Les 24 privilégiés qui ont assisté au Cours Libre du 11 septembre 2024 ont participé à un petit événement, l’exposé d’Eric Chauvier qui s’appuyait sur la transcription d’un enregistrement d’une discussion à propos de l’aménagement d’un quartier bordelais. L’intervenant avait donc enregistré le débat et en avait transcrit 6 minutes. Il s’est donc attaché à expliciter les informations de tout ordre qu’il a pu tirer de quelques phrases. Tout parlait, les contextes de la conversation, le statut des participants, et surtout les paroles exprimées, leur contenu mais surtout leurs formes, « le contenu de la forme » pour reprendre le titre du livre de Hadden White (non traduit). Chauvier a fait feu de tout bois examinant le rythme, les tonalités, les erreurs, les silences, les hésitations, le télescopage des paroles, les onomatopées… Une foule d’objets langagiers, chacun permettant de présenter aux auditeurs les preuves des affirmations d’Eric.
Il utilisait la même démarche qu’Alessandro Duranti dans son Grammar to Politics de 1994, mais la précision et la quantité d’informations extraite des paroles transcrites se sont considérablement accrues. La direction est la même mais la démarche est encore plus subtile et précise.
Reste une question que l’oralité d’un Cours ne pouvait soulever : trouver la forme écrite qui arrivera à fournir au lecteur toutes les richesses et les subtilités de l’exposé. Mais dans ce domaine, Eric n’a de leçon à recevoir de personne.
Déjà, le 12 novembre 2021, j’avais éprouvé le besoin de commenter sur le blog une intervention du Cours Libre, celle de Michel Feynie qui présentait des textes académiques issus de ses enquêtes et leur transcription théâtrale, déjà le passage de l’oral à l’écrit mais cette fois inversé.
Bernard Traimond