Un article de Henry Bonner
Le constructeur de voitures Stellantis montre des signes de faiblesse après une période d’explosion des bénéfices depuis les confinements. Le graphique ci-dessous montre cette hausse avec notamment un record de plus de 20 milliards de dollars en résultat net pour 2023. En revanche, sur les 12 mois à mi-2024, le bénéfice chute à 14 milliards de dollars.
Comme vous le voyez ci-dessous, le cours baisse d’environ de moitié depuis l’apparition des problèmes au premier trimestre.
Stellantis traverse un écueil en raison des excès d’inventaires, en particulier aux États-Unis. Les difficultés d’écoulement des stocks entraînent des doutes sur la stratégie du groupe, et les marges à l’avenir. En effet, la performance du groupe depuis la réouverture vient des volumes de vente sans rabais, et des hausses de prix d’achat. Par manque d’achats, le groupe réduit la cadence des usines depuis l’an dernier. Le redémarrage requiert ainsi plus de dépenses sur la production, et des rabais pour l’écoulement des stocks.
Le changement de tendance dans le marché – un repli des consommateurs, et des baisses de prix de la concurrence – remet en cause les perspectives de Stellantis, en particulier aux États-Unis.
Le président de l’association de concessionnaires de Stellantis du pays explique même dans un communiqué à l’intention du PDG, Carlos Tavares :
“Il est temps de remettre en marche la production et de commencer à vendre de manière à atteindre une part de marché plus honorable. Nous devons remettre les ouvriers, concessionnaires, et fournisseurs au travail – pour construire et vendre des voitures que les Américains désirent acheter, à des prix qu’ils peuvent payer. Débarrassons-nous des inventaires existants rapidement, et mettons de nouveau au travail les usines. Dans l’immédiat, cela va faire mal pour Stellantis, mais c’est toujours le cas suite à des erreurs de ce niveau.”
Moparinsiders rapporte ainsi en mai :
“À la suite de la pandémie, les constructeurs de voitures ont touché des prix de vente élevés sur les véhicules, avec peu de rabais. Depuis, le marché a pris un tournant… À présent, Stellantis a du mal à écouler son stock de voitures, qu’il aurait pu vendre sans problèmes auparavant. Le résultat ? De nombreuses voitures de Stellantis attendent chez les concessionnaires sans acheteurs.”
Comme le montre le graphique des inventaires de voitures, aux États-Unis, les constructeurs compensent la fermeture d’usines au cours des confinements. Les inventaires grimpent depuis la réouverture, à 231.781 en juillet, contre 74.250 en février 2022.
Les hausses de prix et le resserrement de l’accès au crédit entraînent des freins au pouvoir d’achat. Quant à la concurrence de Stellantis, elle vend à présent avec plus de rabais. Le site continue :
“À présent, les voitures de Stellantis attendent en moyenne 100 jours chez les concessionnaires, deux fois plus que la moyenne pour le secteur, à 50 jours. L’entreprise a, parmi ses problèmes, des prix de vente plus élevés que la norme, généralement à plus de 30.000 $ l’unité. Stellantis a seulement une voiture [la Jeep] en vente à moins de 30.000 $ en Amérique du Nord.”
Après l’euphorie des ventes lors de la réouverture, Stellantis court à présent un risque de pertes pour l’année – en flux de trésorerie – en raison du manque de bénéfices et des besoins d’investissements.
Le graphique ci-dessous, issu de la présentation aux actionnaires de mi-2024, montre la baisse des ventes par rapport à l’année dernière. Elles passent de 98,4 à 85 milliards d’euros sur la période. Comme vous pouvez le voir, le problème vient d’une baisse de volumes de 11,4 milliards d’euros. Le prix moyen des voitures augmente un peu sur la période.
Le tableau ci-dessous, lui aussi tiré de la présentation aux actionnaires, fournit un aperçu des flux de trésorerie.
En effet, le bénéfice brut sur les opérations, après les coûts de construction et de commercialisation, atteint 8 milliards d’euros contre près de 14 milliards sur la même période en 2023. En revanche, en raison des besoins d’investissements et de provisions pour la trésorerie – provoqués par la baisse des recettes – le flux de trésorerie (free cash flow) tourne au négatif à -392 millions, contre un excédent de plus de 8 milliards d’euros sur la même période en 2023.
Le graphique ci-dessous montre la source des déceptions : les ventes plus faibles en Amérique du Nord. Par contraste, en Europe et dans le reste du monde, les ventes montrent peu de changement par rapport à 2023. Cependant, en nombre de voitures, les ventes atteignent 791.000 en Amérique du Nord, à la mi-2024, contre 939.000 à cette période en 2023. De plus, la part de marché pour la région passe de 10 % à 8,2 % en 1 an. Stellantis perd donc du terrain par rapport à la concurrence.
Selon un analyste chez Seeking Alpha, un site sur la Bourse, les soucis viennent de l’essoufflement des consommateurs :
“Stellantis a réussi à dégager des bénéfices élevés, en profitant au maximum de l’année la plus rentable pour les constructeurs depuis la pandémie, avec une stratégie de prix de vente élevés en Amérique du Nord, et en plaçant des marques comme Jeep comme des produits de luxe.”
