Les plaintes de Julien Odoul et Cyril Hanouna contre Delogu : que risque le député ?

Publié le 14 septembre 2024 par Fada

 Affaire Delogu : Acte 3

Julien Odoul et Cyril Hanouna s’attaquent à Sébastien Delogu : un tourbillon judiciaire aux relents de haine

Quand la parole se libère, les injures fusent

Sébastien Delogu, député LFI, semble incarner cette figure marginale, mal dégrossie, que la politique française se plaît à exhiber, avant de la crucifier médiatiquement. 

Sur Sud Radio, il s’est lancé dans une diatribe où les insultes se confondent avec les jugements de valeur. Julien Odoul, Cyril Hanouna, Balkany : tous sont qualifiés de "pourritures" et "ordures".
Si la haine n’est plus une exception en politique, ce déchaînement particulier semble avoir touché un nerf plus sensible.
Une plainte déposée par Odoul a suivi, bientôt renforcée par celle de Hanouna, figure populaire et omniprésente de la télévision.

Odoul : l’indignation mesurée mais déterminée

Julien Odoul, déjà habitué à des confrontations verbales, ne s’est pourtant pas laissé surprendre.
En bon stratège politique, il a exploité cette attaque pour faire passer un message. 

Le député du Rassemblement National s’est fendu de plusieurs commentaires publics, rappelant que ce n’était pas la première fois que Delogu s’en prenait à lui.
Un drapeau palestinien déployé à l’Assemblée, des propos jugés antisémites : l’accumulation des griefs justifiait, selon Odoul, une réaction légale, un dépôt de plainte, une réponse « nécessaire face à la dérive »

Cyril Hanouna, entre divertissement et politique

De son côté, Cyril Hanouna n’a pas pris l’attaque à la légère. L'animateur de Touche Pas à Mon Poste, habitué aux conflits télévisés, a rapidement riposté en annonçant une plainte contre Delogu.
Hanouna n’a pas hésité à rappeler à quel point celui-ci lui semblait insignifiant. La plainte, bien qu’habituelle dans le monde médiatique, dévoile une rancœur plus profonde entre ces deux figures.
Pour Hanouna, Delogu n’est qu’un élément perturbateur cherchant à se donner de l’importance. Mais le ton paternaliste du présentateur n’efface en rien la réalité judiciaire : Hanouna veut une condamnation, et il l’obtiendra probablement​...

Vers une avalanche de plaintes ? Messiha et Isabelle Balkany hésitent

Dans cette surenchère verbale, la question demeure de savoir si Jean Messiha et Isabelle Balkany, également attaqués par Delogu, suivront le mouvement. Balkany, quant à elle, s'est limitée pour l'instant à des messages sur X (anciennement Twitter), accompagnés de gestes obscènes à l'égard de Delogu. 

Ma réponse à certains qui se reconnaîtront...💋@sebastiendelogu @SudRadio @JulienOdoul @JeanMessiha @Cyrilhanouna pic.twitter.com/UyIneWEVff

— Isabelle Balkany (@ibalkany) September 12, 2024

Les classes de "remise à niveau"...
Quand sont-elles programmées à L'Assemblée Nationale ?😱#Delogu #LFI pic.twitter.com/JPGpFxKXMw

— Isabelle Balkany (@ibalkany) September 10, 2024

Messiha, lui, demeure silencieux pour l’instant.
Peut-être la peur de raviver ses propres casseroles l’incite-t-il à rester à l’écart ?

La fin de l’immunité parlementaire pour un député trop provocateur ?

La justice française ne connaît pas de répit, même pour les élus de la nation.
Si les députés bénéficient d’une immunité pour les paroles tenues à l’Assemblée, les propos publics, eux, ne sont pas protégés.
Dans le cas de Delogu, ses insultes proférées sur les ondes de Sud Radio relèvent du domaine judiciaire. La liberté d’expression a ses limites, et les injures publiques peuvent entraîner des sanctions, allant d’amendes substantielles à des peines d’emprisonnement avec sursis, surtout lorsqu’elles s’adressent à des figures publiques aussi influentes que Hanouna ou Odoul.

L’impunité masquée sous le vernis des institutions

Le système judiciaire en France, dans son étrange subtilité, permet à un député condamné de continuer à siéger, à débattre, à voter des lois, sans que sa condamnation pénale n’interfère nécessairement avec son mandat. 

Sébastien Delogu, plongé dans une tempête médiatique et judiciaire pour ses propos injurieux, pourrait, même en cas de condamnation, conserver son fauteuil à l’Assemblée.
Tant que le juge ne prononce pas explicitement une peine d’inéligibilité, la condamnation à une amende ou à une peine de prison avec sursis ne prive pas le député de son mandat.

Quand l’État se refuse à juger ses représentants

Ce paradoxe révèle l’ambiguïté du lien entre justice et pouvoir.
La condamnation d’un élu, dans la plupart des cas, ne bouleverse pas immédiatement l’ordre des choses. Elle résonne comme une parenthèse qui n’invalide pas sa fonction, tant que l’inéligibilité n’est pas ordonnée. Ce traitement spécial renforce l’idée que certains individus, une fois élus, échappent en partie aux règles qui régissent le commun des mortels. 

Le délit d’injure, aussi grave soit-il, devient ainsi une simple formalité administrative lorsque le responsable politique peut, malgré tout, continuer à exercer ses prérogatives sans en subir les conséquences directes.

Une condamnation, mais pas une chute

Delogu pourrait, dans cette affaire, incarner l’un de ces exemples où la justice pénale et la fonction politique s’enchevêtrent sans réellement se nuire l’une à l’autre.
La République, dans sa complexité, permet donc à ses élus d’être condamnés sans pour autant les forcer à quitter la scène. 

Ce n’est qu’en cas de condamnation assortie d’une peine d’inéligibilité que la balance penche. Mais la réalité montre que les juges se montrent rarement enclins à en arriver là, préférant laisser les urnes décider du sort des élus.

Une escalade qui dépasse la simple injure

Les plaintes successives contre Delogu témoignent d'une radicalisation du débat public.
Ce n’est plus seulement une question d’invectives, mais une guerre d’idées où les attaques ad hominem remplacent les confrontations idéologiques. 

Delogu, en refusant de s'incliner, tente de redessiner les contours du débat politique.
Mais la justice, impersonnelle et implacable, décidera bientôt s’il ne s’est pas trop éloigné des frontières de la loi.

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