Le 22ème festival Paysages de cinéastes est lancé. La soirée d’ouverture a pu avoir lieu en plein air (et on remercie entre autres la météo) comme le veut la tradition dans le Parc de la Maison de Chateaubriand, à Châtenay-Malabry (92).
L’affiche est sans doute la plus emblématique de l’histoire du festival.
Mais la grande nouveauté -et on espère qu’elle sera réitérée- est d’avoir remis le court-métrage à l’honneur. Cela peut sembler audacieux et pourtant ôn sait d’avance que nous allons nous régaler parce que outre une compétition spéciale courts, nous pourrons visionner avant chaque long-métrage en compétition, un court-métrage choisi spécialement pour s’accorder avec lui.
La déléguée générale du festival, Carline Diallo, nous promet d’avoir combiné l’intimité d’un court à la profondeur d’un long. Nous allons découvrir aussi combien le court est une école permanente des talents.Chacun aura pu déambuler dans le parc superbement éclairé de multiples couleurs avant d’être entraîné vers les chaises-longues disposées en plein air par les musiciens de la fanfare Krazy Hot.
Le batteur du boléro, réalisé par Patrice Leconte (de 8 minutes, en 1992) nous a permis de revoir Jacques Villeret dans un rôle de musicien dans un orchestre philharmonique.Le comédien réussit à exprimer sur son visage quasiment autant d’émotions que les 5000 coups de tambour que comporte ce morceau. Ensuite, les festivaliers n’ont pas eu à attendre le 27 novembre pour découvrir En fanfare, le nouveau film d’Emmanuel CourcolL’histoire se déroule principalement dans le Nord de la France. On reconnaît les paysages urbains caractéristiques avec leurs maisons en brique et la présence des géants dans une scène de carnaval. Dans cette région, comme le précise le personnage de Jimmy, les jeunes n’ont qu’une alternative : Ici, c’est fanfare ou foot. A signaler la beauté des costumes de la fanfare.Thibaut (Benjamin Lavernhe) interprète un chef d’orchestre de renommée internationale. Un problème de santé fera éclater un lourd secret familial et provoquer la découverte de l'existence d'un frère, Jimmy, (Pierre Lottin) employé de cantine scolaire, qui joue du trombone dans une fanfare du nord de la France. En apparence tout les sépare, sauf l'amour de la musique.Le réalisateur, très apprécié pour son précédent film, Un triomphe, qui se passait dans une prison (avec déjà Pierre Lottin) poursuit dans la veine de la comédie sociale, un peu à l’instar de Ken Loach et démontre cette fois que les liens peuvent se construire à tout moment, instaurant en quelque sorte un débat sur l’aspect inné ou acquis en matière de fraternité. On remarquera des similitudes de tempérament entre les deux frères mais le déterminisme social jouera pleinement et la scène d’audition à l’aveugle sera d’une violence inouïe.Jamais larmoyant bien qu’abordant des sujets graves, aussi bien sociaux qu’économiques, le film se termine dans un fracas, tout à fait cohérent avec celui sur lequel s’achève le Boléro de Ravel qui est un des morceaux les plus entendus dans le film qui, du coup, n’a pas de musique originale spécifique.Ravel était originaire du Pays basque et connaissait donc cette danse espagnole à trois temps apparue au XVIIIe siècle. Il a composé le morceau -qu’il avait à l’origine appelé Fandango- en réponse à une commande de la danseuse Ida Rubenstein dont la troupe dansa la première représentation à l'Opéra de Paris en 1928. Le succès fut immédiat et jamais ralenti.Une ritournelle de deux mesures à peine est répétée pas moins de 169 fois sans qu’on ressente malgré tout (sauf quand un réalisateur demande à Jacques Villeret de le jouer) une quelconque monotonie car les couleurs changent en permanence jusqu’à ce qui s’apparente à un écroulement final avec une force brutale presque sauvage qui dans le film correspond au démantèlement de l’usine qui emploie la majorité des musiciens amateurs.Il est intéressant de savoir que Ravel (et l’anecdote est rapportée dans le film d’Emmanuel Courcol) reconnaissait qu’il devait à une usine de l’avoir conçu et qu’il aurait aimé avoir l’occasion de le donner avec un vaste ensemble industriel en arrière-plan. Ce morceau, qui est toujours un des plus interprétés au monde, a inspiré le mouvement de musique répétitive qui a suivi. Son influence dans le monde musical est capitale.
En fanfare, un film d’Emmanuel CourcolScénario de Emmanuel Courcol et Irène Muscari
Avec Benjamin Lavernhe, Pierre Lottin, Sarah Suco, Jacques Bonnaffé, …
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