“Bien que la stratégie ait délivré des résultats en termes de chiffre d’affaires, deux effets secondaires sont apparus semant les graines des mauvais résultats de la mi-2024 : 1) une baisse des parts de marché, 2) des excès d’inventaires.”
Sur la présentation des résultats aux actionnaires, le PDG, M. Tavares, promet une réaction au problème. En particulier, il annonce l’introduction de plus de modèles. Il explique ainsi :
“Nous souffrons de la convergence de plusieurs facteurs négatifs… dans une période de transition, qui nous pousse vers l’introduction d’un blitz de produits avec 20 nouveaux modèles. Nous allons résoudre ces difficultés de passage, et nous assurer de remonter la pente…”
Parmi les causes des difficultés, M. Tavares évoque la stratégie de prix. Il explique que “certaines de nos tactiques de marketing, en particulier aux États-Unis, n’ont pas porté de fruits.”
En revanche, la stratégie qui consiste à introduire plus de modèles crée aussi plus de besoins d’investissements. Selon le PDG, le renouveau de la gamme fait partie des raisons pour la perte en flux de trésorerie :
“En termes de produits… nous avons 20 nouveaux modèles, ce qui est un blitz significatif en termes de lancements, et cela explique une partie des besoins en liquidités que vous voyez dans les flux de trésorerie. Nous avons beaucoup dépensé pour l’avenir, non seulement dans nos produits mais aussi sur la technologie, ce qui va contribuer à la transformation de notre entreprise.”
Départs de directeurs
De plus, comme un signe de perte de confiance pour la stratégie du groupe, des directeurs de branches en Amérique du Nord ont posé leur démission qui s’ajoutent à des licenciements de personnel dans l’objectif d’économies sur les opérations.
Selon Teslarati, en juin :
“Suite aux départs des quatre cadres supérieurs chez Stellantis en Amérique du Nord, certains concessionnaires ont des inquiétudes sur l’évolution de l’entreprise à l’avenir.”
“Les départs récents comprennent ceux de Jim Morrison, directeur pour Jeep en Amérique du Nord, qui a pris sa retraite ce mois-ci, et le PDG de Dodge Ram, un vétéran du groupe avec 32 années de carrière, Tim Kuniskis, qui a aussi pris sa retraite en mai. D’autre part, Jason Stoicevich vient de partir, après seulement deux mois comme vice-président des ventes au consommateur pour les États-Unis, tandis que Richard Schwarzwald a quitté son poste de directeur de l’expérience client, en citant de ‘raisons personnelles’.”
Cité par Automotive News, un ex-directeur de l’association des concessionnaires de Stellantis, pour les États-Unis, explique du reste :
“Ce qui m’inquiète, c’est que des gens qui savent comment vendre des voitures aux États-Unis sont en train de partir. Je ne cherche pas à rabaisser ceux qui les remplacent. Mais nous avons perdu des gens très, très qualifiés et capables de faire les choses nécessaires au succès de l’entreprise. C’est préoccupant que ces gens décident de partir.”
Il ajoute :
“Non seulement ils obligent à partir des gens qui ont du talent et de l’expérience, mais d’autres personnes avec énormément de talent et d’expérience font le choix de partir. Cela amène la question : quelle en est la raison ?”
En somme, le revers de fortune de Stellantis montre le problème du manque d’acheteurs. La production, avec une demande insuffisante, mène à des pertes et du gâchis.
Danger de la production sans acheteurs
Les soucis pour Stellantis aux États-Unis montrent le danger de la production sans souci pour le signal des prix, et la réalité de la demande. Les ventes et les marges montrent la création de valeur d’une activité. Cependant, les politiciens poussent sans cesse les entreprises à plus de gâchis, et d’échecs, via des directives ou des incitations sans rapport avec la demande.
L’ex-directeur de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, publie d’ailleurs un rapport au sujet des causes du ralentissement de la croissance dans la zone.
Il met en cause les normes et régulations sur le continent :
“Le problème n’est pas que l’Europe manque d’idées ou d’ambition. Nous avons de nombreux chercheurs et entrepreneurs talentueux qui déposent des brevets. Mais l’innovation est bloquée à l’étape suivante : nous ne parvenons pas à traduire l’innovation en commercialisation, et les entreprises innovantes qui souhaitent se développer en Europe sont entravées à chaque étape par des réglementations incohérentes et restrictives.”
En revanche, il croit tout de même à la création d’incitations, de garanties et de fonds d’investissements sous contrôle des politiciens.
The Conversation résume la situation ainsi :
“Le rapport appelle également à renforcer le rôle des banques publiques de développement dans la mise en œuvre d’une nouvelle politique industrielle européenne. Le rapport souligne en particulier le rôle de la Banque européenne d’Investissement et des banques nationales de développement (« National Promotional Banks » dans le texte), pour mettre en œuvre une nouvelle politique industrielle ambitieuse à l’échelle de l’Europe.”
La création de valeur, dans les voitures, la technologie ou l’énergie, provient de l’effort des producteurs en réponse à une demande du marché – les particuliers. Les hausses d’activité dans un secteur, en raison de la distribution publique d’argent ou grâce à des directives politiques mènent en réalité à des gâchis d’argent, sans amélioration pour les consommateurs au final.
Comme le montrent les difficultés de Stellantis, la création de la valeur provient d’une réponse aux désirs et besoins des particuliers. La production de biens sans demande du marché mène en fait à la destruction de richesse.
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