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Rapport Draghi : le constat d’échec cuisant des réglementations européennes

Publié le 13 septembre 2024 par H16

L’Union européenne, c’est vraiment une réussite : non seulement, elle nous permet de faire l’expérience sur le sol européen d’une guerre essentiellement paisible, mais en plus, elle nous garantit une économie en croissance maîtrisée, bien à l’abri des tonitruantes innovations qui menacent régulièrement les citoyens européens de leurs bienfaits un peu trop positifs.

Ouf ! Sans les subtils efforts du Commissaire Breton et de toute la Commission européenne derrière lui, les citoyens européens auraient été confrontés à l’arrivée de l’iPhone 16 et de quelques unes des innovations technologiques qu’il propose, notamment en matière d’intelligence artificielle. Il apparaît en effet qu’Apple, confronté aux contraintes imposées par le Digital Market Act européen, a renoncé aux fonctionnalités avancées de son dernier iPhone 16 sur le territoire européen.

Cette décision d’Apple pourrait peut-être sembler déraisonnable : après tout, il ne s’agit que d’une petite conformité à quelques aspects légaux auxquels les législateurs européens tiennent fermement, voilà tout.

Peut-être. Ou peut-être pas, si l’on en croit les conclusions du rapport que Mario Draghi vient de publier, lui qui s’était vu confier la tâche d’évaluer le futur de la compétitivité européenne par l’actuelle présidente de la Commission européenne.

Présenté en conférence de presse il y a de cela quelques jours (et lisible en détail ici), ce rapport brosse un tableau intéressant de l’Europe et ne laisse guère de doutes sur les petits soucis qui se sont développés ces dernières années.

Pour mémoire, Mario Draghi, c’est un peu ce plombier miraculeux non pas issu d’un jeu vidéo, mais plutôt de la bureaucratie financière italienne puis européenne. Il s’agit d’un des artisans de l’entré de l’Italie dans l’euro, grâce à l’appui de la société JP Morgan qui, juste avant l’avènement de la monnaie unique, achètera pour 35 milliards d’euros de swaps en deux ans et permettra ainsi de faire passer le déficit budgétaire de la botte italienne de 7.5% à 2.5% du PIB… Après ce “succès”, de banquier central italien en 2006, il passera à la Banque centrale européenne en 2011. Et c’est à l’occasion de la crise de l’Euro à cette période qu’il exprimera tout son talent en s’asseyant avec décontraction sur l’interdiction de la BCE, pourtant inscrite dans les traités la fondant, d’acheter des obligations de pays mal gérés.

Rapport Draghi constat d’échec cuisant réglementations européennes

Bref, Mario est un homme de Davos et tout à fait dans la ligne du Forum économique mondial. Dès lors, si son constat semble correct concernant la dérive technocratique et bureaucratique du Léviathan européen, on devra donc faire extrêmement attention à ses recommandations, ses précédents exploits illustrant fort bien ce qu’on ne doit surtout pas faire.

Dans les constats, on retrouve – avec une surprise modérée – ceux déjà faits par d’autres avant lui que la croissance européenne a nettement décroché par rapport à la croissance d’autres zones, à commencer par l’américaine et la chinoise ; dans un monde où les autres avancent, se contenter de faire du sur-place revient à prendre du retard : ainsi, en 50 ans, aucune entreprise de 100 milliards de dollars de valorisation n’a vu le jour en Europe alors que, dans le même temps, les États-Unis sont parvenus à en créer 6 dont la valorisation dépasse maintenant les 1000 milliards de dollars.

