Hyères : la Chambre régionale des comptes dévoile les failles d'une gestion municipale calamiteuse
La tension à son comble au conseil municipal
Le conseil municipal de Hyères, le vendredi 6 septembre, s’est tenu dans une atmosphère aussi électrique que ce qui était en jeu était révélateur.
Au cœur du débat, le rapport définitif de la Chambre régionale des comptes (CRC) sur la commune depuis 2018, avec une attention particulière portée sur le scandaleux chantier de réhabilitation du port de plaisance.
Ce projet, coûteux et chaotique, est devenu le théâtre d'accusations contre Jean-Pierre Giran, le nouveau maire de Hyères, récemment installé après le départ tumultueux d’Hubert Falco à la tête de TPM.
Falco, on le sait, avait été lourdement condamné pour avoir abusé des fonds publics à des fins personnelles, une affaire qui a laissé des cicatrices indélébiles sur la réputation politique de la région.
L’ancien président avait écopé de 18 mois de prison avec sursis et de cinq ans d’inéligibilité. Son successeur, Giran, semble suivre une voie similaire, bien que son visage soit encore intact des critiques publiques, pour l’instant.
Des irrégularités flagrantes sur le chantier
Le chantier du port de plaisance, avec ses 6 millions d’euros engloutis, s’est transformé en un labyrinthe d’irrégularités : faux documents, surfacturations, travaux et commandes non conformes…
Les contribuables ont payé le prix fort pour une œuvre inachevée.
Les révélations du Gabian déchaîné ont exposé cette mascarade avec une précision qui ferait rougir un comptable du Ministère des Finances.
Médiapart, dans un article percutant, a exposé la situation avec un titre évocateur : « Un maire éreinté pour de l’argent dilapidé ».
Dans la même veine, le quotidien Var Matin, le lendemain, a préféré une couverture plus neutre, intitulée « Le centre nautique encore au centre des débats ».
Ce titre, désincarné, contraste avec l’ampleur des accusations : le maire, Jean-Pierre Giran, se défend de toute négligence, tandis que les élus de l’opposition expriment leur indignation, qualifiant la situation d’« infos alarmantes », de « gravité exceptionnelle » et d’« euphémisme » pour décrire leur stupéfaction.
Les répercussions d’une gestion défaillante
La Chambre régionale des comptes a mis en lumière des irrégularités massives : 500 000 euros ont disparu du marché sans justification, et le premier lot, représentant 75% du marché, a été attribué à un groupement d’entreprises douteuses.
Les avenants attribués peu après l’attribution du marché en 2018 soulèvent des interrogations pressantes chez les magistrats.
Le chantier, censé être terminé fin 2019, est toujours en cours.
Les retards, les malfaçons et les dysfonctionnements ont engendré des constats d’huissiers, des expertises, et des procès qui absorbent l'argent public comme une éponge.
La réaction tardive du maire, en juin 2023, avec un signalement pénal au procureur de la République de Toulon, et un autre au procureur général de la Cour des comptes, révèle une gestion désastreuse.
L’audition prévue des anciens cadres de la ville, dont le gendre du maire, en octobre, laisse présager que le meilleur reste à venir en matière de scandale municipal.