de mythes et d’épopées, le long des fleuves bavards et sur des mers tantôt bleues de douceur, tantôt blanches d’indignation. Leur voix puissante s’est élevée au-dessus du vain bruit des querelles humaines. Elle parle d’un seul pays, la Terre, d’un seul peuple, l’Humanité, par-delà les diversités.Le nom du groupe (et son logo) fait référence au kaori, un arbre millénaire qui peuple les forêts calédoniennes ... en hommage aux racines de ces musiciens dont l'un d'entre eux est descendant de bagnard. Rien d'étonnant à ce que les paroles que pose Thierry Folcher sur les musiques soient à ce point empruntes de réconciliation et de sagesse. Avec aussi des allusions parfois humoristiques à la liberté (piste 6) :Oublie tes comptes d’apothicaireEt suis mon conseil salutaire :Eparpille au vent tes billetsRetrouve ainsi ta liberté.
Il faut écouter et ré-écouter les paroles de chacune, si belles, invitant à se tendre la main (piste 7) en chaloupant sur le sable d'une plage infinie. On entend l'urgence de paix qui s'exprime à plusieurs reprises. C'est aujourd'hui et pas demain … qu'il importe d'appliquer le principe de carpe diem (Les forçats du plaisir - piste 8). On appréciera aussi la dimension satirique de la critique de l'évolution de notre société tyrannique qui grignote notre espace de liberté.
Un collier fané de fleurs d'Océanie (…)Magiques fleurs tirées de l'oubliLa femme occupe une place de choix, en rêve (Ma belle ilienne -piste 5) ou en écho à la condition de celles auxquelles on doit la vie (Femme, ô femme -piste 3) où, encore une fois, il sera question de réconciliation et de pardon, à condition de bien vouloir tendre la main.Tous les âges sont célébrés, y compris, évidemment les ancêtres (La parole des vieux -piste 4) sans occulter les incendies et les pillages qui ont détruits des villages. Et il est très beau de faire fusionner la langue française et une langue kanak, le Xaracûu. Puissent de telles paroles nous amener à ouvrir nos âmes !Alexis Diawari a en effet grandi dans une tribu kanak mais ce sont le blues, le reggae et la soul qu'il affectionne de faire résonner sur les cordes de sa guitare plutôt que la musique coutumière. On lui doit les paroles du Ciel de mes rêves (piste 9) et on entend régulièrement sa voix ponctuer les notes de son complice.L'album se poursuit par un joli instrumental (Un soir à Yahoué -piste 10). Enfin Rue Marquet (piste 11) démarre avec des sifflements de merle. La métaphore entre musiciens et oiseaux est filée avec enthousiasme, loin de la nostalgie qui marquait certaines chansons.Dans l'attente d'un signe, Album 2024 de KaoriDans les bacs depuis le 16 août 2024
L'album sera soutenu à Paris par un concert au Sunset le 14 Novembre prochain