Les mécanismes réels mis en œuvre étant sensiblement différent des avances et autres acomptes classiques, ils se décrivent généralement comme des outils de collecte des rémunérations déjà engrangées. Proposés directement aux intéressés par des organismes de crédit à court terme ou, plus souvent (et c'est le cas de DailyPay), sous les traits d'une plate-forme permettant aux entreprises d'en gérer simplement le processus, ils proposent aux employés de recevoir leur salaire au fur et à mesure des heures de travail effectuées, sans attendre les cycles de paye habituels.
S'ils sont évidemment bienvenus lors d'une dépense imprévue, évitant alors de solliciter un prêt personnel, dont certaines variantes aux taux d'intérêt excessifs sont susceptibles d'entraîner l'emprunteur dans une spirale infernale de dette, ils peuvent aussi rapidement encourager les individus les plus fragiles dans un réflexe de (sur)vie au jour le jour incompatible avec une gestion saine de leur argent. Une telle ambivalence devrait inciter les acteurs à offrir une assistance efficace afin d'esquiver les pièges.
Dans ces conditions, quand DailyPay annonce une initiative destinée à prendre soin de la santé financière de ses adeptes, il faut se réjouir. En l'occurrence, une nouvelle fonction fait son apparition au sein de son dispositif, procurant au salarié l'accès à son score de crédit, ainsi que des alertes en cas d'événement insolite et des conseils opérationnels pour son optimisation. Alors que la plupart des américains sont endettés et qu'une forte proportion a une note médiocre, l'avancée est indiscutable.
Malheureusement, l'ajout ne répond pas (encore) vraiment aux enjeux. Au contraire, selon les recommandations qui sont effectivement émises (à savoir si elles concernent exclusivement l'endettement), il se positionnerait plutôt en justificatif du recours aux acomptes de DailyPay, qui n'impacte pas le score de crédit et apparaît de la sorte plus prudent qu'un emprunt, et donne donc l'impression de constituer un support de marketing et non une préoccupation sincère pour la sérénité des usagers.
Peut-être le « Credit Health » n'est-il qu'un premier pas vers un système plus complet mais il serait urgent d'intégrer dans toutes les solutions de cette catégorie un compagnon de proximité pour le pilotage raisonné des finances personnelles. Au lieu de laisser la personne seule face à un logiciel qui suggère d'encaisser son dû dès que possible puis devant les options d'utilisation des sommes récupérées, l'éthique commanderait, par exemple grâce à un assistant intelligent, de d'abord chercher à comprendre sa situation et ses besoins, avant de lui préconiser la meilleure approche pour son bien-être (et non pour le remplissage immédiat de son porte-monnaie).