[INTERVIEW] C’était un de mes objectifs cette année, retrouver la joie de rencontrer des artistes. J’avais besoin de retrouver toute l’humanité et la bienveillance que l’on ressent quand on rencontre des personnes de la scène. Et quelle émotion de rencontrer le groupe Deluxe, pour qui le contact avec son public est le pilier de leur carrière. C’est au détour du festival des Feux de l’été, le 14 Juin 2024, que les 6 membres du groupe Deluxe m’ont accordé 20 minutes avant de monter sur scène, entre le plat et le dessert de leur repas, pour livrer quelques anecdotes et parler de leurs moments clés.
LordsOfRock : Ça fait 2 ans environ que vous jouez Moustache Gracias sur scène, comment vous vous sentez ? L’énergie est-elle toujours au rendez-vous ?
Liliboy : Je t’avoue qu’on est trop des coquins, on aurait pu terminer cette tournée et faire que Moustache Gracias mais… (se tourne vers les copains) on le dit ou pas ? On prend un plaisir monstre à tester les nouveaux morceaux du futur album sur scène.
LOR : Wouah génial ! Et ce soir on a le droit à combien de morceaux inédits ?
Pépé : Quatre
Liliboy : Comme ça on se challenge un peu au niveau concentration.
Kilo : On cherche, on test
Liliboy : On test et ça nous permet de mieux séquencer les morceaux qui arrivent, et mieux les écrire aussi.
LOR : Si je comprends bien, vous en beaucoup sous le coude, et c’est une manière de sélectionner pour le prochain album ?
Liliboy : c’est ça. On a un avis sur un morceau mais il risque de changer quand on le joue en live.
Kaya : on le ressent mieux quand on joue devant des gens plutôt que seulement entre nous six.
LOR : et donc il y aura un impact sur la version studio ou il faudra s’attendre à deux versions différentes sur l’album ?
Pietre : il y a toujours un impact sur la version studio parce que nous on fait de la musique pour être sur scène donc fatalement on a envie de retranscrire la version sur scène aussi sur l’album
Kilo : et d’ailleurs on nous a souvent dit “on ne retrouve pas l’énergie de la scène sur l’album” du coup on réfléchit à comment agencer le morceau pour retranscrire au max l’énergie de la scène
Liliboy : c’est un débat qui nous anime depuis de nombreuses années, à chaque morceau on se posera la question de l’énergie à transmettre. Il n’y a pas un choix arrêté, à chaque morceau à son chemin.
LOR : en effet, vous avez beaucoup d’énergie sur scène, c’est ce qui vous anime. Comment on fait pour être Deluxe sur scène et avoir autant d’énergie ?
Kilo : ça te donne cette impression là parce qu’on est six, chacun à un moment donné va prendre le lead donc ça ne s’arrête jamais. Quand il y en a un qui prend le devant les autres se reposent un peu. Après, c’est quand même des lives très physiques mais on se coordonne très bien pour tenir le show.
Kaya : Comme on est 6, c’est plus facile de rebondir les uns sur les autres plutôt que si on était 2 ou 3.
Liliboy : mais évidemment que ça fait 14 ans qu’on tourne ensemble mais aujourd’hui c’est un priorité de garder notre énergie pour la scène. On fait attention, on a une bonne hygiène de vie.
LOR : Ça nécessite un entraînement sportif pour faire partie de Deluxe ?
Liliboy : ce n’est pas obligatoire mais ça nous rassure de tous être en forme. On fait un peu de sport, on dort bien. Le sommeil est essentiel. Quand on a rencontré Mathieu Chedid, on était impressionné car il prenait vraiment le temps de faire des siestes
Pietre : pendant qu’il parlait il faisait des siestes (rires). Son coach le lui préconisait. Le sommeil c’est la meilleure réparation.
LOR : on vient de parler d’anecdotes, avec Mathieu Chedid, après avoir écumé les scènes mondiales sur Moustache Gracias, est-ce qu’il y a une anecdote chère qui vous a marqué ?
Tout le groupe réfléchit et Pépé a trouvé l’étincelle qui ravive les souvenirs
Pépé : La plus chère c’est quand Air France a perdu nos bagages et qu’on a dû aller s’acheter des fringues chez Decathlon.
Pietre : ah oui c’était horrible, on a fini en survêtement adidas sur scène, on avait même en dessous des tee-shirt qu’Air France nous avait donnés.
Kilo : On a eu des reproches de la part de l’organisation du festival, mais on est montés sur scène même si les costumes faisaient parti du contrat
LOR : Donc vous vous êtes présentés sur scène sans costume mais la banane et toujours votre énergie au summum. Est-ce que finalement, peu importe les tracas, c’est ça le bonheur façon Deluxe ? D’être tous les six et donner des sourires aux gens ?