Pour l’ex-banquier central, l’une des principales raisons de l’écart de performance est résumé par une poignée de graphiques, et notamment ceux montrant la différence des prix de l’énergie entre la Chine, les États-Unis et l’Europe. Le constat est globalement catastrophique : alors que l’Europe supportait des prix industriels du gaz entre les prix américains (plus bas) et les prix chinois (plus élevés), la guerre en Ukraine les a fait durablement exploser bien au-dessus de tous avec une augmentation de 345% (!)…

Le rapport note au passage que l’Union européenne est devenu le premier importateur de gaz liquéfié au monde mais que négociant de manière dispersée, n’arrive pas à tirer le moindre bénéfice de sa taille, à la différence de la Corée et du Japon. Quant à cette nouvelle place de premier importateur, elle provient directement de l’application des lumineuses idées de sanction qui ont été mises en place en 2022 et ont vraisemblablement transformé la situation européenne de sur-place précédemment observée en véritable dégringolade à partir de 2022.

Mais de façon encore plus importante que ces aspects spécifiques à l’énergie (qui reste la base même de l’économie et qui entraîne absolument tout le reste dans son sillage), c’est l’autre constat qui explique le sur-place en premier lieu : l’analyse détaillée des contraintes qui pèsent sur les entreprises européennes montre sans ambiguïté que c’est bel et bien le régulateur européen le premier responsable des très médiocres performances européennes.

“Le problème n’est pas que l’Europe manque d’idées ou d’ambition. Nous avons de nombreux chercheurs et entrepreneurs talentueux qui déposent des brevets. Mais l’innovation est bloquée à l’étape suivante : nous ne parvenons pas à traduire l’innovation en commercialisation, et les entreprises innovantes qui souhaitent se développer en Europe sont entravées à chaque étape par des réglementations incohérentes et restrictives.”

Lors de la conférence de presse, Draghi a ainsi assez clairement exprimé ceci avec une formule lapidaire mais que beaucoup de libéraux, beaucoup de chefs d’entreprises, beaucoup d’économistes lucides et beaucoup de citoyens confrontés à cette réalité quotidienne ne pourront qu’approuver : l’Europe est en train de tuer ses entreprises à coup de législation. Par exemple, on estime que la règlementation sur la protection des utilisateurs (RGPD) – qui se traduit par une avalanche de fenêtres désagréables à chaque site web européen visité – « réduit les bénéfices des petites entreprises technologiques de 15% », ce qui constitue un échec catastrophique (prévisible et prévu, du reste) qui profite en fin de compte aux grandes entreprises technologiques ainsi qu’aux petites étrangères.

Au passage, cette catastrophe n’est pas une figure de style puisqu’une évaluation du coût des contraintes légales qui empêtrent les entreprises européennes a même été réalisé et corrobore le rapport Draghi, et cette étude évalue ainsi à près de 4% du PIB sont ainsi perdus en France rien qu’à cause de ces aspects.

En fait, toutes les constatations de Draghi dans son rapport sont un véritable désaveu cinglant des politiques européennes mises en place sur les vingt dernières années au moins et en particulier sur celles qui ont porté sur le numérique dans lequel l’Europe se fait assez violemment distancer non seulement par les États-Unis, déjà leader depuis longtemps, mais aussi par la Chine qui, en vingt ans, a non seulement rattrapé l’Union mais la laisse dans la poussière de l’Histoire.

Ce rapport commandé par Von der Leyen est une véritable gifle à la présidente de la Commission, ainsi qu’à son commissaire attaché au Marché Intérieur, Thierry Breton qui incarne si parfaitement la sur-règlementation, l’arrogance bureaucratique et l’échec institutionnalisé notamment dans sa ridicule guéguerre contre Musk qui n’a d’ailleurs pas manqué de relever la pertinence des constats de Draghi.

Ces constats posés, les recommandations de l’ex-banquier feront cependant frémir tous ceux qui ont compris la racine du mal, à savoir l’hubris démesuré des législateurs sans freins : avec une (très) longue litanie d’interventions des États (et du bras législatif et exécutif européen) dans tous les domaines où l’Europe s’enfonce, on sait déjà qu’une application, même modeste, de ces recommandations aboutira à accélérer l’enfoncement.

De tout cela, seuls quelques gauchistes niais trouveront leur compte dans ce qui s’apparente à un suicide désorganisé, inconscient mais obstiné de l’Europe : finalement, la décroissance, on est en plein dedans.

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