L’insoutenable suspense est enfin rompu… Bertrand Delanoë est bien candidat à la fonction de premier secrétaire du Parti socialiste.
Si cette candidature n’est absolument pas une surprise, on ne manquera pas toutefois de regretter que l’annonce ait été faite, presque incidemment, dans le corps d’une interview accordée au journal Le Monde, alors qu’il eût été pourtant si simple, pour ne pas dire plus honnête, de se déclarer devant les militants socialistes, comme l’avait fait Ségolène Royal. Au lieu de cela, Bertrand Delanoë a donné l’impression de se faire prier, de tergiverser d’une manière assez exaspérante.
Delanoë aura donc mis plus de trois mois à prononcer ces trois phrases qui aujourd’hui apparaissent comme un non événement :
« Oui, je mettrai toute mon énergie au service de nos convictions. Le 23 septembre, je serai le premier signataire d’une motion, pour une orientation politique que je souhaite majoritaire. J’accepterai donc évidemment la première tâche de militant, si les socialistes me la confient. »
On pourrait même dire que ces longues semaines de tergiversation, durant lesquelles Delanoë a refusé obstinément de se déclarer candidat, ne plaident pas en faveur de ce « Congrès de la clarification » qu’il appelle de ses vœux.
Au contraire, il semble bien que l’on s’oriente vers des manœuvres d’appareil et vers la constitution d’une coalition hétéroclite toute entièrement dirigée contre Ségolène Royal, ex-candidate du Parti socialiste à la présidentielle, ce qui aura pour effet de couper plus sûrement encore le PS de sa base militante.
A ceux qui réprouveraient éventuellement cette analyse, rappelons les déclarations du Maire de Paris au sujet de ses éventuels alliés :
«D’évidence, c’est notamment le cas avec des militants et des élus qui ont soutenu les contributions de Martine Aubry, de François Hollande, de Pierre Moscovici ou de Jean-Marc Ayrault. J’ai également lu pendant l’été la contribution du pôle écologique, dont les propositions, très utiles, révèlent de vraies convergences. Nous sommes donc ouverts, mais dans la clarté et sur le fond»
Delanoë semble apprendre que les diverses contributions sont le fait de membres du PS. Heureusement qu’il y a des convergences ! Sinon que resterait-il du Parti socialiste ?
Il est toutefois étonnant que Delanoë veuille se livrer à une synthèse avant même la tenue du Congrès.
C’est mettre curieusement la charrue avant les bœufs, d’autant que sur le fond, de grosses interrogations subsistent, notamment celles relatives à la double filiation qu’il revendique, à savoir celle du socialisme et du libéralisme (Lionel Jospin en a d’ailleurs souligné l’incompatibilité dans son livre Le Monde tel que je le vois). Là aussi, la clarté n’est pas au rendez-vous.
Par conséquent, que notre camarade défende sa contribution d’abord! La synthèse – à supposer que les délégués le chargent d’en être le principal artisan – se fera à l’issue du Congrès. Chaque chose en son temps.
Lire l’interview de Bertrand dans Le Monde, le quotidien de tous les pouvoirs
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