Kaya : Peut-être, sans le savoir.
Liliboy : en effet, les sourires nous rappellent la chance qu’on a et qu’il faut jamais s’arrêter. On kiff la musique aussi.
Pepe : c’est vrai qu’on ressent des choses extraordinaire quand on est en face du public et qu’on a une cohésion avec eux, et tout est réunis : la musique, les sourires et donc la joie. Comparé au studio quand on répète pour le live, on adore ça mais il manque la magie quand est avec le public et qu’il y a du répondant
Kilo : Surtout qu’on a commencé dans les rues donc le premier vrai contact c’est les gens. On n’avait pas de morceau qu’on avait déjà l’envie d’être avec les gens.
Liliboy : On n’avait pas de morceau qu’on avait un concert. On a été accoutumé, avec notre histoire, à un répondant et une gratification du public régulière. Un mois sans public, il nous manque quelque chose dans notre équilibre.
Pietre : Avec la scène, ça nous rempli de joie
Kilo : on ne fait pas de la musique pour nous, on le fait pour les gens.
LOR : vous finissez la tournée avec le Super Moustache festival, c’est la récompense. Etes-vous seul à faire ce festival ?
Kilo : c’est nous qui faisons tout du début à la fin, la disposition du site, l’affiche…
Liliboy : on est super bien conseillé par tous les professionnels avec qui on travaille en tournée et en production. Ils ont l’expérience pour nous dire “non, ça, ça ne va pas”. De la même manière qu’on a fabriqué notre propre label et nos propre albums, on découvre tous les aspects des métiers
Kaya : Pilou, un ami, était à la réalisation finale, il est graphiste et s’est occupé de la direction artistique et de l’affiche.
LOR : Donc c’est une nouvelle expérience pour vous, c’est la première, pensez-vous déjà à la suite ?
Kilo : déjà on va en faire une, on verra après car ce n’est pas un mince à faire d’organiser un festival.
Liliboy : on a quinzaine de festivals cet été en tant qu’artiste et là on change de côté et on découvre chaque aspect, on découvre tous les métiers, c’est hyper intéressant
Pietre : on aime rassemblé les gens, faire des fêtes et s’assurer que ça a du sens et chez nous.
Liliboy : on a tourné dans pleins de festivals depuis 2010, on s’est même fait adopté par certains festivals où on est retourné 5-6 fois. Mais on n’a pas trouvé le sentiment d’appartenance chez nous, à Aix en Provence. On veut retranscrire ce qu’on kiff en tournée, mais chez nous.
Kilo : Mais pour ce qui de la suite, on ne se met pas la pression, on veut que cela reste un plaisir pour chacun de nous, sans engagement au long terme.
LOR : une dernière question, vous avez commencé dans la rue, à partir de quelle scène vous vous êtes dit wouah ça y est on y est ?
Kilo : Solidays 2014, sous le chapiteau.
Pietre et Liliboy : Natural Games, 2017
Kaya : L’olympia, 2014
Liliboy : dans mes souvenirs tout se vaut. Les garçons étaient déjà ensemble depuis 2007 et moi je les ai rejoins en décembre 2010, et déjà là c’était un truc de fou, même si c’était dans un bar, la favela chic à Paris, en terme de sensation dans ma tête c’était déjà n’importe quoi.
Soubri : c’est là qu’on a pris conscience qu’on allait vivre de ça
Pietre : Mais c’est vrai que Solidays ça fait sens.
Kilo : OUI ! Sous le chapiteau ! J’avais souvenir qu’il n’y avait personne quand on est arrivé, on s’est tous dit que ça allait être difficile de tenir la scène. Il y avait un groupe qui jouait juste avant nous, il n’y avait personne devant la scène. La honte, j’avais fait venir mon frère. Et finalement, c’était blindé de monde, on s’est régalé !
Merci infiniment pour ce moment de partage ! On vous retrouve très vite sur scène pour profiter de toute votre sincérité et votre énergie indescriptible (il vaut mieux le vivre).
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Dorine Renaud
Chroniqueuse, babacool à l’ancienne, bimbo punk : Si Dorine faisait encore ses preuves en 2013, on peut maintenant officiellement déclarer que sa période d’essai est terminée. A ses débuts, la nantaise tentait de laisser de côté ses années lycée durant lesquelles elle n’avait d’yeux que pour As de Trêfle, Merzhin et Green Day, mais le passé l’a rattrapée. Dorine voue à nouveau un culte au sonorités celtiques, tziganes et tout ce que vous écoutiez quand vous séchiez les cours plutôt que de réviser les annales du BAC. Bien sûr, on lui colle de temps à autre un album avec de la guitare électrique, mais son sale caractère de vendéenne (pléonasme) nous incite plutôt à lui laisser la couverture du prochain Fatals Picards.